Diatribe nihiliste.

" Rome est en feu, il y a urgence. " cria-t-elle.

Voilà ce qui arrive quand le whisky trouve un corps à envahir et un porte-parole excité : une paire d'yeux désabusés, des lèvres qui exilent le monde, et le reste qui n'attend que d'être pris, agrippé le plus vite possible. Début d'une longue heure de vide. Début d'une courte vie de rien.

" Rome est en feu, il y a urgence, il y a urgence, et alors ? " hurla-t-elle encore.

Et je l'écoutai vociférer l'incapacité, prôner le non-sens, affirmer la futilité humaine, avec cette folle et inconsciente ardeur idéologique. Je l'attrapai au vol et plongeai mon esprit en elle.

" Rome est en feu, et alors ? Et alors ? " lui murmurai-je à l'oreille.

Et je troublai l'atmosphère. Philosophie nocturne d'un trou noir béant. Je l'attrapai au vol et plongeai mon corps en elle.

On est là tous là, immobiles et presque vivants, alors au lieu de chercher un sens panégyrique à cette vague gigantesque et minuscule qu'est la vie, pourquoi ne pas plonger dans la rivière des hommes, les uns dans les autres, aussi profondément que l'on peut ? Taisez-vous, noyez-vous dans la sauvage et vénérienne marée humaine.

" Laisses Rome. Laisses Rome et fermes-là, comme au bon vieux temps. "