Dernière étreinte

bleuelectrique

Je suis noyée dans une mer de colère, ma rancoeur dépasse mes pensées.

Qu'avez-vous à me regarder ? Qu'avez-vous à ne rien me dire ? Avez-vous perdu votre langue de pècheurs ? Vous vous en serviez si bien pour me donner de faux espoirs, pour m'inviter dans une danse brûlante et sacrée, sacrément empoisonnée.

J'essaie de me repentir. J'essaie de vous pardonner, d'en trouver la force.

Mais ma colère m'étouffe, ma rancoeur m'oppresse.

Je suis enfermée dans une cage en fer et votre égo détient la clé.

Sur le rythme de mes poumons fatigués, je tangue la tête, de gauche à droite, de vous vers moi.

Vous me resservez une assiette de foutaises, et en bonne boulimique, j'en reprends avec appétit.

Quel délice mes amis ! J'en suis toute retournée.

Mon clavier saigne, les plis naissants sous l'âge se tordent et s'étirent, c'est tout mon corps qui se fronce sous le poids de la colère, de la rancoeur, de la déception.

Je ne suis plus qu'une mare de lave, je bouillis, je vous enfume, mais je ne vous atteins jamais.

J'essaie de vous désapprendre, de vous faire disparaître, de me faire toute petite, toute enfant, sans jamais être innocente. Mais suis-je aussi tâchée que votre dignité ? J'en doute.

Je n'ai plus de certitude.

Je croyais vous connaître, je croyais ne plus vous être inconnue. Je croyais en notre bonne parole.

La conversation traîne, je me répands sur le sol, dans la douche. Vous avez encore oublié de passer la serpillière, il reste des gouttes de ma colère, de ma rancoeur sur le mur de la chambre.

Je vous vomis, vous retiens par la manche, je vous cogne et vous cogne et tombe à terre, mes pommettes ont pris un coup, une griffe, une traînée d'insectes qui pondent leurs œufs sous ma chair.

Je vous méprise juste à temps. Le train passe et déjà je ne vous entends plus. Je m'apaise.

Mais aussi vite que la nuit roule, vous frappez à mon cœur.

Vos souvenirs sont plus douloureux que votre dernière étreinte.

Et j'en râle, je me cache les tympans et me bouche les yeux. C'est une erreur, vous êtes encore là.

Vous ne me quittez pas, vous me repoussez pour mieux me tendre la patte.

J'en attrape quelques doigts, naïve et délicate.

Vous avez déjà d'autres plumes entre les cuisses. Vous m'avez trompée, et vous en riez avec malice.

Je ris aussi, mes amis, ma gorge se détache de ma mâchoire, mes genoux fléchissent, mes chevilles sont fendues, je suis morte d'avoir trop crû.

Je secoue ma tête, je secoue ma colère, je secoue ma rancoeur. Evaporées.

C'est comme si nous ne nous étions jamais croisés.

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