Des piafs

mamet

Le mystère du Parc où les piafs se pavanent et rentrent dans les sandwichs laissés par les cadres dynamiques à la pause déjeuner C'est l'histoire du Parc où tu vois des rats qui osent sortir le bout de leur nez alors que les lecteurs rêveurs sont installés sur leur banc. Pour les plus hardies de ces bestioles, elles tentent la grande aventure: traverser l'allée centrale du Parc sous le regard apeuré d'une adolescente occupée à écrire un sms à sa meilleure amie sa rencontre avec l'amour de sa vie hier ou y a cinq minutes. Et pour les plus timides, la balade se limitera à 2 cm de la feuille d'un buisson et c'est déjà une expédition mais promis demain il osera. C'est l'histoire du Parc où les piafs de petite envergure se prennent pour des autres. Ce ne sont que des moineaux de la ville qui pourraient se comporter comme tels et ben non ils arpentent les bordures des allées fiers comme s'ils étaient des aigles majestueux. Ils s'imaginent pouvoir ingurgiter en une becquée la moitié d'une baguette qu'un type tellement pressé ne s'est pas aperçu qu'il avait paumé ! Mais oh mon Dieu, qu'est ce qu'ils ressemblent à ces gens opportunistes capables de faire croire qu'ils ont les capacités d'occuper la Place importante tellement convoitée et puis un jour ils arrivent remplis d'orgueil au volant d'un X5. Pathétique? Oui certainement parce que pour avoir le fameux objet, ils ont vendu une partie de leur âme. Alors que ce putain de moineau qui s'est senti chez lui dans un sandwich s'il s'était contenté d'une miette à sa taille aurait suscité chez moi l'humilité au lieu de ça ils m'agacent! Qu'est ce que j'aime les gens qui savent d'où ils viennent et où est leur place! T'as rien à foutre sur un trône si t'as pas une tête à couronne... C'est l'histoire du Parc que j'apprends à apprécier non pas pour sa beauté mais pour les scènes de vie qu'il offre en spectacle aux gens qui prennent le temps de regarder autour du banc plutôt que de s'embrouiller l'esprit sur un sudoku. Le spectacle des bureaucrates qui le temps d'une salade composée ou d'un jambon beurre vont prendre une bouffée d'oxygène pour échapper à leur écran d'ordinateur. C'est d'ailleurs assez cocasse de voir tous ces gens qui courent, qui se dépêchent même pour prendre une pause, c'est le plus fort de tout. Qu'est ce que j'aime les gens qui prennent le temps! Quoi d'autre dans ce Parc ? J'y croise parfois une fille qui sait rire des piafs, qui n'a pas encore vu les rats mais c'est pas grave ! Elle a la classe: elle est cap d'apprivoiser les carottes qui dans un geste de maladresse se retrouvent dans ses cheveux et se placent telle une barrette. Non la classe, je vous dis. Alors je me suis demandée si ces faits se passaient vraiment, si ce n'était que mon imagination qui travaillait un peu trop ou alors si le Parc aux piafs étaient magiques. J'avais l'habitude du Parc de la tête d'or où rien qu'en entendant le nom t'as envie de dire bonjour, histoire d'être poli ! Mais dans ce grand parc, y avait beaucoup de choses à voir qui faisait du bien au moral mais y avait pas beaucoup de place pour l'imaginaire. Alors que dans ce Parc de la taille d'un kleenex en boule au fond d'une poche, il y a pas assez de bancs, il est trop près de la rue, trop près des immeubles mais alors qu'est ce qu'il laisse de la place à mes rêveries.
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