Dieu et le Big Bang
Dominique Capo
Refermons cette parenthèse. Comme je l'ai détaillé précédemment, ce qui est inscrit dans la Torah, la Bible ou le Coran, est partiellement basé sur des mythes et des légendes qui, si leurs sagesses sont universelles, ne proviennent pas de Dieu. Elles proviennent de récits, d'histoires, de narrations, de paraboles ou d'allégories transmises le plus souvent de bouche à oreille depuis la nuit des temps. Celles-ci, au fur et à mesure, ont été déformées, modifiées, modernisées, transposées. Elles ont été adaptées pour qu'elles soient comprises et aisément assimilées par les populations auxquelles elles étaient présentées. Puis, elles ont été mises par écrit afin qu'elles ne soient pas oubliées.
C'est à partir de ce moment-là que, de mythes modifiables à l'envi, elles se sont métamorphosées en Livres divins dont les déclarations sont inébranlables, inattaquables.
Ainsi, il est vrai qu'un homme que la Torah et la Bible nomment Moïse - bien que cette appellation définitive soit sujette à caution ; elle change en effet en fonction des textes apocryphes qui se réfèrent à lui – ait existé. C'est un fait pratiquement avéré. C'est vrai qu'aux alentours de l'an 1250 avant J.C., des preuves de la domination égyptienne sur le peuple hébreu, aient été retrouvées. Mais, de là à dire que les miracles que ce Prophète a exécuté au nom de Yahvé se soient produits, il est impossible de le vérifier. C'est encore vrai que le peuple hébreu a quitté les rives du Nil pour rejoindre le Sinaï, puis la Terre Promise « où coule le lait et le miel », mais ils n'étaient pas des dizaines de milliers. Ils étaient, tout au plus, quelques centaines. Autre exemple concernant le Coran cette fois : il est dit que Mahomet est monté au Ciel de son vivant depuis Jérusalem. Il est plus vraisemblable qu'il soit mort de sa belle mort. D'ailleurs, à ce propos, il est intéressant de constater que, dès l'époque de Mahomet, ce dernier se réfère à des anges tels que Gabriel, à des Prophètes tels qu'Abraham, et issus de traditions Juive ou Chrétienne, afin d'ancrer dans le passé la Religion dont il est le porte-parole. Pour qu'il soit instruit de leur nature, il est évident que les lieux qu'il a connu, ou dans laquelle sa famille a séjourné, possédait – entre autres – des populations chrétiennes. D'autant que cette dernière – tout comme celle de Jésus avant lui – n'était pas aussi pauvre et inculte que les Textes Sacrés veulent en persuader leurs lecteurs. Elles appartenaient à l'aristocratie locale, étaient plutôt aisées et éduquées. Et en ce qui concerne plus spécifiquement Jésus, si Joseph et Marie se sont arrêté à Bethléem pour que la mère du Christ accouche – et pas forcément dans une étable, ainsi que l'imagerie populaire représente généralement cette scène -, c'est uniquement parce que le pouvoir Romain avait demandé à tous les habitants de regagner leur lieu de naissance – Nazareth - pour y être recensés. Autre chose, la Religion Chrétienne attribue la date du 25 Décembre pour la venue au monde du Fils de Dieu. Or, il faut savoir que cette jour, non seulement correspond à peu de choses près au Solstice d'Hiver. C'était, à cette époque, une date importante dans la religion Romaine ; celle du « Sol Invictus », ou « jour de renaissance du Soleil invaincu ». Elle-même reprise par les Romains de la Religion Égyptienne, dont la mythologie expliquait que c'était à cette date qu'Horus était né de l'union d'Isis et d'Osiris.
Donc, soutenir inconditionnellement, aveuglément, que la Torah, la Bible ou le Coran sont issus de la Parole même de Dieu est une « hérésie ». C'est aller à l'encontre de toutes les valeurs prônées par la Religion. Et la première d'entre elles : le mensonge. Croire en Dieu, oui! La Foi en Dieu, parce qu'il nous rend meilleur, parce qu'il nous apporte joie et espérance, c'est respectable et honorable. Mais s'en remettre aux Dogmes et aux Ouvrages qu'il est censé avoir offerts à l'Homme, sachant sur quels mensonges ceux-ci reposent… A moins d'être dénué d'Intelligence, de Sagacité ou de Discernement, à moins de vouloir se cacher la tète dans le trou afin de ne pas voir la réalité des faits, on ne peux accorder aucun crédit à leur origine divine. Hélas, je le répète aussi, il y a tant de gens qui ne « désirent » pas voir cette réalité des faits. Il y a tant de gens qui, comme des moutons, « croient ce qui est écrit » parce qu'on leur a expliqué que c'était en ça qu'ils « devaient » croire. Il y a tant de gens qui ne se posent pas de questions parce que la Tradition, la famille, la communauté, les incite, les force parfois, l'exige. Et qui si on commence à se poser des questions, c'est – selon elle -, comme on si on la reniait, comme si on l'insultait. Alors que c'est dans la Nature de l'Homme – comme je l'ai brièvement abordé plus haut – de se poser des questions, et d'en tirer des enseignements. Il ne faut pas oublier que, s'il ne l'avait pas fait – j'y reviendrai plus tard -, il habiterait toujours dans des cavernes, serait vêtu de peaux de bêtes, et n'aurait pas initié sa marche vers le progrès.
Ce qui est particulièrement grave, criminel même – j'ose employer ce terme -, c'est que, dès l'origine, ceux qui se disent détenteurs de la Vérité Divine, savaient que leurs Livres Saints étaient basés sur des récits qui n'avaient rien d'Hébraïques, de Chrétiens, ou de Musulmans. Pire encore, ils étaient informés que les Enseignements qu'ils propageaient étaient tronqués, dépouillés de passages qui n'allaient pas dans le sens de ce qu'ils souhaitaient voir professés.
Car, sur les innombrables Textes rédigés en ces temps obscurs où la Connaissance n'était transmise que par des Théologiens en devenir, il n'y en a que quelques uns qui ont été décrétés issus de la Parole de Dieu. A coté de la Torah, existe d'autres sources dont les écrits sont moins « acceptables ». Parmi eux, ceux de la Kabbale – mais pas uniquement - dont, longtemps, alchimistes, sorciers, mages, etc. se sont servi pour leurs travaux occultes et ésotériques.
Par ailleurs, nombre de Livres sont constellés d'erreurs ou d'approximations, et attisent le soupçon. Exemple : « De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce pour les conserver en vie avec toi ; il y aura un mâle et une femelle. Des oiseaux selon leur espèce, du bétail selon son espèce, et de tous les reptiles de la terre selon leur espèce ; deux de chaque espèce viendront vers toi, pour que tu leur conserves la vie. (Genèse, 6-19 et 6-20) ». Ce qui donne plus loin : « Tu prendras auprès de toi sept couples de tous les animaux purs, le mâle et sa femelle ; une paire des animaux qui ne sont pas purs, le mâle et sa femelle. Sept couples aussi des oiseaux du ciel, mâle et femelle, afin de conserver leur race en vie sur la face de toute la terre. (Genèse, 7-2 et 7-3). Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres pris au hasard, mais qui donne à réfléchir sur la pertinence de leurs propos.
La Bible, elle aussi, est sujette à caution. Car, dès le 3ème siècle de notre Ere, des traditions différentes opposent l'Église Latine d'Occident à l'Église Grecque d'Orient. Celles-ci se divisent sur la date de Pâques, sur les Textes essentiels constituant des Évangiles, sur la date exacte de la venue au monde du Sauveur… En 325, l'Empereur Romain Constantin donc impératif d'intervenir. Le 20 Mai de cette année-là, il convoque le premier Concile « œcuménique » à Nicée, en Asie Mineure. Il ordonne à l'ensemble des évêques de l'Empire réunis là de fixer un Credo orthodoxe. Et entend s'en servir afin d'anéantir définitivement les doctrines hérétiques qui sont en train de se généraliser à travers tous les territoires sous tutelle Romaine.
Aussitôt, ce concile présidé par Constantin condamne Arius et « l'Arianisme ». Il règle la question de Pâques et promulgue un Texte composé d'Actes divers et variés, dont la plupart ont été rédigés entre le 2ème et 3ème siècles de notre Ere. Et qui étaient des copies de codex antérieurs. Mais parmi eux, sont retirés l'Évangile de Thomas, l'Évangile de Marie, ou l'Évangile de Pierre, etc., parce qu'ils ne s'accordent pas avec les idéaux que Constantin juge conformes aux Canons de l'Église. Le Concile définit le concept de la Sainte Trinité, ou la notion de Christ consubstantiel au Père. Il identifie Satan en tant que Maitre du Monde Souterrain et des Entités Infernales. Il définit ce que doivent dépeindre les passages de l'Apocalypse de Saint-Jean concernant l'Antéchrist. Avant de les inclure dans le « Livre des Révélations » et de le décomposer en vingt-deux chapitres.
De fait, les Pères de l'Église bâtissent leurs Dogmes officiels à partir Évangiles qui leur paraissent les plus en accord avec leurs idéaux. Et tant pis s'ils tronquent, s'ils cachent, s'ils modifient, s'ils s'arrangent, avec la diversité et la richesse des textes qu'ils ont à disposition. Jésus a probablement aimé une femme – Marie de Magdala - ? Tant pis, il est essentiel de le diviniser afin de le rendre inaccessible ; pour que ses Paroles et ses Gestes relèvent du Surnaturel, puis, pour le désigner en tant que Fils de Dieu. Or, dans le but de construire une Église autour de son existence, un Fils de Dieu a le devoir d'aimer l'ensemble de l'Humanité. S'il a une préférence pour une femme en particulier, ses Paroles auront moins d'impact. Donc, supprimé cet aspect de la vie du Christ. Il a peut-être eu des enfants ; il n'a pas été aussi pauvre que l'on souhaiterait ; il a peut-être été parfois violent – les Marchands du Temple - ; on gomme tout ceci dans le dessein de convertir et de fortifier la Foi du maximum de fidèles. Car, comment ces derniers pourraient croire en sa divinisation, comment les participants du Concile de Nicée pourraient-ils édifier les fondations d'une nouvelle Religion, si celui qui en est le pivot central était aussi humain que n'importe qui ?
J'ai lu avec grand intérêt votre texte. Je ne suis pas croyante, je l'ai été jusqu'à l'âge de 12 ans, disons le double, contrairement à la croyance du père Noël. Forcément, j'ai été baptisée, fait ma communion. Personne n'était croyant chez nous, mais les traditions avaient la vie dure dans les années 50. Elles sont encore tenaces dans certains coins de France. J'ai toujours du mal à comprendre comment des gens très intelligents peuvent croire qu'il y a un Dieu là-haut. Ils se bouchent les yeux et les oreilles. Ils ne regardent aucune émission scientifique, ne lisent aucun livre. Ils ne veulent pas en effet que toutes ces croyances tissées depuis des siècles et des siècles s'écroulent. Bien sûr, la religion peut avoir du bon, mais combien de victimes, combien de gens ont été torturés, brûlés, massacrés en son nom. J'ai eu un deuil terrible, il y a de cela 6 ans, j'aurais voulu y croire, non, décidément, impossible, je me suis raccrochée aux miens et à mes chers livres.
· Il y a presque 9 ans ·Sans avoir jamais rien étudié sur le sujet, je savais que cet homme, jésus, n'était pas né à Noël, et puis que toutes les religions, ces légendes, sont copiées sur le même modèle. Merci pour ce texte! bonne journée !
Louve
La suite, prochainement... et merci pour vos encouragements.
· Il y a presque 9 ans ·Dominique Capo