Derniers Soins

weird

Un accident, et voici Josh Reiner aux urgences, à l'article de la mort. Lorsqu'il reprend connaissance, l’hôpital semble désert... Enfin presque... Quelque chose a changé... bien changé...

- Faites-le entrer tout de suite ! hurla une femme vêtue d'une blouse blanche, un stéthoscope pendu au cou, ; son ballottement semblable aux aiguilles d'une horloge mesurant les quelques minutes qu'il restait à vivre à Josh Renier. Le compte à rebours était lancé.

Les grandes portes de l'hôpital Mortorn s'ouvrirent. Le spectacle d'une vraie fourmilière s'offrait à Josh :

Un brouhaha incessant de cris, d'allées et venues, de battements de porte, de crissements de chariot, de râle de patients, régnaient dans l'hôpital. Il y faisait une chaleur étouffante. La saleté était dissimulée par un peu de javel qui tentait de recouvrir en vain les odeurs d'urine et de sang…

Le chariot de Josh continuait à rouler au milieu de toute cette agitation, les yeux rivés au plafond, Josh voyait la route, cette même route qui l'avait conduit jusque ici... et puis, l'accident…

Il n'en avait que très peu de souvenirs, quelques bribes par-ci par-là, rien de plus. Un choc, un terrible choc... Oui… C'était ça…. Mais avec qui ? Avec quoi ?...La douleur lui rappela vite ou se trouvaient ses priorités, il fallait lutter…. Lutter pour la vie.

- Que s'est-il passé ? demanda une infirmière

- Son crâne a été sujet à un terrible choc, sa tête a traversé le pare-brise de la voiture, il y a sûrement de multiples fractures… répondit le brancardier.

- Avez-vous de la famille? Qui puis-je contacter ?… Mr…Mr… Quel est votre nom ?… dit une infirmière en le secouant pour ne pas qu'il s'endorme…

- Josh. Josh…Reiner balbutia-t-il

- Mr Reiner, qui puis-je contacter ?

Josh ferma les yeux.

- Il va nous claquer entre les mains, donnez lui un peu de morphine pour le calmer, le temps de faire les radios! Et faites vite! ordonna l'infirmière en chef.

- Pendant ce temps je vais voir si je peux trouver le DR Maya. 

- Un blessé par balle cria un interne !

- Qu'est ce qui s'est passé ? répondit le Dr Maya, une jolie rousse, les cheveux longs, attachés, avec de petites lunettes qui lui donnaient un air sérieux qu'elle s'efforçait d'entretenir pour son travail. Il n'est pas évident pour une jeune femme, chirurgienne depuis peu, mais bourrée de talents, de se faire accepter par le corps médical, sans attirer un peu de jalousie. Une jolie trentaine et un visage symétrique accentuait sa beauté. Elle était plutôt du genre « carré », et opiniâtre, elle n'avait perdu que deux patients en l'espace de 6 ans, l'un par AVC et l'autre avait « décroché », comme on dit ici, il y a des moments où la douleur devient insoutenable…. Mais cela ne l'avait rendue que plus forte.

- Un règlement de compte ! répondit l'interne.

- OK emmenez-le au Bloc C, tout de suite!

A peine eut-elle tourné la tête que deux ambulanciers firent irruption….

- Docteur !! nous avons une noyade, une adolescente de 16 ans. Elle aurait descendu une bouteille de vodka avant de se jeter à l'eau pour faire la fête avec ses amis, c'est l'une d'elle qui a prévenu les secours.

- Quel est son rythme cardiaque ?

- Pouls trop lent, inférieur à 50 battements par minute !

En croisant l'un de ses confrères

- Boutier! Occupe-toi d'elle stp... Je suis débordée.

- Je m'en charge. En s'adressant à une collègue :

- Faites-lui des clichés du thorax au plus vite !! Je vous rejoins…

Et à nouveau :

- Dr Maya nous avons une embolie, Venez vite ! cria une jeune infirmière

- J'arrive tout de suite...

- Tenez Docteur, voilà le rapport de santé pour le bloc C… dit l'interne en lui tendant le papier

- Vous ne voyez pas que je n'ai pas le temps, faites preuve d'initiative bordel !! Donnez ça à Bartoli!

- Dr Bartoli, cria l'interne dépassée, essayant de l'attraper au passage.

- Oui !

L'interne lui tendit les documents.

- Où se trouve-il? répondit Bartoli.

- Au Bloc C !

- Très bien préparez la table, nous devons opérer ! affirma Bartoli empressé.

Les portes de l'hôpital s'ouvrirent… encore…, deux ambulanciers poussèrent un brancard :

- On a deux empoisonnements, un homme et une femme, âgés de 32 et 30 ans….

- Faites voir! dit un jeune docteur.

- C'est du cyanure, il faut agir vite, tentative de suicide! Ne perdez pas de temps! Faites leur un lavage gastrique ajouta le médecin en regardant ses collègues.

Les ambulanciers ne cessaient d'arriver, la nuit promettait d'être longue…

- Nous avons un grand brûlé, uniquement sur la partie droite du visage, c'est du «2 ème, voir 3 ème degré!

- Comment s'est-il fait ça?

- Il a été pris en train de coucher avec la femme de son meilleur ami. Celui-ci lui a plaqué la tête contre la plaque chauffante et...

- OK. OK… On s'en occupe dit-il avec une voix laissant transparaître son état de fatigue et de stress.

- Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il s'est fait griller... ajouta un autre

- Gardez vos réflexions pour vous svp… !!! hurla le docteur.

- C'est bon... C'est bon... Si on ne peut même plus plaisanter !. Si on allait se bouffer un petit sandwich au poulet

- Ferme ta gueule Civish... dit sa coéquipière énervée.

Josh, lui, était aux anges, enfin si l'on peut dire, car il n'était pas pressé de les rejoindre. Ce qu'il y a de merveilleux avec la morphine, c'est le fait que la douleur n'existe plus, durant quelques temps, d'où le danger. La douleur étant juste une information, une alarme de la part de notre cerveau nous indiquant un dysfonctionnement. Si elle n'existait pas les conséquences seraient catastrophiques… Mais cela Josh s'en foutait royalement, car en ce moment il aurait pu tuer père et mère pour qu'elle disparaisse.

Les yeux entrouverts, allongé sur une banquette en simili cuir noir, recouvert d'un vulgaire sopalin, qui tenait d'avantage de papier toilette, Josh apercevait une tête penchée sur lui.

- Mr…Mr... Ne bougez pas, on va vous faire une radio, surtout ne bougez pas

Josh avait l'impression que sa tête allait exploser, la morphine ne faisait plus d'effet à présent, et la douleur refaisait surface. Il s'apprêtait à hurler quand…

- Ne bougez pas, ordonna la radiologue avec autorité, comme pour le réprimander. Ensuite elle l'obligea à se mettre dans diverses positions, souvent incongrues... était-ce réellement nécessaire ?

Le bruit des tirages retentissait à ses oreilles, en lui martelant la tête…

- Mr, on vous faire un scanner à présent.

- Emmenez-le !... dit-elle aux deux infirmiers, deux costauds. Le tact n'était pas leur point fort, de toute façon ils n'étaient pas là pour ça. Josh faisait office de sac à patates.

- Allez Mr! Montez là-dedans ! dit l'un d'eux en désignant un fauteuil roulant, je vais vous conduire au scanner…

Assis dans le fauteuil, Josh avait du mal à se tenir droit, sa tête retombait sans arrêt, et son corps s'affaissait lorsqu'il essayait de la relever, il était vite ébloui par les néons scintillants, qui lui rappelaient les phares de la voiture…du crash !

- Monsieur !? Monsieur !?... Josh ?… c'est bien ça ? demanda une jeune femme qui arrêta le fauteuil un bref instant.

- Eh !! Restez avec nous ! Vous vous reposerez plus tard. Ne vous inquiétez pas ! Tout va bien aller, mais il ne faut pas s'endormir…compris ?

- Oui… Je crois que oui !répondit Josh avec beaucoup de difficulté.

Plus tard l'infirmier croisa une de ses collègues, et arrêta le fauteuil

- Salut ça va, comment ça se passe pour toi ? demanda-t-il.

- Ca fait presque 3 jours que je n'ai pas dormi, je suis sur les rotules !

Et le fauteuil s'arrêtait presque à chaque fois qu'il croisait un collègue. La douleur était insupportable. En temps normal, Josh lui aurait fermé sa « grande gueule » comme il disait tout le temps.

Mais Josh préféra fermer « sa » grande gueule, car il savait pertinemment que cela ne changerait rien, et que l'infirmier n'irait pas plus vite et prendrait un malin plaisir à exercer son semblant de pouvoir sur lui, aussi petit qu'il puisse être, le laissant par la même occasion au fond du couloir, où tout le monde l'aurait oublié avec sa douleur comme seule compagnie.

En voyant le scanner, Josh eut l'impression d'être dans un cockpit, ou un cercueil, cela dépend de l'interprétation de chacun. Il ferma les yeux, afin de se protéger des rayons X. En une dizaine de minutes ce fut réglé. Le voyage se poursuivit vers l'accueil ou une grosse femme, fin de la trentaine, (dix ans de plus à vue d'œil, un par kilo, genre renfrognée… fonctionnaire administrative, se pencha sur lui à travers la vitre de sa cabine, la protégeant ainsi…d'une « éventuelle » agression. Elle frappa sur la vitre avec insistance.

- Mr, Mr... Ce n'est pas le moment de dormir ! Votre nom et votre numéro de sécu svp !

- Je… Je ne le connais pas, dit-il en secouant la tête du mieux qu'il pouvait…

- Commencez par votre nom, ce sera déjà ça ! dit-elle en soufflant, exaspérée.

- Josh Reiner

- Très bien !, (à l'infirmier) laissez-moi ça au fond la bas, dans le coin avec les autres !

Les « autres », c'était une cinquantaine de personnes unies dans la douleur, les cris, la saleté, attendant au beau milieu d'une pièce surexposée par de gros néons blancs, dont le scintillement et la surtension menaçaient à chaque seconde de vous péter à la gueule.

Josh s'endormit….


A son réveil, une jolie voix se fit entendre

- Eh monsieur, vous n'auriez pas du feu svp ?

- Quoi ?… qu'est-ce que... ?

Josh essayait d'extraire quelques mots de sa bouche pâteuse. Une femme d'une trentaine d'années, brune, les cheveux longs, attachés, avec un jean troué et un débardeur blanc ne manquant pas de mettre ses atouts en valeur, lui chuchota à l'oreille :

- Au fait, Je me présente, je m'appelle Emilie, et vous?

- Josh…Reiner. Mais qui êtes-vous ?

- Emilie ! … Oh c'est ça le problème avec les hommes ils n'écoutent jamais !

Josh lui jeta un regard exaspéré.

- ….Une emmerdeuse…. Enfin c'est ce que mon ex, ma famille, et mon patron m'ont toujours dit…. dit-elle avec un air songeur imprégné d'autosatisfaction

- Alors vous en avez ? reprit-elle. 

- De quoi?

- Du feu ! Je voudrais du feu !

Sans trop savoir pourquoi, ni comment, Josh tendit la main le long de son corps avec un mal de chien pour trouver « du feu !!!». Ses côtes lui faisaient très mal.

- Ne vous embêtez pas !, je vais le faire !, dit Emilie promptement en saisissant la main de Josh pour la stopper dans son élan. Elle accompagna la main de Josh et la fit glisser jusqu'à la poche droite de son pantalon imbibé de sang et déchiré à plusieurs endroits. Elle arrêta sa main quelques secondes.

- C'est pas mal ! Tout n'est pas cassé ! dit-elle en esquissant un sourire.

Elle farfouilla dans son sac et en sortit une cigarette, elle l'alluma et lui souffla une bouffée sur le visage.

- Merci beaucoup chéri...

- Attendez. Vous faites quoi là… !? On ne vous a jamais dit qu'il ne fallait pas fumer…et encore moins dans un hôpital !

- Vu ta position chéri, ça ne devrait pas être ta priorité ! Et puis regarde-les... !

Josh tourna la tête et effectivement ; on pouvait noter des gens de tous âges, homme, femme, enfant et de toutes classes sociales. Vous savez ce qu'on dit « Unis dans la douleur »…

Une vieille dame dans les 80 ans, allongée sur un cercueil… pardon !…, un lit à roulette, au beau milieu du couloir répétait inlassablement la même phrase :

- « Georges, je t'avais dit de prendre mon sèche-cheveux… C'est le goûter des enfants…Elle m'a poussée… c'est à cause d'elle.. »

Encore une pauvre femme qui sombrait dans la folie pensa Josh. La sénilité était l'une des pires choses que la nature nous réservait, enlevant toute dignité à l'homme. Son regard balaya le reste de la pièce avec désarroi. Parmi eux, on pouvait voir, un homme d'une quarantaine d'années dont la main était en sang, les doigts sectionnés. son bandage était épais mais le sang ne s'arrêtait pas de goutter sur le sol. Il hurlait mais sa voix restait sans écho...

Pendant ce temps-là un jeune homme, la jambe sévèrement abîmée, et les poings liées, deux policiers à ses côtés vociférait des insultes :

- Dégagez! Vous savez qui je suis ?!

- De la merde ! répondit un des deux policiers.

Il se retourna et fusilla du regard Josh. Puis en s'adressant à l'un deux, le plus costaud des policiers:

- Eh toi connard, qu'est-ce que tu veux ? Tu crois que j'ai peur de toi !? Vous êtes que de sale merde ! Sale fils de pute!

Les deux agents l'amenèrent a l'accueil, enfin « Accueil » est un bien grand mot...

- Que nous vaut la visite de ce charmant jeune homme ? demanda « l'aimable » réceptionniste.

- Qu'est-ce que tu veux sale, pute ?! T'es tellement moche que même un clodo ne te baiserait pas!

- Tiens-toi correctement avec les dames !!, ajouta l'un des officiers en resserrant les menottes du jeune homme

- Aie ! Putain tu m'as fait mal connard ! hurla-t-il

Le policier le regarda bien en face avec un sourire en coin.

- Je vois que monsieur ne manque pas de vocabulaire !, emmenez le au fond ! de façon à ce qu'il ne dérange personne !, dit-elle.

Les deux policiers empoignèrent le jeune homme, laissant traîner sa jambe, fracturée, couverte de sang. Plus loin se trouvait une grosse mama noire, dont les bras auraient pu vous arracher la tête à la moindre contrariété. Avec ses six gosses dont deux en poussette, une double poussette plus exactement. Elle était la plus « remarquable » du groupe... Ses enfants couraient dans tous les sens, tout en criant...tandis qu'elle au téléphone, hurlait…

- Eh…Calmez-vous, vous n'êtes pas tout seul...OK...sinon, c'est moi qui vais m'énerver...


Tout d'un coup, venue de nulle part, une petite fille, cheveux blond, âgée de 8 ans tout au plus, se tenait devant Josh à une trentaine de mètres, le regard fixe. Malgré toute l'agitation autour d'elle, elle restait là, imperturbable, sans mot dire. Emilie tourna la tête, l'aperçut, et fit tout de suite un geste de recul. Il y avait quelque chose d'étrange chez cette gamine, quelque chose qui la troublait.

- Vous vous connaissez ? demanda Josh surpris.

- Euh… Oui, une vieille connaissance... répondît Emilie embarrassée.

- Un vieille connaissance… ?

Emilie embrassa Josh sur la bouche, laissant glisser sa main le long de sa joue.

- A plus tard chéri !

Josh regarda la petite fille qui n'avait pas bougé. Emilie, elle, avait disparu. Il essaya de se lever et tenta de se rapprocher de l'enfant, mais sans succès, il se vautra par terre et puis…personne.


Josh ouvrit les yeux, il était à présent dans une pièce tout de blanc vêtu, le sol était blanc, le lit était blanc, les murs étaient blancs et…les instruments médicaux étaient blancs également...

Intrigué et las de rester couché, Josh se leva, débrancha la perfusion, il ne savait pas trop pourquoi mais celle-ci était vide, puis il se dirigea vers la fenêtre. Elle était fermée. Josh sortit de sa chambre. L'hôpital semblait vide. Pas un bruit, pas un seul signe de vie. Il se dirigea alors vers l'accueil. Une autre femme s'y trouvait. Il toqua à la vitre.

- Excusez-moi Madame, j'ai été admis ici en soins intensifs tout à l'heure, mais je ne comprends pas…

- Attendez votre tour !… dit-elle sans même lever les yeux, avec un air aigri…

- Mais il y a personne ! … C'est une blague !

- Je vous ai dit d'attendre votre tour ! dit-elle avec autorité en levant les yeux cette fois ci... pour les plonger au fond de ceux de Josh. Au moins cela n'avait pas changé, la réceptionniste était toujours aussi conne.

Josh fit volte-face, et à sa surprise la salle s'était remplie, tous étaient vêtus de blanc…

- Mais je rêve ! Ce n'est pas possible !!

- Gab, Timothée, faites asseoir le Monsieur !, de toute façon, on lui trouvera bien une place d'un côté ou d'un autre…

Deux molosses s'avancèrent vers Josh…

- C'est inutile… je m'occupe de notre nouvel invité.

Josh tourna la tête et vit un homme dans les 1,80m, âgé d'au moins 70 ans, vif et bien portant, une petite barbe blanche, bien taillée, et des cheveux courts coiffés en arrière.

- Bonjour Mr Reiner, Josh Reiner…dossier 765027749857887.

- Si vous le dites, je ne vais pas recompter... dit Josh avec un sourire

L'homme sortit un dossier.

- Josh… Vous permettez que je vous appelle Josh?

- Je vous en prie.

- Je vois que vous êtes avec nous pour un bon bout de temps. Nous aurons le temps de faire plus ample connaissance.

- Pardon ?

- Accident de voiture, côtes fracturées, hémorragie interne, heure du décès ….

Ah non. Tiens… ma montre doit avoir un peu d'avance...

- Quoi…?

- Oui, je sais !, d'habitude, je suis toujours à l'heure… désolé ce n'est pas très professionnel…

- Non… Non… quel décès… ?

- Le vôtre ! ...non… enfin, pas tout à fait à vrai dire… mais avec un peu de patience… !

il reprit:

- Ceci dit, il va falloir faire un effort Josh….

- Mais je ne veux pas mourir… !

- Vous ne voulez pas… Vous ne voulez pas, vous êtes tous pareil, mais ce n'est pas à vous d'en décider Josh… Pour le moment restez ici, on vous donnera un logement dans quelques heures…

L'homme partit.

- Emilie !!…. Oui… C'était bien elle !, Emilie était la devant Josh, assise sur un banc la tête entre les mains. Il approcha d'elle.

- Emilie, qu'est-ce que vous faites ici… ?

- C'est ma résidence principale on va dire… la déco manque un peu d'originalité... mais bon je dois… je peux faire avec…

- C'est sûr que tout en blanc...Ça fait combien de temps que vous êtes ici… ?

- Une heure, un an, dix ans, un siècle, voir plus… j'ai oublié, on perd facilement la notion du temps ici…

- Ici?

- C'est une cellule de réinsertion en quelque sorte !

- Une forme de purgatoire… ?

- Oui on peut dire ça…chaque personne est jugée selon les actes qu'il a commis… répréhensibles ou pas. En fonction de cela, il restera plus ou moins longtemps ici !...Mais ne restons pas là, je vais te faire visiter. Suis-moi! Ces gars-là me donnent la chair de poule.

Josh suivit Emilie à travers le long et interminable couloir. Tout ce blanc commençait à lui taper sur la tête… les différentes pièces se succédèrent sans vraiment beaucoup d'intérêt, jusqu'à la vue d'un grand salon aux allures XIXème, orné d'une pendule romantique en bronze doré, de belles sculpture en albâtre, éclairées par un grand lustre en bronze et baccarat, une grande cheminée en bronze, un feu vif derrière un pare étincelle, des tableaux comme celui représentant le roi François 1er, le Radeau de la Méduse, les Tournesols, la Montagne Sainte Victoire, la Danseuse Étoile, l'Angélus, et bien d'autres tableaux à faire chavirer le cœur des plus grands amateurs d'art…. On pouvait s'asseoir sur de beaux fauteuils en acajou ou en bois sculpté tout en lisant le Rouge et le Noir, les Misérables ou bien encore le Comte de Monte-Cristo…

La grande bibliothèque adjacente était tellement haute, que Dieu, lui-même, en aurait presque pu tourner les pages. On pouvait manger dans un grand restaurant dont les plats n'avaient rien à envier au Bouillon Chartier. Les gens ne parlaient que peu, comme s'ils redoutaient quelque chose, mais quoi ?… L'uniformité est le premier pas vers la dictature…. Ils lui faisaient tous penser à des moutons blancs....

A présent une salle jonchée d'objets étranges s'étendait à perte de vue… et au fond une porte…

- C'est là qu'il nous «répare » ajouta Emilie.

- Qu'il nous « répare » ?

- Oui qu'il nous purifie….

Une alarme se mit à sonner.

- « Mesure d'urgence! Rentrez tous dans vos chambres! » clama le haut-parleur.

- Que se passe-t-il ?

- Rien d'important juste quelqu'un qui n'a pas respecté les consignes… Ils sont très à cheval là-dessus, ici.

Josh courut vers la masse de gens qui s'agglutinaient devant une porte. Deux hommes chargés de la sécurité, Timothée et Gab se trouvaient là...

- Ne rester pas la svp !! Cria l'un deux

Josh essayait de se frayer un chemin et passa sa tête au-dessus.

Deux hommes devant lui bavardaient :

- Encore un voleur d'âmes, ça devient de plus en plus dangereux…

- Les ténèbres ne sont pas si loin, ne l'oublies pas !! répondit l'autre

- C'est vrai, tu as raison.

Les deux hommes s'écartèrent et Josh, pendant un court instant, vit deux corps complètent desséchés, comme si on les avait vidés de tout leur sang, et de tous fluides…Leur peau commençait à devenir grisâtre, à s'effriter lentement ; les os étaient rongés de l'intérieur, des cloques se formaient de part et d'autre et les corps s'enflammaient…

- Allez dégagez ! cria Timothée

Les gens se touchèrent la tête…comme s'ils étaient pris d'un mal étrange, et se dirigèrent tous vers le même endroit…

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Josh

- On doit rentrer dans notre chambre, répondit quelqu'un.

- Mais je n'ai rien entendu…

- Ils nous parlent dans nos têtes, une forme de télépathie à travers des ultra-sons... mais…mais, si vous n'avez rien entendu, ça veut dire que vous n'êtes pas tout à fait mort... Vous pouvez vous enfuir alors…

- M'enfuir ?!

Gab arriva, empoigna l'homme et le poussa en direction du « troupeau ».

- Dégage !!! N'embête pas les jeunes recrues…

- Je vais te montrer ta nouvelle chambre, tu y trouveras tout ce qu'il te faut.

Josh suivit Gab. Il le fit entrer dans une chambre d'une trentaine de m2 avec tout le confort possible, un grand lit suspendu en l'air, qui se collait au plafond sur simple commande vocale, une grande table, un sofa, une penderie, un immense écran sur lequel un paysage était projeté, avec une scène qui tournait en boucle dessus. Il n'y avait pas vraiment de mur, mais des cloisons ouvertes à la vue de tous, seulement, elles étaient… infranchissables.


Quelque chose coinçait !, Josh le savait. Les gens ne disaient rien, mais c'était parce qu'ils ne pouvaient rien dire, voilà tout.

- Je viendrai te chercher pour manger, fais comme chez toi en attendant…

Josh tourna dans la pièce, il n arrêta pas de faire des va-et-vient. La nuit tomba, les lumières s éteignirent les unes après les autres tout le long du couloir. Josh ne trouvait pas le sommeil. Tout d'un coup un cri horrible raisonna à travers les murs. Une infirmière était là, tapie dans l'ombre, dans une chambre contiguë à celle de Josh.

Il la vit bouffant les tripes d'un jeune homme avec des dents aussi aiguisée que des lames de couteaux, d' aux moins 15 cm de longueur. Une odeur de brûlé s'échappait de la chambre, l'infirmière ressortit, essuya les lambeaux de chair encore collés au bord de ses lèvres et s'en alla, en jetant un rapide coup d'œil sur ce qui l'entourait, ses yeux étaient vitreux... Josh terrifié, était blotti dans un coin de sa chambre… Qu'est-ce qu'il se passait dans cette espèce d'hôpital ?…de tribunal ? Ou je ne sais quoi d'autres …? Josh se le demandait. Soudain, Josh entendit une petite voix, qui semblait venir du sous-sol.

- Josh c'est toi ? C'est bien toi ?

- Emilie… ??!.. C'est toi ?

- Oui ! Je suis enfermée au sous-sol depuis plusieurs jours déjà…

- Mais ce n'est pas possible ! J'étais avec toi tout à l'heure…

- Non Josh, ce n'était pas moi !, c'était un voleur d'âme ! Ils peuvent prendre l'apparence qu'ils veulent...

- Je t'ai cherchée partout, mais ils ne m'ont pas laissé le temps.

- Ils m'ont mis dans cette cellule, juste en dessous.

- Dans quel but ? demanda Josh.

- C'est tout une infrastructure ici, cette chambre n'est qu'une cage dorée, c'est en attendant ton jugement, afin de savoir si les voleurs t'emporteront ou pas ! C'est une sorte de couloir de la mort !

- Josh, il n y a pas que des cinglés ici, il y a des gens mauvais, très mauvais !!!

- J'ai pu m'en apercevoir, mais personne ne fait rien ?

- Les gens ont peur, et les voleurs d'âmes peuvent être n'importe où, ils peuvent t'emporter n'importe quand…On ne peut rien faire…

- Mais à l'hôpital... Enfin je veux dire le vrai hôpital, tu étais la… ?

- Oui parce que j'ai réussi à m'enfuir durant quelques jours, mais Josh, j'étais déjà…

- Morte...

Elle acquiesça.

- Et la jeune fille… ?

- C'était un voleur d'âme ! L'hôpital est un lieu de prédilection ils n'ont qu'à se servir… Tu en es la preuve…

- Mais pourquoi ils ne m'ont rien fait alors ?

- L'enfer est pavé de bonnes intentions…Ils te jugent d'abord et quand ils ont établis une certaine confiance ils te dévorent !

- Oui j'ai déjà vu le résultat…

- Toute cette histoire de purgatoire, réinsertion, ce ne sont que des conneries, l'enfer c'est ici !! Josh il faut sortir d'ici !

- Qu'est-ce que je peux faire… ?

- Demain ils viendront te chercher … Les gardes, je veux dire, Timothée, et Gabriel, ils ont une clé magnétique qui permet d'ouvrir toutes les chambres et cellules, prend la et va au laboratoire, il y a un passage, une porte blanche, qui permet de rejoindre les cellules

- Oui j'ai vu, Emilie m'y a emmené tout à l'heure…enfin l'autre…C'est à coté de leur espèce de purificateur, le truc qui te permet de redescendre sur terre c'est ça… ?

- Purificateur…, c'est ça qu'elle t a dit ?, c'est un crématorium Josh, un ascenseur pour l'enfer en quelque sorte, c'est pour les Âmes perdues... Il y a plusieurs niveaux de mal et de torture, cela dépend de ce que tu as fait sur terre…

- Mais l'homme a l'entrée ? Et cette histoire de jugement…

- Personne ne connaît son véritable nom, on l'appelle « le Directeur », c'est tout. Quant aux jugements, ils permettent de définir quel sera ton degré de souffrance, et tu n'y échapperas pas Josh… à moins que…

Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir qui longeait la chambre de Josh.

- Ils arrivent. Fais bien attention à toi! dit-elle.

- Oui je te le promets.


Le lendemain, les portes s'ouvrirent toute seules… Josh sortit de la chambre et vit Gab au fond du couloir en train de scanner la porte d'entrée à l'aide de son pass. Son regard était fixé dessus. Il fallait le récupérer mais comment ? C'est que le bonhomme était costaud… et il ne se laisserait sûrement pas faire…

Le garde l' arrêta :

- Salut Josh, comment tu vas aujourd'hui ?

- Bien, très confortables vos lits, mais on étouffe un peu… Faudrait penser à ouvrir un peu…

Le garde esquissa un sourire.

- Nous ne voudrions pas que vous attrapiez froid ! dit-il

- Pour cela faudrait-il encore qu'il y ait des fenêtres ! dit Josh

- Le monde extérieur n'est plus important à présent, vous êtes chez vous dorénavant …. Nous sommes tous solidaires ici. Nous nous protégeons les uns les autres…

- …des voleurs d'Âmes ?

- Entre autres…

Sur ces paroles rassurantes, Josh se dirigea vers la grande salle d'attente, ou se trouvait la charmante réceptionniste de 120 kg….

- Josh Reiner !! hurla-t-elle

- Oui

- C'est à vous…

« Le Directeur » entra dans la salle, et fit signe à Josh de le suivre. Ils s'installèrent dans un grand et beau bureau.

- Alors, Josh vous vous sentez bien ici ?

- Ça fait deux jours et ça me semble déjà une éternité.

L'homme rit.

- J'adore votre sens de l'humour, nous ferons tout pour rendre vos derniers jours les plus agréables possibles….

- Mes derniers jours ?

- Vous savez Josh depuis le temps que vous êtes ici, vous devriez chercher à vous intégrer, nous sommes conciliants, mais notre patience a des limites, j'ai entendu dire que vous étiez inquiet sur le déroulement de nos activités ?

- Cela fait combien de temps que je suis là au juste ?

- L'équivalent de 8 ans sur terre.

Josh en resta bouche bée.

- Voyons Josh, nous ne sommes pas un pensionnat, votre jugement vient d'être prononcé. Vous avez de la chance, certain attendent des siècles pour ça...

- Je n'étais pas au courant… je savais bien que j'avais un rencart aujourd'hui, mais je me souvenais plus de l'heure ! De toute façon vous n'êtes pas mon type », dit-il avec ironie.

- Vous n'avez pas besoin de l'être ! Vous n'avez aucun droit ici ! ajouta « Le Directeur » d'un ton autoritaire.


                                  Silence


L'homme reprit son calme tout de suite comme si rien ne s'était passé, il sortit un dossier et commença à le feuilleter.

- L'accident que vous avez commis est impardonnable, votre manque de vigilance en perdant le contrôle de votre véhicule a provoqué une situation qui a eu comme répercussion, bien qu'indirectement, je vous l'accorde, la mort de deux personnes, une femme et un jeune homme de 27 ans… Il lui montra deux photos…

- Mais c'est...

- Emilie Reiner !... Votre femme !

- Et la deuxième victime se trouvait avec elle au moment de sa mort.

- Mais ce n'est pas possible ?!

- Ici la perception du temps, les souvenirs, l'espace…Tout est altéré… L' Emilie que vous connaissez n'est plus votre femme, elle est devenue autre chose….

- Alors elle ne peut pas me reconnaître ?

- Elle ne le pourra plus en effet. Elle s'est suicidée pour vous. Et le suicide est…

- …un péché mortel !

- Exactement.

- Quant au jeune homme, il était accompagné d'un de ses amis que vous avez dû voir à l'hôpital, les policiers l'ont emmené...

- Je m'en souviens...

-Toujours est-il que lorsque l'accident a eu lieu, votre voiture était au bord d'une falaise, vous vous êtes évanoui sous le choc.

« Le Directeur » se retourna et fit signe à Josh d'en faire de même.

- Regardez cet écran, je vous prie, les images parlent d'elles-mêmes :


Josh, Emilie, et Liz, leur fille de 8 ans, roulent lentement, au bord du dernier cabriolet que Josh a pu se payer grâce à sa récente promotion, sur une petite route de montagne. Josh, au volant, conduit tant bien que mal.

- Maman, quand est ce qu'on arrive, j'ai envie. ?

- Plus tard, chérie, retiens toi, on va bientôt arriver, enfin si ta mère arrive à lire une carte ! dit Josh, un peu énervé.

- Josh !, je te signale que si toi tu savais en lire une, on serait déjà arrivés, de plus, les Carvos, peuvent bien attendre un peu ! On n'est pas à leur botte !

- Je te signale, chérie, que c'est grâce à lui que j'ai eu ma promotion ! Et que c'est grâce à lui également que tu peux porter une robe à 800 euros !!

- Pour une fois que tu fais un cadeau à ta femme ! C'est la moindre des choses !

- Quoi !? T'es une vrai emmerdeuse !! T'es jamais contente…

Liz commence à pleurer.

- Tu vois dans quel état tu la mets ?

- Ce qu'il ne faut pas entendre !

Emilie détache le pendentif accroché à son coup et le lui donne.

- Tu vois chérie, maman, elle, te fera toujours des cadeaux, parce qu'elle t'aime, et que c'est normal. dit-elle en regardant du coin de l'œil son mari.

La petite regarde le pendentif, émerveillée…

- Tu sais combien je l'ai payé… ? demande Josh outré.

- Qui toi ? …Ou Mr Carvos ?

- T'es une véritable emmerdeuse, tu fais tout pour m'énerver…

Lorsque, tout à coup, les phares d'une voiture les aveuglent. Tout se passa très vite :

Josh perd le contrôle de la voiture et percute l'autre, emboutissant par la même occasion la barrière de sécurité qui les séparait du bord de la falaise. Josh, est sonné, la tête enfoncée dans le volant. Emilie reprend connaissance peu à peu, essaye de le réveiller, mais constate qu'il ne bouge plus. En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, Emilie se tourne vers Liz, qui bloquée par la ceinture ne semble pas blessée.

Un homme assez grand et corpulent donne un grand coup de pied dans la portière d' Emilie qui se détache. Il extirpe brutalement Emilie qui se débat tant qu'elle peut sous les yeux de sa fille. Pendant ce temps, un deuxième homme ; fluet, petit, nerveux, un pied de biche a la main, contourne la voiture, arrache l'autre portière et frappe Josh. Il lui assène ensuite de grands coups de pieds dans les côtes.

Josh gît à côté de la voiture dans une mare de sang. A présent les deux hommes battent Emilie et la violent à tour de rôle.

- Viens sale pute !, on va jouer tous les trois !

Ils saisissent sa tête, la frappent sur le bitume. Elle baigne dans une flaque de sang.

Ses agresseurs lui déchirent la robe et commencent à la marteler contre la voiture.

- T'aime ça, sale Pute !... Tu aimes ça ! Dis-le que t'aimes ça !!

A présent, le plus costaud lui serre les bras, en les croisant dans son dos, comme deux brindilles qui s'apprêtent à se briser, afin que le second ait plus de facilité pour finir sa besogne.

Liz sort de l'épave, la tête légèrement ensanglantée. Inaperçue jusqu'alors par les deux hommes, elle se met à pleurer, le pendentif entre les mains.

- CHÉRIE !!!! CACHE-TOI !!! hurle Emilie.

Le plus petit des deux hommes se retourne, la gamine est terrorisée.

- PARS !!! hurle Emilie ;

L'homme esquisse un sourire en regardant Emilie, puis la fillette.

- La mère et la fille… Intéressant…

Liz s'enfuit. Elle comprend. C'est la dernière fois qu'elle verra sa mère vivante. Emilie se retient pour ne pas hurler, ils la violeraient mais n'auraient pas le plaisir de l'entendre souffrir. Elle ne leur ferait pas ce plaisir.

L'homme qui la maintient lui murmure au creux de son oreille.

- Je vais te saigner sale pute, et après je vais te baiser, enfoncer ma grosse bite dans ta bouche et te gicler dedans….ça te dit ça !?...Oh ! Oui, après, j'oubliais… il faut garder le meilleur pour la fin. Je passerai à ta fille… !!!

- ESPECE D'ENCULE !!, SI TU TOUCHES A UN CHEVEU …

Emilie, un couteau sous la gorge voit le plus petit se diriger sur les traces de Liz, le pied de biche toujours à la main.

- JOSH ! JE T'EN PRIE JOSH !!! RÉVEILLE TOI.

Deux mains s'agrippent à la cheville de l'agresseur, celui-ci bascule. Ce sont celles de Josh : Le pied de biche tombe à côté du véhicule. Josh s'en empare, se traîne lentement vers lui, et le frappe… le frappe…tant que ses forces le lui permettent. L'os casse, sa jambe est en sang. Le plus costaud des deux, pousse brutalement Emilie sur le côté de la voiture, sa tête heurte le pare-brise déjà fissuré, qui cède. Emilie lève les yeux et regarde une dernière fois Josh.

- EMILIE….NON !!!

Elle passe son bras à travers le pare-brise, et tire le frein à main, la voiture tombe emportant l'homme avec elle.

Emilie était morte et sa fille avait disparu…


- Voilà vous savez tout !, ajouta « Le Directeur » en éteignant l'écran!

- Alors Emilie nous a sauvé la vie… Mais Liz, où est-elle ? demanda Josh, traumatisé encore par ce qu'il venait de voir.

- Votre femme a mis fin à ses jours ! C'est un acte égoïste et lâche. Ce n'était pas à elle de prendre cette décision ! Nous avions d'autres projets pour elle ! Quant à votre fille Dieu seul le sait. De toute façon cela ne vous concerne plus.

- D'autres projets !? Mais pour qui vous prenez vous ? Elle s'est sacrifiée et a sauvé la vie de notre enfant…ma femme s'est fait violer, battre à mort, ma fille a disparu, et vous continuez à les protéger ! hurla Josh en se levant. Pour qui vous prenez vous ?

- Je n'ai nullement à me justifier devant vous ou qui que ce soit, cria « Le Directeur » en se levant promptement.

- Vous n'êtes rien ! Vous vivez parce que je le décide ! rajouta-t-il d'une même voix tout aussi imposante tout en pointant du doigt Josh. Vous serez purifié demain à la première heure. Timothée, Gabriel, sortez-moi ça de là !!!

Deux gardes à l'entrée du bureau firent irruption d'un seul coup dans la pièce et empoignèrent Josh,

- Et toi, tu ne me touches pas…protesta Josh.

- Monsieur ?

- Allez-y !fit il d un signe de la tête.

Sur ce les deux hommes passèrent Josh à tabac….ils le traînèrent vers une cellule

- J'espère que vous êtes bien payé pour ça ?, après tout, c'est vous qui faites le gros du travail finalement ?, Votre patron lui, reste derrière son bureau, il ne se salit pas les mains…

L'un deux lui frappa la tête sur un mur en l'empoignant par les cheveux, le visage de Josh était en sang,

- Arrête ton petit jeu de suite connard…allez avance… !

Cette fois ci Josh se retrouva dans une cellule, finie la grande classe se dit-il… mais il y avait quelque chose d'étrange…

- Vous déconnez les gars ! Vous n'avez même pas le câble ici... ?

- T'es un petit rigolo, dis donc...

Le corps de Josh battu, en sang se fracassa sur le sol froid et humide de la cellule…

- Attends-nous ici !... Tu n'en as pas plus longtemps !, ne t'inquiète pas…

- M'inquiéter, moi, je pense que c'est vous qui avez plus de soucis à vous faire….

Les deux hommes se regardèrent avec un air d'incompréhension, Josh fit signe du doigt en direction du couloir, un homme se tenait debout à fixer sans rien dire. En une seconde il se précipita sur les gardes, sortit sa mâchoire carnassière, des griffes de 10 cm de long, ses yeux étaient livides. La créature ouvrit les entrailles du premier garde à l'aide d'une seule griffe, elle mangea les tripes et aspira son âme, le deuxième tomba en arrière sur les fesses, terrorisé en essayant vainement de donner des coups de pied comme s'il pouvait maintenir la créature à distance….

Alors que celle-ci était en train de dévorer les jambes du gardien, en arrachant ses os, d'une simple bouchée, Josh était en train de récupérer la clé magnétique, mais le trousseau était accroché à la ceinture du gardien, il sentait déjà la créature se rapprocher de lui ; d'un seul geste, il arracha le trousseau, ouvrit la cellule, et courut au travers de ce dédale souterrain afin d'y trouver Emilie…

- Emilie…Emilie... où es-tu cria-t-il a tué-tête, tout en parcourant les cellules jonchées de cadavres et autres êtres en état de purification…

- Josh ! Josh ! Je suis là !

- Où ?

- Par ici ! Par ici !

Josh arriva devant la cellule d' Emilie, il cherchait la bonne clé.

- Vite Josh on n'a pas beaucoup de temps…

- Eh merde, ah ça y est c'est la bonne…c'est bon, allez on y va !

- Non par-là !, je crois savoir où est la sortie... suis moi ! dit Emilie

Josh courait derrière elle en prenant garde que personne ne les suive, mais il entendait déjà un bruit terrifiant tout autour de lui…

L'alerte générale était déclenchée.

- Svp rentrez tous dans vos chambres, un homme et une femme se sont enfuis, ils sont dangereux… ils ne sont pas prêts à accepter la purification de leur faute… mais ne vous inquiétez pas, tout va rentrer dans l'ordre... »

Les pensionnaires paniqués se précipitèrent vers leur chambre, à l'aide des gardes qui veillaient au bon déroulement des opérations…

Le vieil homme sortit de son bureau.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? dit-il furieux

- Monsieur ! L'homme et la fille, ils se sont échappés, et des voleurs d'âmes circulent dans l'hôpital….

- Quoi… empêchez-les de s'enfuir, s'ils partent…

- Oui Monsieur…Je sais

- …et pour les voleurs d'âmes faites le nécessaire !Faites le tour des chambres et prenez en une trentaine, cela devrait assouvir leur faim pendant un moment…

- Mais Monsieur… !

- C'est comme ça que ça fonctionne, ça a toujours été comme ça, alors faites ce que je vous dis…

-Très bien Monsieur.


Alors que les infirmiers amenaient un groupe de personnes afin de les purifier, la panique s'installa, d'autant plus que des voleurs d'âme s'attaquaient à toutes les personnes qu'ils croisaient. L'horreur était à son comble :

Josh et Emilie se servirent de cette diversion pour parcourir le premier étage qui était désormais hors de contrôle, ils coururent à travers les différentes pièces. Ils étaient à présent dans le grand salon, où ils aperçurent …. une religieuse, leur tournant le dos. Assise sur un fauteuil, elle ne pipait mot. Josh se rapprocha d'elle et posa sa main sur son épaule. Elle était entièrement vêtue de blanc, étonnant chez une sœur, mais bon ici…

- Svp ma sœur pourriez-vous nous aider… ?

La sœur se retourna d'un coup laissant apparaître un visage blanc, tel un masque de cire, qui ne montrait pas plus d'émotion qu'un mannequin en bois. Ses yeux énucléés laissaient couler des des traces noires telles des larmes le long de ses joues. A la vue de Josh, un sourire en coin diabolique se dessina sur son visage de marbre... Josh et Emilie firent un pas en arrière

- Josh viens, on y va ! dit Emilie en le tirant d'un coup par le bras.

Ils coururent, coururent et tout d'un coup….









LE VIDE









- Qu'est- ce qu'on fait maintenant ? demanda Josh.

- Tu sautes…

- Quoi…?!

- Saute, je vais la retenir.

La bonne sœur ou quoi que ce puisse être d'autre s'avançait calmement mais sûrement, comme un animal qui a cerné sa proie, et qui n'attend plus que d'attaquer…

- Non !! hors de question !, tu viens avec moi…. !

- Ce n'est pas possible, et nous le savons très bien tous les deux.

- Emilie il y a une chose que tu dois savoir…

- Oui je sais… dit-elle en lui montrant l'alliance.

- Alors tu savais depuis le début ?

- Je le savais, je ne t'ai jamais oublié Josh, mais si je te l'avais dit, tu n'aurais pas pu comprendre, tu aurais eu peur, tu n'étais pas encore prêt, d'où cette petite comédie lorsque je t'ai vu à l'hôpital, il fallait que je gagne ta confiance, et puis j'étais surveillée…Promets-moi de retrouver Liz, Promets-le moi ?

- Oui je te le promets ! Emilie…je t'aime…ne me laisse pas encore une fois !

Il l'embrassa, la serra dans ses bras.

- Josh regarde-moi bien, je t'aime, je serai toujours avec toi quoi qu'il arrive... n'oublies jamais ça…

Emilie poussa Josh dans le vide

- Qu'est-ce que tu fais ?!, Non !!… Emilie.

La nonne se précipita sur Emilie.

- C'est le seul moyen ! Je suis désolé, je t'aime…

Josh tomba dans un abîme de souffrance, privé de celle qu'il aimait. Il se réveilla. Il était à l' hôpital, les yeux écarquillés, il commença à cracher un filet de sang et de la salive.

- Venez voir Docteur, c'est incroyable, le patient de la 108 vient de se réveiller…

Le Dr. Maya arriva en urgence et lui prit le visage, éclaira ses yeux à l'aide d'une petite lampe.

- Vous allez bien Mr Reiner ?, vous m'entendez... ?

- Oui… dit-il avec beaucoup de peine…

- Mr Reiner, vous avez fait un coma, vous comprenez ?, vous avez dormi pendant 8 ans!

Josh regarda le Dr Maya. Quelque chose scintillait. Un pendentif.

- Ce collier… c'est… C'est celui de ma femme, comment l'avez-vous eu ?

- Ah bon ! dit-elle en souriant, comment s'appelle-t-elle ?

- Emilie… 

- Emilie, c'est drôle, c'était le prénom de ma mère, Vous la connaissiez ?

Le Dr Maya baissa la tête tout en jouant de ses doigts avec le pendentif d'un air nostalgique.

- Je l'ai perdue quand j'étais petite, c'est la seule chose qu'il me reste d' elle…. je n'ai aucun souvenir de mon père… j'ai vécu sous le nom de ma mère. On a eu un accident de voiture, le choc a provoqué une amnésie partielle, cela peut arriver lors d'un traumatisme important. Je n'en ai que très peu de souvenirs.

- Alors tu es... ?

- Reposez-vous maintenant…je passerai vous voir plus tard.

Elle se dirigea vers la porte et s'arrêta quelques secondes avant de la franchir.

- Vous savez Monsieur Reiner, vous avez eu beaucoup de chance, je n'ai jamais vu un cas comme le vôtre… 8 ans de coma. Un vrai miracle! Vous y croyez, vous? demanda-t-elle.

Josh la contemplait, stupéfait.

- Vous devriez!…A croire que quelqu'un tient trop à vous pour vous laisser partir, c'est ce que ma mère me disait souvent.

Josh revit dans les yeux de Liz ceux d' Emilie, même si le temps s'était altéré et qu'il avait suivi une distorsion, Emilie était toujours là, près de lui…

- Oui.  Maintenant j'y crois.




FIN













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