Des yeux qui dansent

dreamcatcher

Photographie: David Olkarny
[ Re-publication d'un texte écrit il y a bien 2 ans. En espérant que ça plaise toujours. ]




J'observe ses yeux étinceler comme jamais. Elle m'attire et m'impressionne. Les flammes dans ses pupilles dansent. Elle me brûle la peau rien qu'en me regardant. Je deviens fou, plaqué sur ce mur. D'habitude, ce sont les filles qu'on plaque au mur non? Elle avait pris le contrôle. Ses mains froides s'étaient posées une seconde à peine sur mon torse pour me pousser et me bloquer entre elle et le mur. Pour pas que je m'échappe? Pourquoi je m'échapperais? Cette fille m'intrigue énormément.
J'ai envie de l'embrasser, mais je n'ai pas le droit de bouger. C'est elle qui décide aujourd'hui je crois. Toute vêtue de noir: débardeur, short et collants un peu transparents. Vous pensez que c'est classique, mais pas chez elle. Ses yeux dansaient j'vous dis. Tout son corps danse. Ou alors c'est moi qui suis en train de le faire. Je sais plus, je sais pas, j'ai un peu trop bu aussi. C'était peut-être pour ça que je me croyais attirant. Que je lui ai lancé un hé ma jolie, on va prendre un verre? Ou plus? avec un sourire de gamin de cinq ans. Elle m'a entraîné dans la rue, on s'est rien dit mais cinq cents mètres plus loin, j'me trouve là contre le mur. Vous pouvez pas savoir les filles à quel point c'est excitant de nous faire ça, surtout quand nos veines sont remplies d'alcool. 
Je bouillonne total. Elle s'approche de moi. De mon visage. Y'a des pétasses complètement torchées qui passent en se foulant à moitié les deux chevilles, parce qu'elles ont pas pensé à retirer leurs talons de 16. Elles auraient pu être attirantes mais là elles m'ont juste sorti de ma montée d'adré avec cette mystérieuse brune aux yeux qui dansent. Pétasses. J'retombe dans ses yeux. Sa bouche. J'tombe dans sa bouche parce que sans prévenir elle s'est trouvée vachement plus proche de moi qu'il y a deux secondes. J'dois sentir un mixe de vodka, teq, sky et clopes. Mais j'pense pas à ça tout de suite. J'crois qu'elle non plus. Juste l'impression que ses lèvres me mordillent une éternité. C'est trop bon, putain, ça faisait longtemps. 
La dernière fois que j'ai été plaqué comme ça contre un mur, c'est venu d'un mec qui pensait que je draguais sa copine. J'y peux rien si sa main est venue se glisser dans mon froc. J'avais pas trop les moyens de dire non sur le moment. J'me suis pris deux trois coups dans le bide et j'suis parti dans un autre bar. J'matais la fille qui allait éventuellement - sans aucun doute - finir dans mon lit. Une blonde à gros seins qui avait l'air plutôt conne. Elle l'était je confirme, mais elle était aussi sacrément bonne. Bon, le lendemain, je ne m'en souvenais plus tellement. 
Cette fois, sûr, demain je m'en souviendrais. J'espère. Mais elle me fait signe de pas trop réfléchir, de pas trop me prendre la tête. Elle soulève ma chemise un peu crasseuse, défait toutes les pressions puis sourit genre quelle bonne invention les pressions et ça m'fait rire. J'suis à moitié déshabillé dans la rue et ça m'fait du bien. C'est plutôt cool d'avoir bu dans ces moments-là, parce que j'crois pas que j'aurais réagi de la même manière si j'avais été sobre. J'ai les yeux fermés alors j'vois plus les siens qui dansent mais j'sens ses mains se balader un peu partout sur moi et d'un coup ses lèvres les rejoignent. Et ça fait de l'effet. Grave même. J'me sens un peu partir alors que c'est que le début. J'en oublie l'heure et l'endroit. Cette rue sombre qui pue la pisse. J'la vois juste danser devant moi. Elle et rien d'autre. 
Elle m'embrasse, me mordille, faufile sa langue sur mes lèvres, mon cou et... un peu partout. Ça fait du bien une fille comme ça, une fille qui gère. Je m'emballe un peu, on est que dans la rue, mais peut-être... tu préfères pas venir chez moi? 
Sa main vient couvrir ma bouche m'ordonnant de me taire. J'suis un peu ailleurs, mais j'commence à sentir le froid du mur et la laideur. C'est à moi de la pousser, de l'embrasser et de lui murmurer au creux de l'oreille c'est chez moi, chez toi, ou rien à moitié essoufflé comme si j'revenais d'un marathon. 
Ses yeux ne dansent plus. Qu'est-ce que j'ai dit? Elle me fixe d'un regard très noir et ça m'bouffe. J'redescend en deux secondes. Faut pas parler, faut jamais parler, ça gâche tout.
Ah je savais pas, désolée princesse. Alors tu t'en vas? Tu m'laisse bouillir comme ça et tu te barres? Mais t'es pas mystérieuse en fait! T'es comme les autres, la preuve, si t'es aussi grande que moi, c'est grâce à tes talons de 16! Pétasse.

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