Dès l'Assomption, y'a plus de pont...
Jean Claude Blanc
Dès l'Assomption, y'a plus de pont
Macabre 15 aout de l'Assomption
S'est effondré un maudit pont
Où les voitures et les camions
Le parcouraient plus que de raison
Inévitable conclusion
Usagers bons comme la romaine
Ecrabouillés sous du béton
Il n'y a plus aucune Gênes…
Sous les gravats que de moribonds
Encore coincés, en ce jour blême
Certainement pas la fête foraine
Pour le manège des patrons
Qui ne s'en sont guère donné la peine
Pour cette branlante construction
L'Italie de suite s'en offusque
Guère soigné ce viaduc
Plutôt que pleurer, les décédés
Aurait bien dû les alerter
Qu'il était mal entretenu
Si fréquenté, d'avance couru
Qu'allait bientôt, se déglinguer
Sans doute dans le coup, trop négligents
Des bâtisseurs pour peu d'argent
Le résultat pas à prouver
Par contre ça tombe à point nommé
Pays envahi de migrants
S'est bien gardé de leur conseiller
De se méfier, d'être prudents
Tous dans le vide ces indigents
L'Etat réac, bien que désolé
N'en fait pas trop, gueule d'enterrement
Mais y'en hic, plupart victimes
Sont des ritals anonymes
Cette catastrophe pas de bon aloi
Pour cette extrême droite rabat-joie
Qui se croyait débarrassée
De ces ignobles basanés
Tirés de la Méditerranée
Vierge Marie Sainte Madone
Que l'on vénère quand ça nous sonne
Leur a taillé sa part bonne
A ses fidèles fait pas l'aumône
Hélas s'est trompée de personnes
Tous ces chrétiens qu'elle abandonne
Eve encore elle croqueuse de pomme
Montant au ciel sans échelle
Qu'avec ses chères brebis qui bêlent
Après l'ascension de Jésus Christ
Sans réfléchir, mal lui en a pris
Que de cathos sur le carreau
Au fond d'un gouffre, en morceaux
Ressusciter ces culs bénis
Qui ont crucifié son tout petit
Manque pas de vertu, ni de génie
Pour les convertir à nouveau
Faute d'honorer le Bon Dieu
Marchand de miracles du haut des cieux
Un camionneur pas dégonflé
En reculant en a sauvé
De ces grenouilles de bénitier
Ne cherchant pas être remercié
Pour son devoir d'humanité
Geste héroïque selon les médias
Qui de suite en font leurs choux gras
N'est pas qui veut, star dans Gala
Encore moins avoir les foies
Pauvres mortels, chair à pâté
Le diable n'a pas fait de chiquer
Même pas loin du Vatican
Pour son œuvre n'a pas pris de gants
En a happé en son néant
Tas de paroissiens qui ont chuté
Pour tant de péchés, pas pardonnés
Tout le monde déplore à l'unisson
Ces malheureux d'en l'au-delà
Sûrement en cause la Nation
Boulons rouillés, cette passerelle
Logique y prendre une gamelle
Alors bonjour les dégâts
Que de bidoche à la pelle
Afin rejoindre l'Eternel
Mais faut savoir qu'en ce pays
Règnent tyrans, sosies de nazis
Faux derches comme c'est pas permis
Se dédouanant sur la mafia
Qui ne mégote pas, question contrats
Peut-être invention, de mon esprit
Qui les connait ces gaziers là
Qu'à se souvenir de Vichy…
Car ces parrains, leur en imposent
L'air de rien, font pas de pause
Calculant comment faire plus de torts
A ces vantards, rieurs forts
Jadis s'embarquant en mission
Sur des rafiots, quittant le port
Peu charitable Christophe Colomb
Aux Amériques, îles aux trésors
En revenir cousu d'or
Ses descendants en rêvent encore
Scène de désastre à pas louper
Hélas trop mal photographiée
Par un mateur amateur
Dire qu'on adore ces horreurs…
Juste au moment l'heure de diner
Viande sanglante avec purée…
Meilleure solution pour gerber
Ça alimente les journaux
En cet été où on crève de chaud
Même sur la plage ça désennuie
Rien à glander l'après-midi
Jamais notre dose, jamais de repos
Pendant ce temps, on a la paix
C'est pas chez nous, que ça se passe
Tranquille, reste qu'à bronzer
Tandis que d'autres péquins trépassent
Mère du Messie, toi sage-femme
Qu'a accouché dans une étable
Te l'avoue tout net, pas aimable
De laisser faire tous ces drames
N'ont rien fait de mal ces misérables
Juste franchir sans faire gaffe
A cette route qui fout la poisse
Dégoudronnée, pleine de caillasses
Aussi j'ajoute mon paraphe
Au registre des condoléances
Comme indigné, putain de ma race
J'irai ailleurs prendre mes vacances
Bien que je déconne amèrement
Ce que je les plains, ces ignorants
Jouant les foldingues du volant
Tout a cédé subitement
Ne sont plus sûrs nos chemins
En vérité, je crois que ça craint
Même religieux, n'y pige rien
Convoque presto le sacristain
Par pour la messe en latin
Que pour les miettes de ces défunts
Moindre des choses, les bénir
Frangins cathos, morts en martyrs
De cette ville pourtant si riche
De son passé, de l'or en biches
Voilà que Satan, lui cherche des niches
Lui jetant un sort, sans dire chiche
Décidément, on n'a pas de pot
Européens on courbe le dos
En partageant les oripeaux
De ces nageurs, qui rament dans l'eau
Voilà que l'euro, nous tanne la peau
Pour nous prescrire son ordre nouveau
Malades on l'est, pauvres nigauds
D'en accueillir de ces bateaux
Avec à bord, incognitos
Des malfamés, des mendigots
Se moquant bien de l'embargo
Et quant au pont, qui dégringole
N'est pas du genre golf Drouot
Sa vieille cité, pas rock'n roll
Sous protection de l'UNESCO
De son vrai nom, pont Morandi
En bord de mer, si joli
Mais j'ai bien peur que vu d'ici
A rebaptisé interdit
Pour les piétons, ces étourdis
Et les bagnoles surtout la nuit
Là où tous les génois sont gris
Empiffrés de litres de Chianti
Mais cette fois, pas enivrés
Pas leur faute, ces ravages
Aussi y vais de mes hommages
En rigolard, brave français
En me répétant cet adage
« A l'impossible nul n'est tenu »
En conclusion ça avantage
Flemmards qui siègent à l'ONU
Pensant qu'entre eux les idées courbes
Peu courageux, les oreilles sourdes
Alors que fait un pont pour de bon
Dick Rivers western union… JC Blanc aout 2018