DES VISAGES

laure-morganx

Qui sommes, l'habit, le moine, les deux, aucun des deux ?

Il est méchant, il est gentil
Il est le cow-boy ou l'indien,
Il se déguise, il imagine,
Il apprend la vie d'être humain.


Elle émerge d'une énième nuit,
Les cheveux collés aux épaules,
Dans sa salle de bains, elle s'applique
A mettre le temps en mode pause

Elle se scrute dans le miroir,
Et ne s'arrête que lorsqu'elle peut
Regarder, mais sans trop les voir
Ses ridules fines autour des yeux


Au loin les rires et leurs larmes,
Une fois le rideau tombé,
Sur le coton le maquillage,
Coule, se mêle, pour révéler,

Derrière le masque le vrai visage
De l'artiste qui nous a fait rêver,
Il se regarde dans la glace,
Mais lequel des deux est le vrai ?


Il est elle et ne dispose
Pour révéler sa réalité
Que d'hormones et de poudre rose,
Qui feront de lui qui elle est,

Il est elle qu'en se déguisant
L'injustice d'un mauvais aiguillage,
Qui lui donne une pomme d'Adam,
Alors qu'Eve est sa vraie image.


Nous composons tous des visages
Plus ou moins lisses ou schizophrènes,
A l'aide de voile, de maquillage,
De barbe, de chapeau, de lunettes...

Nous jouons tous nos propres rôles,
Au vent des jours de nos vies,
Notre apparence nous emprisonne,
Nous libère, nous cache, nous sublime

Nous sommes ce qui nous compose,
Mais nous sommes un peu plus aussi
Les artifices dont on dispose,
Sont des outils qui nous traduisent,

Alors les questions qui se posent sont autrement plus compliquées :

Le naturel nous révèle-t-il,
Ou efface-t-il notre entité ?
L'artificiel nous efface-t-il,
Ou révèle-t-il ce que l'on est ?

Et s'il faut vraiment une réponse, je crains de ne pouvoir simplifier

Car pour tous les cas, on ne dispose que d'interprétations de reflets.

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