Des bras inconsolables
manou-croze
Se débattant avec rage contre les fureurs nocturnes qui la pourchassaient sans cesse, lui imposant le reflet de ses plus sombres traits, elle préférait se fondre dans l'humide chaleur d'un corps, torturé par d'autres diables. Elle n'aurait su haïr avec une même ardeur nul être de ce monde, tant et si bien qu'elle s'employait à oublier dans des bras libidineux d'inconnus ces troubles infatigables. C'était un accord muet, qui substituait au silence cette cruelle évidence, cette malédiction d'un temps, qui fuit mais vous épie d'un œil averti pour mieux vous noyer dans l'encre d'une nuit solitaire. Elle s'effrayait finalement davantage que les débauches auxquelles elle se prêtait, plus par nécessité qu'envie. Il s'agit du mal de son siècle, comblant le désenchantement par le déni. Et on ne savait plus aimer.