D'horribles babas au rhum spongiformes

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de " K'soce" (13)

L’après-midi fuyait sans honneur. Des gens s’aplatissaient le nez aux devantures des pâtisseries, des traiteurs, selon une coutume d’aujourd’hui qui va de pair avec l’obésité et une rétraction de l’âme que nous observons partout en occident ainsi que dans le tiers monde brûlant de nous imiter. Il y aurait peut-être une forme de progrès là-dedans, qui sait. Mais je ne me lasse pas de les retrouver avec le nez dans la bouffe comme s’ils priaient. Je m’en amuse. J’ai toujours le sentiment de voir leurs cerveaux mastiquer les saucisses et le foie gras. Des paquets gélatineux noyés de crème fraîche. D’horribles babas au rhum spongiformes. Ronds et luisants dans leur perfection d’hémorroïdes. De gras chocolats pyramidaux d’essence scatologique. Les salades de gros fruits de mer qui pourraient se réveiller dans leurs bides et les bouffer à leur tour vu qu’ils crèvent la dalle depuis le temps qu’on les a arrachés de leur monde. Ce qui doit arriver de temps en temps et me réjouit. Ma cruelle vérité me donnant parfois des envies de meurtre que je ne me sens pas d’assumer. Je veux bien les déléguer aux gros fruits de mer avec leurs petites dents pointues. Je quittais alors ce centre-ville par une ruelle en escalier quand je retrouvais l’individu à l’origine de mon après-midi ratée et d’autant de réflexions. Contre un mur à l’arrière de la galerie commerciale, planqué sous une porte de garage. Il était là crade et algébrique. Portant l’équation sur sa tête fourbe qui fait chier le monde pour pas grand-chose. Il bouffait un énorme gâteau gorgé de chantilly. La crème lui dégoulinait sur les doigts noirs et le menton poivré. Il ne fit plus attention à moi. Trop occupé. Au moins ainsi il ne cherchait plus à me taper. Ma parabole se refermait comme le hasard en avait décidé. Anonyme, miraculeuse, et universelle. Il ne me restait donc qu’à aller voir ailleurs. Ce que je fis. ..

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