Des bulles, sous la surface
rorodator
Bien sûr, il y a d'abord ce soleil. Il est à son zénith, il est sans pitié. Sa lumière aveuglante ne laisse aucune ombre. Sa chaleur étouffante, écrasante, m'oppresse. Le décor, drapé de rouge, comme consumé par un feu d'enfer, ajoute encore à la fournaise environnante.
Comme à chaque fois que je me trouve ici, il me faut quelques longues secondes pour retrouver mes esprits, et prendre une première respiration.
La bouche pâteuse, la gorge sèche, je voudrais boire un peu d'eau. Cette pensée fait apparaître, magie du lieu, une bouteille à ma main. Je la porte à mes lèvres pour constater qu'elle est vide… perfidie du lieu.
Un rapide examen des alentours me confirme ce que mes pieds nus avaient déjà constaté : le sol n'est que rochers saillants et cailloux effilés. Aucun déplacement ne me sera possible sans entailler méchamment mes arpions déjà couturés.
Je ne vais pourtant pas rester là, bras ballants, attendant qu'on me sorte de ce piège ; je dois trouver une issue. Quelle direction emprunter ? Opérant une rotation sur moi-même à trois cent soixante degrés, je constate que je me trouve dans une sorte de cuvette. Dans toutes les directions, l'horizon m'offre la même promesse d'une falaise abrupte et inhospitalière. Ces falaises sont des murs par moi infranchissables.
Malgré tout je décide d'un chemin pour les rejoindre. Quelques mètres suffisent à souligner l'inanité de la tâche. Pieds en sang, souffle court, le palpitant battant la chamade, je dois m'arrêter pour panser mes plaies et offrir un répit à mon coeur qui s'emballe.
Un éclair de lucidité me fait comprendre que je suis dans un four, sans porte de sortie, et que mon seul choix est d'espérer une fin rapide.
Non, décidément, y'a pas à dire.
Elle va être longue, encore, cette journée de travail.