Destin commun

Laurent Ottogalli

Un peu partout sur cette île,

J’entends des propos hostiles,

– Ce n’est pas trop mon style –

Mais ces mots-cris, que disent-ils ?

Enc… de Z…

Enc… de K…

Enc… de W…

Là, j’tape du poing sur la table,

Parce qu’à  part dix points au scrabble,

Ça n’rapporte rien, c’est exécrable…

Enc… de Zoreille…

Enc… de Kanak…

Enc… de Wallis…

Voilà, à défaut de destin,

On a d’jà tous un point commun …

 

Mais je n’vois pas l’destin commun, comme un destin

Si  on n’change pas de ton, si on n’change pas de temps

Changer de mots pour changer demain,

Pour éviter les dangers du chemin,

Les champs de mine environnants,

Imaginer des chemins déjà déminés,

Deux mains qui s’tendent, geste peu commun,

Sauf si elles sont armées… des meilleures intentions…

Demain  qui s’entendent… bien faire attention :

Changer, échanger, une autre relation…

 

Il y a des endroits sur cette île et Dieu merci, ainsi soit-il,

Où, quand les gens se croisent, personne ne se toise

Et quand les gens se croisent, sans dire de bêtises,

Ça fait des beaux croisements, ça va sans dire, des métis….

C’est évident, en évitant ces « enculés »,

En n’parlant plus de la couleur,

On évitera au sang  d’couler…

On laiss’ra au sang déjà coulé

Le temps d’coaguler :

Les foulards blancs, immaculés,

Ne seront plus jamais rouges…

Si jamais rien ne bouge,

Y’a jamais rien qui dure,

Et là, hélas, rien de plus dur, 

Car Blanc ou Noir, l’avenir sera bien gris…

Le sang, les cris…

 

La parole s’envole, mais les cris restent :

Enc… de Zoreilles…

Enc… de Kanak…

Enc… de Wallis…

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