detention provisoire

zoetantot

Aujourd'hui 6 iéme jour de détention,

 

Rodrigue,

 

Ce matin, je me suis réveillé en sursaut au son de l'appareil. Celui ci était tourné vers moi dans un fracas énorme et menaçant. Elle le tenait d'une main et grimaçait en me regardant. La méchanceté se lisait dans son regard et j'ai du me recroqueviller le coin de ma geôle pour tenter de fuir l'insupportable bruit de cette machine infernale. Je t'attends.

Tu viendras me libérer.

 

Je sais qu'elle fait exprès et que cela fait partie des techniques de torture classiques, le manque de sommeil, le bruit, le harcèlement systématique.

Je sais aussi que je ne craquerai pas. Je t'attends.

Tu viendras me libérer.

 

Il m'est impossible de dire combien de temps cela a duré. Il m'a semblé de devoir supporter cette fureur et cette méchanceté sonore pendant des heures.

Finalement, elle et son engin ont quitté la cellule. J'étais hagard et fourbu de ce fracas. Mais ce n'était pas finit. Ce matin, j'ai aussi du me résoudre à uriner et déféquer dans ce recoin puant de mes urines et de mes déjections des jours précédents. L'humiliation, la honte sont mon lot quotidien mais je tiens bon. Je t'attends.

Tu viendras me libérer.

 

Quand même j'espère que tu ne tarderas pas car j'ai peur de perdre mon odorat dans cette puanteur. Pour ma dignité c'est trop tard. Elle est partie dans mes urines et stagnent avec elles dans le recoin puant. Je sais bien que ma geôlière fait exprès d'attendre pour nettoyer ma litière. Je t'attends.

Tu viendras me libérer ? hein ?

Je t'en supplie, libère moi vite. Je n'aurais jamais assez de neuf vies de thérapie analytique pour me reconstruire. Je rêve des toits de Gambetta sous le soleil d'hiver, des tuiles chaudes et des balcons tranquilles.

 

Chat qui t'aime comme un chien et qui espère que tu passes de bonnes vacances.

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