Désert des airs
vert-de-grisaille
Au fin fond d'un paysage quasi-sélénite, établi sur une étendue sauvage, désertique, se profile un vieux mur craquelé.
Vestige d'une civilisation bâtie à la force du poignet, cette ruine de muraille témoigne des douleurs des ouvriers qui l'ont construite.
Mur, qui servait à protéger des rigueurs, les terrifiés habitants de cette contrée lointaine.
Sans lui, rien d'autre que l'air et le désert à bouffer au dessert.
Qui fut assez fou pour, un jour, s'aventurer dans ce paysage ahurissant de solitude?
Celui-ci ne mérite pas de s'en échapper avec des pirouettes dignes d'un acrobate.
Il se doit de contempler l'infertilité de cette vision qu'il a foulée de ses pieds.
De la faire revivre? Peut-être...
De l'interpréter... sûrement. De l'explorer, oui. De la revivre, à défaut de la faire revivre.
Arroser de ses propres projections la cité désertée. Y mettre ses rêves, les confier à cette bulle d'isolement.
Il arrive que ses pas fassent par endroit s'écrouler le mur de sable. Petits pas imposés, pour ne pas voir cette oasis s'effondrer comme un mirage.
Moiré mirage miré, dans les reflets des yeux peut-être pleins d'espoir de l'explorateur. Entre deux glissades de sable, une perle d'eau descend de ses rides, sueur glaciale de celui qui contemple ce qui fut trop chaud.
L'air est brûlé. La vie semble tapie, derrière l'abord vide. Elle est là, en catimini.
Un air de désert, une avidité d'enlacer de vivacité ces lieux d'un autre âge.