Dernier tramway!

Attendrir la pierre comme un coeur qui a trop aimé ou pleurer, déchiffrer les mots qu'on a reçus dans une ancienne lettre d'amour, à l'encre à moitié effacée. Planer pendant des années jusqu'au jour où l'on comprend où sont nos vraies priorités, mettre dans notre jardin secret un peu de papa et de maman, Les fables de Lafontaine et Les malheurs de Sophie. Regarder les tramways de la nuit se traîner, sourire malgré soi, qui joue de la musique dans la rue à demi éclairée? Quelqu'un en bas fait doucement tourner son moteur, d'autres tournent en rond dans les appartements aux volets grands ouverts et à la chaleur suffocante. On entend l'épicier qui descend  sa grille pour un autre lendemain, une autre journée à l'ombre de son volet roulant. J'aime les derniers bruits de la nuit avant de m'endormir, dans mon sommeil qui me fait baisser  les paupières, j'oublie les mots qui se dissipent dans les ultimes sons  de fin de soirée. Dernier sursaut, derniers chants de cigales, le moteur a cessé de tourner et dans mon esprit des bruits de pas qui courent après le dernier tramway.