Dernières fêtes
Ghyslaine Bobillier
(A ton frère)
Dans l’immeuble gris,
Les lumières scintillent
Rappelant aux passants
Les fêtes du nouvel an
A peine remarque-t-on
L’obscurité du troisième balcon
Imposant sa présence
D’une obscure dissidence
Dans le noir, l’homme immobile
Entend-il les remontrances inutiles
Des mères à leur progéniture ?
Les vagues de son âme le torturent
Le silence renvoie ses sanglots étouffés
De sa vie, il ne voit que les ressorts brisés
Un éclat rougeoyant s’invite dans cette misère
Son visage disloqué repose maintenant à terre
A des centaines de kilomètres de là
Une vieille femme apprête les plats
Qui orneront la table de fête
Elle attend son fils, fébrile et inquiète
Depuis quelques mois il a tant maigri
T’inquiète maman, c’est l’air de Paris
Lui avait-il dit lors de sa dernière visite
Et son sourire rendait inutile qu’elle insiste
Elle regarde sa montre, son impatience est palpable
Elle tente une dernière fois de joindre son portable
Elle maugrée et maudit ces foutus bouchons
Qui retardent la venue de son unique garçon
La sonnette retentit
Elle sourit
Derrière la porte,… un képi
Elle s’évanouit dans un cri.