dictionnaire abrégé a l'usage de l'élite française (partie 1)

pdiaz

A

Art : nom commun, et pourtant...Lorsque l’on entame quelque chose, il est préférable de s’attaquer a ce que l’on fait, ce que l’on connaît le mieux, et ce que l’on a passé chaque jour que dieu fait a pratiquer depuis que l’on est en âge de produire du solide. Il y a autant de formes d’art qu’il y a d’humains sur terre, mais pour éviter de transformer ma diarrhée mentale en annuaire téléphonique, nous allons réduire cette estimation a  deux groupes majeurs qui sévissent ou le voudraient bien en ce début de siècle.L’art contemporain :De loin le pire d’entre tous et le plus populaire en dépit du bon sens, du bon goût, de la bonne foi et de l’intelligence en général.Pour être un brillant artiste contemporain il faut avant toute chose nouer un pull-over en cachemire autour de son cou, s’affubler d’un polo Lacoste dont la texture rêche et la coupe morne réfléchiront à s’y tromper les croûtés immondes que vous soumettrez à votre infecte publique de vieillards trilliardaires, dont les sachets de messieurs sec et poussiéreux accueillent cependant les plus pimpantes des bimbos cupides, dont vous. En effet savoir manier le poussif hochet et combler le grumeleux ermite cavernicole seront d’indéniables armes qui garantiront a coup sûr la montée de votre succès.Voila qui occupera la plupart de votre précieux temps d’important artiste contemporain. Pour ce qui est de vos croûtes, laissez faire les autres ! Embauchez de frais étudiants de l’art, tout droit sortis des usines a con de l’éducation nationale, ou des immigrés clandestins issus des pires dictatures sanguinaires ( le prix est très comparable, ça dépend de vous ) qui se feront une joie d’exécuter ces taches « créatives » de caca sur assiettes pour trois fois rien sous votre despotique tutelle, tout en se prosternant bassement devant l'étalage honteux de vos biens et fortunes indûment accumulés sur le disgracieux marché que vous fîtes de votre âme et de votre corps.L’art tout court :Plus largement répandu et autrement plus méprisé que son prédécesseur sur cette liste, il consiste tout simplement a faire transparaître une émotion au travers d’un médium quelconque pour le simple plaisir de le faire.Pour devenir un artiste tout court, il vous faudra sans cesse partir en quête d’une coûteuse infrastructure dont le tarif exorbitant sera inversement proportionnel à la maigre pension d’artiste tout court que vous êtes, que l’artiste contemporain n’aura de cesse de tourner en ridicule devant de pompeux journalistes ventrus qui auront pour mission de convaincre la foule abrutie que ce que vous faites ne vaut rien, afin de perpétuer sans gène leur mode de vie absurde.Il est important pour l’artiste tout court de savoir que sa lutte est d’avance perdue et qu’il sera indiscutablement contraint d’exercer, outre son art et afin de survivre, un métier de manufacturier de pull-over en cachemire afin de protéger le cou des artistes contemporains face a toute forme d’intempéries qu’ils seraient en mesure de rencontrer au cours de pompeux cocktails dans la jet-set.
Sachant cela, il vous est désormais loisible, gentille élite française, de faire votre choix. J’ai fait le mien... Tant pis ! BBretagne : nom propre en dépit des algues vertes Reconnue pour être l’un des plus grands mouroirs pour semi-riches, désormais prolétaires sans se l’admettre sur sa côte souillée par une mer polluée malgré elle, et réserve naturelle de vieux hippies dégingandés, rescapés des sixties en son centre, la Bretagne est surpeuplée de crétins rustiques qui attendent inquiets la venu du touriste obèse en dépit de la crise comme leurs ancêtres, avant eux, guettaient la marrée qu’ils espéraient riche en poiscaille, et ce en dépit de la surexploitation des ressources marines.En outre, la Bretagne est très largement peuplée d’imbéciles glaireux, persuadés d’habiter le centre du monde et considérant que picoler comme un trou tous les jours, seul ou entre amis, c’est faire la fête.D’un point de vue culturel, c’est tout ce qu’il y a de plus mort. L’art là-bas se résume a une constante apologie des thèmes marins ou le phallique phare iridescent et le goéland pousse-merde se disputent la vedette avec le rustique trois mats et la barquette du courageux pêcheur, tous les quatre affrontant généralement l’écume corrosive de flots tourmentés, un couché de soleil sur mer plate, ou encore la marée basse pour les plus désespérés.Sujets a aborder lorsque confronté a un breton :Les psychotropes :
le breton sera un réceptif interlocuteur a ce poignant sujet dont il connaîtra tous les tenants avec un méticuleux savoir encyclopédique. Il est bon de connaître un breton si l’on est occasionnellement porté sur la chose. Auquel cas, l’on s’invitera préférablement chez lui en se gardant bien de commettre la bévue de le convier chez soi. Le breton est en effet fort peu propret et pourrait bien choquer vos convives qui n’auraient pas l’ouverture d’esprit de l’homme du monde que vous êtes.La Bretagne et ses bienfaits :
il est de toute première instance, lorsque l’on veut s’attirer la sympathie d’un breton de faire l’éloge de sa terre natale. Il est préférable de faire un modéré usage des termes comme «pittoresque» ou « rustique », pour y préférer un vocable plus consensuel tel que « j’kiff grave » ou « trop cool ». Le breton sera plus sensible aux monosyllabes et, outre le fait de ne pas vous prendre pour un touriste ( ce qui vous vaudra l'immense honneur de ne pas vous faire escroquer ) cette tournure rhétorique lui évitera l'inhumain effort de recherche vocabulaire au fond d'un cerveau buriné par les embruns impétueux de ses farouches rivages natales.Sujets a n’aborder sous aucun prétexte lorsque confronté à un breton :La culture :
faire montre de quelque savoir que ce soit en présence d’un breton est tout a fait contre-indiqué. Tâchez seulement de feindre d’apprécier l’oeuvre de Danny Boon, et de vous intéresser au folklore et a la musique bretonne ou celtique dans le pire des cas. En effet, une fois confronté a un sujet lambda, disons la musique, le breton s’empressera de vous piquer votre place de maître de maison et inondera votre lieu de vie des abjectes assonances de Tryo, Tryann, Mattmata ou encore Nolwenn Leroy. A ce moment précis, vous serez condamné a les subir tout au long de la soirée, et il est évident que personne de normalement constitué ne saurait y survivre.Dire du bien d’un autre endroit que la Bretagne :
jadis grand voyageur ouvert au monde et a ses richesses, le breton d’aujourd’hui est très largement plus casanier et chauvin. Commettre l’hybris ultime d’apologie de toute autre zone géographique ou de vous exprimer autrement qu’en français, vous vaudra au mieux le qualificatif de fasciste, ou, au pire, une sévère rossée si le sujet est ivre ( 95% du temps environs ).Coprophagie : nom pas propre du tout, mais alors du tout! Berk alors!Fait de se nourrir le caca boudin. « houuuuu! Mais que voila un tout a fait dégouttant sujet que vous abordez là monsieur P.Diaz ! me criera le vertueux lecteur. Je suis scandalisé d’un tel étalage de médisances qui salissent l’âme autant que le cœur ! » continuera-t-il dans louable effort de chasteté que je serais bien peu enclin a contrecarré s’il n’était que ce lecteur avisé se livrait lui même a pareilles exactions, sans le savoir, et ce, tous les jours que dieu fait.Choqué par cette découverte, je le sais désormais prêt a recevoir mon argumentaire. Qu’il se rassure donc. Je parle ici dans un figuré pur ! Loin de moi l’idée de soupçonner un membre de l’élite française de se nourrir de tels rogatons ! Le pauvre est juste assujetti a contempler merde sur merde en se faisant dire que c’est du grand art. Du coup il y croit, et, inconsciemment, il y contribue le pauvre bougre. Quel cinéphile digne de ce nom qualifiera la saga Twilight de chef d’œuvre sans se voir déposer un chèque a zéros ? Quel auguste mélomane se surprendra a apprécier Rihanna sans vomir, sans s'être préalablement se faire offrir la bouche pulpeuse et les courbes sensuelles d’une vietnamienne par une quelconque maison de disques ? Enfin, et pour faire court, quel esprit sain saurait  s’émerveiller devant un Klein sans s’assurer d’être applaudi et admiré par une horde hystérique de nantis ?Personne, me direz vous, perspicace lecteur ! Et pourtant ça fonctionne ! Tf1 bat des records d’audience et le regard inexpressif de romain Duris se fait celui de Molière. Comment cela se fait-il ? Pourquoi tolère-t-on d’être constamment nourris de cette merde ? Qu’en est il de l’alternative ? La pauvre est oblitéré par la masse infinie de l’imbécillité. Car oui, il faut du talent pour concevoir de la qualité, et ce que les pontifes souverains des médias ont bien compris, c’est que le talent ça se paye, c’est capricieux, c’est rare, et ça tient pas spécialement dans un planning.La merde en revanche, c’est facile a faire, c’est renouvelable a l’infinie, et on peut en toute simplicité la remplacer quand elle se sent plus chier. En outre, plus le public est confronté a la merde, moins il est exigeant en stimulis. Il s’y habitue progressivement et finit par accepter son triste sort a la manière d’un spéléologue coincé dans une cavité pendant deux semaines.Allons, lecteur perspicace, l’alternative existe, bouges un peu ton gros cul et va la chercher, ça fait de l’exercice et a ça stimule la libido !
  • trop tard pour vous hélas, le texte est finit dans son intégralité et jamais ô grand jamais, je n'ai eu l'occasion de faire mention de toutes ces merveilleuses choses dont vous me faites part! j'y songerai peut être lors d'une prochaine édition si le temps le permet ;)

    · Il y a environ 12 ans ·
    Renaissance miguy 150

    pdiaz

  • En tant qu'alsacien marié à une bretonne, j'ai apprécié deux choses : la définition de Bretagne, même si en effet une partie relève du ramassis de rumeurs douteuses (m'enfin Louannec ça sonne breton, alors...) et le fait que le dico ne commence pas par Alsace ! Mais comme le breton est casanier, j'imagine qu'il ne sait pas ce qu'est cette contrée exotique ;) J'attends la définition de Sud-Anis, terme breveté par bibi lors de mes cuvées anisées.

    · Il y a environ 12 ans ·
    Sdc12751

    Mathieu Jaegert

  • c'est beaucoup d'honneur que vous me faites là!

    · Il y a environ 12 ans ·
    Renaissance miguy 150

    pdiaz

  • Le topos peut aussi être dépassé, mais pas dans le cadre d'un dictionnaire abrégé. Je trouve que ces travaux ont une portée, une qualité qui mériteraient à être développées, dans des essais ou des pamphlets par exemple. Je vais néanmoins suivre avec un intérêt particulier l'évolution de la chose. Bonne continuation !

    · Il y a environ 12 ans ·
    Nebuleuse orion par r croma 465

    nathan

  • le topos m'est imposé par le style que j'ai choisi pour ce ramassis grotesque d'imbécilités douteuse! croyez que je n'en resterai pas la et que devraient suivre d'autres conneries entre autres trucs. la variété c'est bien!

    · Il y a environ 12 ans ·
    Renaissance miguy 150

    pdiaz

  • J'aime beaucoup le ton utilisé, sec, plaisant. Il y a un vrai style qui, même si je ne partage pas certaines opinions, est très efficace. Cependant, je trouve dommage que le texte repose quasi uniquement sur l'exploitation de topoï.

    · Il y a environ 12 ans ·
    Nebuleuse orion par r croma 465

    nathan

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