Des cow-boys en Bourgogne ?

lolo-patchouli

A la rencontre d'une famille animée par une passion peu singulière...


"My my, hey hey, rock and roll is here to stay..." Extrait de "My My, Hey Hey...", Neil Young.


Dans une ambiance chaleureuse, un décor années 20 épouse avec parcimonie les années 60 et 70.

Un pub, aux murs recouverts de tentures multicolores chinées dans les brocantes alentours se partagent la vedette avec des portraits d'Al Capone en noir et blanc. L'endroit est aménagé façon prohibition. Fauteuils club et petites tables en bois mastoc se tiennent au milieu de la salle face à une estrade, de hauts tabourets munis de pieds en aluminium et d'assise en cuir sont alignés devant un immense bar en merisier. Ils attendent le client. Ça et là sont dispersées des boîtes de cigares rapportées de Cuba. Sans oublier des dizaines de bouteilles de whisky et de bourbon qui guettent patiemment l'arrivée des connaisseurs et se réjouissent sournoisement de leur en coller une bonne.

Des juke-boxes, importés des States, diffusent à tue tête des standards du rock and roll. Un billard américain rencontre un flipper tout droit revenu des sixties. Quant à la collection de plaques en métal soigneusement conservée par le patron du lieu comme autant d'objets rares, elle croise une impressionnante accumulation de cafetières en émail, disposées là où il reste encore un peu de place.

Une douce lumière, provenant d'imposants lampadaires stylés seventies, baigne le lieu d'un éclairage tamisé.

C'est dans ce lieu, devenu culte désormais, que Neil officie le jour comme serveur, c'est un peu sa deuxième maison.

C'est aussi là, qu'après chaque concert qu'il donne devant un public averti, Neil a pour habitude de s'abreuver de quelques Guinness et de passer la fin de ces soirées arrosées et musicales à refaire le monde avec ses amis de longue date. Les mêmes qui l'entourent et suivent de très près sa petite notoriété de chanteur de folk. Des fidèles, amateurs, admirateurs, qui interprètent toutes les chansons de leur idole sans oublier la moindre parole. Oublions les fausses notes à partir d'une certaine heure... Des fans inconditionnels qui sont devenus les meilleurs piliers du bar des environs.

Quand, un soir qui aurait pu ressembler à tant d'autres il réussit enfin à quitter le Saint-James, de toute évidence soûl et sous une pluie plus que battante, Neil commença par balayer doucement le bitume du regard en chantonnant Hey hey my my, Rock and roll can never die...

Quand soudain, une douleur intense le plia en deux. Un coup brutal, inédit. Sa respiration devint haletante, son cœur se mit à battre la chamade...

Et puis, il partit…

Dans cette confusion, il parvint à reconnaître son oncle Christopher et sa tante Marylou à qui il aime rendre visite depuis qu'il a acquis la fonction « lève toi et marche ». Un couple de fermiers peu communs qui possède un immense domaine rempli de chevaux, taureaux et vaches de toutes les races qui paissent en plein cœur d'immenses prés très verts. Au milieu des bovins trônent de grands cartons découpés à l'effigie de stars du rock'n'roll, déchues ou encore en place, des portraits de Janis Joplin, de Jimmy Hendrix, de T-Rex, du Velvet Underground, de Nirvana, de Neil Young et plein d'autres encore, des images de concerts qui se tapent l'affiche au beau milieu des champs. Ce qui a toujours fait jaser bien des bouches dans le coin, car on l'aperçoit de loin cette grande ferme atypique en plein cœur de cette Bourgogne que Neil affectionne tant. Ce coin de paradis niché tout à côté de la maison de ses parents, là où il aime se réfugier depuis sa tendre enfance et qu'il surnomme affectueusement son home sweet home.

Des souvenirs s'installent et font la queue à la porte de son cerveau.

Maintenant, Neil voit défiler des vaches. Il a toujours eu une passion pour les vaches. Au fil des années, elles lui sont devenues familières, il leur a même attribué à chacune un prénom. Alors, quand l'une d'elle quittait les verts pâturages pour s'en aller au paradis des bovins, Neil en était tout retourné.

Quand il était petit, il aimait être là pour regarder les vaches mettre bas. En les voyant, il ne pouvait s'empêcher d'afficher des grimaces tordues de douleur, ça le défigurait mais il aimait les encourager. Ces instants partagés avec les bêtes étaient si intenses que les animaux semblaient communier avec lui et les bêtes souffraient beaucoup moins quand il était présent, enfin ça, c'est ce qu'il croyait et ce qu'il avait toujours espéré du haut de son tabouret en plein milieu de l'étable, et c'était pas son oncle Christopher qui aurait dit le contraire, il était toujours là pour le féliciter et le remercier pour sa coopération.


Une autre des passions de Neil est de monter les animaux. Affichant depuis toujours une plastique svelte, il n'a jamais eu aucun mal à grimper sur leur dos, et ça lui procure un réel plaisir. Comme toujours aussi, son oncle Christopher a toujours été là pour applaudir les prouesses cavalières de son neveu. Ce qui réjouit tellement Neil qu'il a fini par adopter l'attirail du parfait cow-boy : des bottes de western armées d'éperons, des chapeaux flanqués de lacets, des pantalons en peau de bête, des gilets à franges en faux daim - parce qu'il n'aurait pas aimé qu'on tue les vrais - et une collection de chemises à carreaux. Mais ce dont il est le plus fier et qu'il s'applique à tailler chaque matin comme des œuvres d'art, depuis que ses poils ont eu la bonne idée de pousser, c'est de ses rouflaquettes. Neil est archi fan de ses rouflaquettes.

Neil se doit d'entretenir et de parfaire son look s'il veut devenir un jour le meilleur cow-boy/chanteur de folk de la région Bourgogne. Ça trotte dans sa tête comme les entraînants leitmotive qu'il compose pour rendre ses chansons plus belles.

Puis, d'autres images s'entrechoquent. La boîte crânienne de Neil se remet à tourner un film en accéléré, le film de sa vie. Des plans se succèdent à toute vitesse et l'étourdissent un peu plus.

Cette fois, le King, prénom attribué en hommage à Elvis Presley, et crapaud de son état, fait son apparition dans un coin de la tête de Neil. Il a envie de dire à la bestiole d'arrêter ses conneries, qu'il arrive, qu'il est désolé. Mais il n'émet aucun son. Il sait qu'un foutu désordre l'attend et il ne peut rien faire. Dans le marasme de son esprit, il aperçoit des canettes vides, écrabouillées et renversées sur son parquet en chêne. Il les avait pourtant précautionneusement empilées sur la table en teck du salon. Des bouteilles de Jack, qui attendaient paisiblement le retour de leur rocker préféré afin d'être éclusées, sont balancées dans les coins de son petit appartement, des 33 tours en vinyle sont bazardées ici et là, des albums des Stones, des Doors, des White Stripes, des Beastie Boys, son London Calling et son Machine Head gisent au sol en plein milieu d'une orgie de houblon dégueulasse.

Neil sent la rage monter en lui mais il ne peut pas lutter.

Et le King a la haine et saute de plus belle de toutes ses pattes dans les flaques de bière, se roulant dedans allègrement parce que le King n'aime pas se vautrer dans le bourbon, enfin c'est ce que Neil imagine, là, maintenant sur son trottoir, cassé, défait, en plein cœur de sa Bourgogne.

Quand l'air de Smoke on the water résonne doucement dans ses oreilles, Neil tente d'allumer une clope et se pisse dessus.

Oui, le King est bel et bien le crapaud de compagnie de Neil. Il l'a recueilli quelques années auparavant dans la forêt, et, malgré tous les avis négatifs de ses amis lui expliquant qu'un crapaud ne pouvait pas être un animal domestique comme un chat ou un chien, un canari, un poisson rouge, King a grandi chez Neil.

Maintenant, il est devenu un crapaud adulte qui fait n'importe quoi quand son maître traîne au bar, ce qui signifie assez régulièrement. « Oh no, fucking toad ! » se dit-il encore, parce qu'il sait pertinemment que lorsqu'il rentrera chez lui, il trouvera son crapaud tout sale qui trônera en plein milieu de la mare de bière géante et il a bien conscience qu'il devra laver et brosser ce foutu amphibien dans une cour de cinq mètres carrés en pleine nuit. Damned !

Mais le King adore ça, donc il en abuse et s'amuse à tout déranger quand son rocker de père adoptif n'est pas là. C'est sa façon à lui de se venger et de montrer son mécontentement !

Comprend-il vraiment ce qu'il fait ? Neil en a toujours douté car, hormis quelques croassements assez répétitifs, le King ne parle pas.

Subitement, le King s'efface.

Se déclenchent alors des souvenirs de repas gargantuesques. Il s'empiffre des plus fameux barbecue ribs du comté de Bourgogne, des morceaux de viande badigeonnés copieusement de moutarde de Dijon et de miel, des plats entiers de jambalaya délicieusement accompagnés de tranches d'ananas frais se précipitent sous ses yeux, d'énormes salades de riz aux haricots rouges, oignons et poivrons, des bols géants de guacamole avec tacos chips le narguent, la douceur sucrée du brownie et des cookies qui ont cuit longtemps dans le four à pain lui chatouille les narines. Il hume toutes ces bonnes odeurs quand un filet de salive coule de sa bouche. Il est affamé mais ne peut pas se redresser.

Puis, éclatent de gras et dissonants fous rires, comme ceux qui s'invitent toujours autour de ces grandes tablées festives. Il repense à son jeu préféré - celui qu'il adorait quand il était enfant affublé de son costume de Neil Young dix fois trop grand - compter les bouteilles d'alcool vides qui finissaient couchées à terre comme bon nombre d'invités.

Viennent ensuite les incontournables concours de danse country, il se remémore honteusement ses premiers pas maladroits, il ne sait plus où se mettre. Tout au long de ces journées déjantées s'improvisent aussi des bœufs géants dans les prés aux bovins avec tous les copains musiciens qui jouent et hurlent le rock'n'roll dans cette ambiance complètement folle.

Les souvenirs fusent et se bousculent dans l'inconscient de Neil, tout se mélange, tout va trop vite ! Sa tête tourne et il ne peut plus arrêter la machine infernale logée dans son cerveau.

Quand ses parents, sa tante et son oncle arrivent enfin, Neil s'abandonne. Sa mère lui caresse les cheveux et il s'évade à nouveau. Tendrement, il revisionne le premier anniversaire dont il se souvient, ses trois ans. Ses parents viennent de lui offrir son premier déguisement : un costume de Neil Young en taille dix ans parce qu'il n'existe pas encore de costume de Neil Young à sa taille. Neil ne comprend pas, il avait commandé un costume de Zorro. Mais l'enfant adorable qu'il est se tait, il est heureux comme un oisillon tombé du nid et sauvé par de bonnes âmes. Sous les applaudissements, il enfile l'habit, défile gauchement, propose quelques pas de danse, puis il se met à bredouiller des paroles qui le bercent depuis la première minute de sa conception, Hey Hey My My, Rock'n'roll can never die... Et toute la famille est aux anges. Neil ne comprend toujours pas mais il applaudit.

C'est bien des années plus tard, quelques années après ce troisième anniversaire, que tout s'éclaircirait enfin. Les parents, tante et oncle de Neil lui expliqueraient leur passion délirante, ils confieraient à leur fils/neveu, leur histoire, son histoire. Voici l'histoire de John et Margaret, de Marylou et Christopher.

John est le frère de Christopher, Margaret la sœur de Marylou. Ces quatre là se sont connus sur les bancs de l'école et se sont toujours entendus à merveille. A l'adolescence et comme une évidence, les deux couples se formeraient pour ne plus jamais se quitter.

Ainsi, pendant un bon paquet d'années, les quatre inséparables décideraient de leur avenir. Ils économiseraient puis investiraient dans un Combi Volkswagen. Ensuite, ils partiraient à la découverte des Etats-Unis d'Amérique avec une seule quête, celle de suivre la trace de leur idole adulée : Neil Young. John, Christopher, Marylou et Margaret avaient tout organisé, et dans leur tête, et sur des plans qu'ils passaient des heures à retracer.

Or, après de longs mois à établir leur projet de vie, la famille de Neil vit ses espoirs s'envoler comme la poussière derrière les roues du Combi dans l'immensité des déserts américains.

Quand un soir à la sortie du pub le Saint-James, la mère de Neil se retrouva tout à coup pliée en deux, le verdict des médecins fut sans appel. Ils finirent par lui annoncer la plus belle nouvelle de tous les temps, elle était enceinte et, vu l'état de santé fragile dans lequel elle se trouverait les prochains mois, il était inconcevable de partir pour les Etats-Unis d'Amérique. Bye bye la route 66...

C'est ainsi que Neil vit le jour, fagoté dans des pyjamas affichant des têtes de Neil Young collées au fer à repasser. Des pyjamas sur mesure confectionnés par sa mère et sa tante. De cette période, il ne s'en souvient pas. Heureusement. Il ne serait peut-être pas devenu qu'alcoolique...

La famille de Neil accueillit cet enfant avec la même joie qu'éprouve tous les parents mais ils ne se résignèrent jamais et oublièrent encore moins leur rêve, celui de sillonner les Etats-Unis d'Amérique pour rencontrer leur star. Ils avaient fait tellement de sacrifices !

Néanmoins, la raison finit par l'emporter et les parents de Neil décidèrent de s'assagir, même s'ils gardaient au fond d'eux un voeu qu'ils exauceraient à leur manière. Ainsi, ils transformèrent leur humble demeure du fin fond de la Bourgogne en un mausolée dédié à celui qu'ils auraient dû accompagner en tournées, comme pour conjurer le sort.

On passait donc des heures à regarder des photos du chanteur Neil Young petit-moyen-grand. On le rencontrait partout dans la maison sur des affiches photocopiées et de mauvaise qualité, des images découpées dans des magazines de rock. Les couleurs passaient avec le temps, pas la passion des parents.

Sur d'autres photos, on voyait Neil Young dessinant des millions de vaches dans des prés d'ici et d'ailleurs, construisant des ranchs dans des contrées reculées, distribuant aussi des dollars par millier parce qu'il avait un grand cœur.

Sur des étagères remplies de poussière, on s'arrêtait sur une collection de voitures miniatures que Young collectionnait dans son ranch de Californie en Amérique, des Buick, des Cadillac, des corbillards, des Lincoln Continental.

A la différence près que lui ne collectionne pas les miniatures...

Au fond d'un tiroir, on tombait sur des mèches provenant soi-disant des célèbres rouflaquettes du chanteur.

Dans d'anciennes malles de voyageurs, on pouvait dénicher des trésors : des chapeaux de cow-boy importés de tous les pays où Neil Young s'était produit et qu'il avait porté au moins une fois - enfin ça c'est ce qu'on voulait bien leur faire croire - des chemises à jabots et à carreaux, des paires de jeans importés des States évidemment, des colliers de perles en bois, des bracelets incrustés de pierres semi-précieuses, des bottes de western, tout un tas d'accessoires qui rappelaient aux parents de Neil que Young était toujours là, parmi eux. Il faisait partie intégrante de la famille en quelque sorte.

C'est aussi dans ces malles que Neil avait pu dégoter son premier costume de cow-boy, ça avait au moins eu cet intérêt...

Des chopes décorées d'autocollants à l'effigie de la star servaient de verres à bières.

La collection se poursuivait par des micros à pied et des guitares achetés par centaines, parce que ces objets aussi auraient appartenu à Neil Young...

Et la cerise sur le gâteau, les murs des toilettes étaient recouverts de recettes de salade Caesar : le mets préféré de Neil Young...

C'est comme ça aussi que dans toutes les pièces de la maison à chaque heure sonnait un réveil hand made par le père de Neil lui-même qui entonnait par couplets My my hey hey, Rock'n'roll can never die. Comme s'il ne fallait jamais oublier !

Très nettement, il revoit ses parents, son oncle et sa tante prendre la pose devant leurs ranchs bourguignons.

Les deux hommes sont chaussés de bottes style santiag. Le père de Neil en porte des rouges en faux python, son oncle, lui, a préféré des faux crocos gris et beiges. Habillés de pantalons en cuir vieilli, de chemises à gros carreaux et de beaux gilets sans manche, ils ont opté chacun pour un chapeau de cow-boy orné d'un lacet se terminant par une belle tête de vache couleur turquoise et ivoire.

Quant aux femmes, elles ont revêtu plusieurs jupons à froufrous avec des fleurs et des carreaux. Des chaussures à lacets avec de hauts talons recouvrent leurs pieds fins. De jolis chemisiers en dentelle ancienne habillent leur poitrine généreuse. Des ceintures en cuir tressé cintrent leur taille de guêpe. Elles portent aussi des chapeaux, de cow-boy.

Les hommes comme les femmes ont les cheveux longs ramassés en queue de cheval ou en broussaille…

Neil a toujours trouvé sa famille plus qu'originale mais il s'en fout pas mal, tous le couvrent de tendresse, d'amour et sont toujours là pour lui, ils sont toujours fiers de lui. Puis après tout, il finira par reconnaître qu'avoir une passion démesurée comme la leur est une belle chose. Finalement, cela ne fait de mal à personne.

Oui, Neil est né comme ça avec une famille rêvant d'Amérique et de grands espaces, de dizaines de chevaux galopant en file indienne au-dessus du canyon qui longerait leur ranch et ses centaines d'hectares.

Il va de soi que dans la vraie vie, Christopher ne se prénomme pas ainsi. Il s'appelle Oncle Christophe, tout simplement. Marylou porte le doux prénom de Marie. John est Jean, et Margaret a un prénom de fleur, Marguerite. Quant à Neil, il s'appelle bien Neil. Enfin là, présentement, il n'en sait plus trop rien.

Tout à coup, Neil semble percevoir la voix de sa tendre Jane, celle qu'il doit épouser lors d'un de ses concerts au Saint-James. Elle l'appelle mais il n'arrive pas à discerner l'endroit où elle se trouve.

Il entend les reproches incessants de Jane qui fusent dans ses oreilles, qui semblent s'amplifier et se distordre dans des sons aigus comme des larsens, et il déteste les larsens Neil. Il essaie d'ouvrir la bouche mais il ne peut pas répondre à sa Jane, il ne peut plus prononcer le moindre mot. Pourtant, il aimerait tellement qu'elle l'entende, qu'elle vienne le chercher, maintenant, mais Jane n'en peut plus de venir récupérer son homme sur le trottoir. Alors, ce soir, comme tous les soirs quand il n'est pas rentré, elle l'appelle mais ne s'inquiète pas et ne va pas le retrouver. Elle reste chez elle à rire avec ses copines parce qu'elle en a tout simplement marre d'attendre.

Quand de grosses ampoules multicolores envahissent les pensées de Neil, il ne se doute pas encore qu'un évènement tout à fait inattendu est sur le point d'arriver...

Pendant ce laps de temps qui lui paraît durer une éternité, il aperçoit les guirlandes qui décorent respectivement chaque ranch familial. Des guirlandes qui restent allumées la nuit durant tout l'hiver, histoire de chasser les mauvais esprits, histoire de porter chance. Ce qui, entre parenthèses, est aussi devenu une véritable attraction touristique qu'une foule de curieux s'empresse de venir contempler, surtout à Noël, pour découvrir, redécouvrir et montrer ce lieu hors du commun à des enfants qui en prennent plein les mirettes. Quant à Neil, il les regarde, fièrement, se positionnant tour à tour devant l'entrée des ranchs. Dans un élan, il caresse les élans empaillés devant les maisons et s'apprête à grimper sur leur dos. C'est à ce moment précis qu'il tente, dans un dernier élan, d'enjamber le trottoir. Too late...

D'autres lumières plus violentes, dans les tons rouges et blancs, clignotent de plus en plus de manière discontinue et l'agressent. Il perçoit toujours des voix, des bruits de sirène, des sons distordus mais il ne distingue plus les voix qui parlent au-dessus de lui. Des paroles déformées en échos inaudibles. A cet instant qu'il est le seul à ignorer, Neil est transporté d'urgence en ambulance, à l'hôpital le plus proche…

Quand ses yeux s'ouvrent enfin, il peut voir sa Jeanne, ses parents, son oncle et sa tante, tous sont penchés sur lui et murmurent des « Reviens Neil, le rock'n'roll n'est pas mort ! » Neil ne comprend pas ! Lui, est-il mort ?

Tout ce petit monde est vêtu tout à fait normalement, plus de chapeaux, plus de chemises à carreaux ni jabots, plus de Jane et plus de Marylou ni de Margaret non plus ! Que s'est-il passé ? A-t-il rêvée cette vie ? L'a-il inventée ? Peut-être que ces ranchs, ces animaux et même ces costumes n'ont jamais existé. Mais alors sa vraie vie, à quoi ressemble-t-elle ? A-t-il même adopté le King ? Et s'appelle-t-il vraiment Neil ? Maintenant il n'en a plus la certitude, il est juste heureux d'être vivant… ce qu'en revanche il n'oubliera jamais, ce sont ces paroles : Rock'n'roll can never die, qui l'ont accueilli dès le berceau et le berceront encore pour des décennies.


Que toute cette vie soit le fruit de son imagination, ou pas…


  • Neil qui semble voit défiler les vaches comme ses dernières le train, sa colère, on est avec lui, Bref un très trop petit moment de lecture...

    · Il y a environ 8 ans ·
    Default user

    Nérina Reinhardt

  • J adore. Vraiment Laurence. On est dedans totalement et tu pense bien que les références a Neil Young ne peuvent que m enthousiasmer. Merci à toi pour cette histoire.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    La sc%c3%a8ne rock

    Philippe Cuxac

    • Oh merci Phil, j'suis super heureuse que ça te plaise. J'attendais ton avis ***

      · Il y a plus de 8 ans ·
      L joly 2

      lolo-patchouli

Signaler ce texte