Desventura

Gabriel Desarth

Lettre à Madrid

        Un petit bonsoir de France d'où il ne fait plus très beau, depuis que ton silence règne sur mes drapeaux ; je vois l'amer sous mes châteaux, l'écume sur ma peau. Des embruns comme des escadres sur mon sommeil, ont dérobé tout ce que tu tenais hier encore. Parole volée s'est envolée , dans la distance qui t'emporte au loin. Toi qui te cache sous des raisons que j'ignore. Eviter le meilleur pour éviter le pire. Je n'y crois pas,  quand toi tu y succombes ; soldat sans faille de raison sage.

       Ta voix se fait encore l'écho de mes émois à tes premiers mots et me ramène dans ce pays, ce fort Alamo où je me cogne.

Quelques mots dans la voix provoquent des incendies.

         Je me fais homme et maladroit pour entrevoir un peu de ton histoire. Fort et résistant, je crois même que j'en fais un peu trop… Je t'appelle, de toutes mes forces : j'ai de la peine, quand tu t'entêtes. Tu te dérobes, je me rapproche.

Desventura, n'est pas pour moi… Je voudrais tant que tu m'entendes.

Et si tant d'amour vaut autant de peine, je prend tout d'eux même. Je viens à toi , et malgré toi. Aux danses Madrilènes.

Desventura, je n'entends pas… Je voudrais tant que tu comprennes.

Ta raison n'égale en rien la force de ma résistance. 

Malasaña ; des vents de toi, reviennent à moi. C'est le destin qui nous ouvre ses bras . 

Une rencontre, un rendez-vous . Peut-être le désir, peut-être rien, peut-être tout… Mais tu as peur. Moi je tiens bon, je ne défaille pas à l'usage de faux que tu déploies. 

Puerta del sol ; ne t'enfuis pas. Je viens à toi.

Un avion plus tard, un train plus loin, toutes tes barricades ne sont que de paille, quand moi je parle de ces choses là… Je ne vois bien qu'avec le cœur.

Salamanca ; le souvenir d'un soir en été, ne me suffit pas.

Tout est bien qui n'est pas et que rien ne commence pour ne rien voir finir ! Tes devises ne m'atteignent pas. 

Moi je résiste à l'eau, un peu K-O quand même, dans cet état de « quoi ». Et toi tu détales , invincible à mes assauts, à mes courages. Des ombres planent, et tes silences hurlent de rage. 

Et moi, je résiste encore… Rien n'y fait, ta raison ne m'atteint pas. Je t'invite même à nos retrouvailles, sur ma ligne Maginot. Je n'abandonnerai pas. Je te l'écris noir sur blanc et en version originale.

J'apprivoiserai ton nid, et franchirai les remparts que tu dresses sur mon chemin . Ma résistance t'est garantie.  C'est la déraison qui me nourrit et m'enivre , quand elle souffle dans mes veines.

Campo del Moro ; mais ne m'oublie pas ; il faudrait que tu te souviennes. 

Pour quelques mots que j'écris, de France, quelques mots de ce garçon qui te tenait la main ; pour ce baiser, ces mélanges de sentiments aussi. Pour que l'instant ne soit pas vain.

Desventura, quand tu voudras. Si tant de peine vaut autant d'amour.

  Encuentro, cita, acaso desear, acaso nada ,acaso todo…

No hay màs remedio que atreverse.



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