Désorientée

sarasvatii

Elle danse, elle danse. En fait elle ne danse peut-être pas. Elle ne s'en rend pas vraiment compte. Elle sait juste qu'elle bouge. Comment bouge-t-elle ? Ses mouvements forment-ils vraiment à une danse ? Elle ne sait pas, peu lui importe. Elle est loin, très loin, bien loin de sa douleur. Elle vole, elle survole les personnes qui s'ammassent autour d'elle. Elle se trouve dans un autre monde, un monde parallèle qu'ils ne peuvent atteindre. Enfin certains l'on peut-être atteint. Elle aperçoit. Ce jeune homme bouge lentement, il est beau puis soudain il disparait, dans un nuage de fumée. Tant pis, ils disparaissent toujours dans un nuage de fumée... Puis ils reviennent dans une douce lumière. Cette lumière n'est qu'éphémère mais elle est belle, elle est aussi belle que le reste du monde. Tout est parfait. Le rythme change, les basses s'amplifient légèrement et deviennent plus lentes. Elle sent son corps qui ondule. Elle ne bouge jamais aussi bien que dans ces moments là, ces soirs sont les seuls instants où elle se sent bien dans sa peau. Elle a l'impression d'être la reine du petit monde qui l'entoure. Chacun la convoite du regard, personne ne la méprise. Elle sent qu'ils la désirent. Quant à elle, elle ne désire rien, rien d'autre que de pouvoir bouger dans cette bulle pour l'éternité.

Puis vient le moment où la lumière se dissipe peu à peu. Le monde se désagrège, il commence à s'effriter. Alors s'imposent à elle deux choix : reconstruire le monde pour quelques heures encore ou le laisser filer. Elle n'a plus d'argent, elle doit le laisser filer ou trouver quelqu'un qui pourrait l'aider à retenir les fragments de la lumière. La dernière fois qu'elle avait trouver quelqu'un suceptible de lui procurer la poudre de l'espoir, Maxence était arrivé avant qu'elle ne puisse en reprendre . Elle ne se souvient que de deux mots qu'il avait prononcé. Dans le brouillard de son esprit lui revient l'image de ses lèvres qui s'agittent et deux mots qui reviennent en boucles :"Te détruire". Elle ne comprend pas le sens de ces paroles mais bien qu'elle lui paraissent désagréables, elle aime l'exaltation qui s'en dégage. Mais elle sent son effervescence redescendre. Elle doit agir. Que faire? Maxence ne doit pas être là, elle ne l'a pas vu. Pourtant elle veut le voir, elle doit le voir. C'est très important, son alarme intérieur sonne. Elle doit le retrouver. Où est-il ? Elle doit sortir.

Dans le couloir elle ressent comme une douleur sourde à son bras droit. La douleur s'en va lorsqu'on la pousse à l'extérieur. Elle dérive, sentant chaque cailloux sous ses pieds nus, puis plus rien, le noir total. Seuls quelques phrases parviennent à l'atteindre à travers le brouillard : "Pourquoi tu te mets toujours dans cet état ? Réponds-moi, parle-moi...".


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