Détruire, détruire, détruire.
chess
Détruire une vie est plutôt difficile, cela demande de la technique, de la théorie ainsi que beaucoup de pratique. Parfois, c'est inné ce désir de destruction, on aime déjà tout jeune casser les jouets des autres, on aime marcher sur le château de sable des autres, on aime défier du regard les adultes. Puis, un jour, on comprend que détruire la vie des autres, c'est lassant, répétitif. Et on s'attaque à sa propre vie. Au début, on sourit, on tire une latte pour faire genre, puis une cigarette par jour, puis par heure. On finit indépendant. Et on recherche encore plus de sensation. On fume d'autres choses, on plane, on aime ça. On se lève le matin, on fume, on mange le midi, on fume, on se couche, on fume. Les effets sont habituels, connus, alors on recherche encore plus fort. On prend une seringue, et on finit par se piquer. On continue, on se croit immortel, on boit, on se repoudre le nez, on aime ça, on est survolté, on se sent puissant, on entend les voix dans nos têtes, elles s'accélèrent, elles jouissent.
Silence radio.
Finalement, on finit sur le carrelage. Et ce sont les gens qu'on a détruit qui nous ramasse. Nos mères pleurent dans le canapé, nos pères s'inquiètent, et observent leurs femmes, impuissants. On a commencé par détruire des vies, puis la sienne et on finit d'achever ceux qu'on a aimé.