DERNIERE DANSE
prune
- Viens vers moi. Glisse-toi, frôle-moi, que je te sente encore.
- Où es-tu ?
- Là, juste devant toi. Regarde, je tends ma main vers toi.
- Elle est si légère, si fluide, si fine, je ne peux pas la toucher.
- Devine-la. Ferme les yeux, comme tu les fermais. Respire, hume-moi. Nourris-toi de mon parfum. C’est ce qu’il reste maintenant.
- Je ne sens plus rien. Qu’un voile, opaque et doux. Il m’enveloppe Je me roule dans sa douceur. Je m’en recouvre.
- Tu t’éloignes déjà…
- C’est ainsi. Il me reste ton regard. Au bord du vide, avant la défaillance. Si plein, à s’y noyer. S’y profond, à s’y perdre.
- Tu peux encore y plonger.
- Je peux deviner que je le fais. Je peux t’espérer. Guetter au delà de la brume ta présence. M’enivrer des silences qui renaissent chaque jour. Je peux faire de la lumière une illusion, je peux la faire taire et dans la nuit qui lui fait place, te trouver encore. Je peux donner corps aux mélodies qu’on écoutait, ma tête sur ton ventre nu, ta respiration s’imposant en autre rythme. Ton souffle, métronome de nos envies.
- Je me souviens…
- C’était hier. C’était avant l’obscurité. C’était avant cette dernière danse.
- Fais-moi danser encore.
- Je ne peux pas. Tu n’es plus là. Aujourd’hui, tu valses avec l’éternité.