Dieu veille
Jean Claude Blanc
Dieu veille
Durant mes soirées sans sommeil
Où je me gèle les orteils
Manquant de rayons du soleil
Pourtant encore je m'émerveille
En repensant à ces petites vieilles
Qui me susurraient à l'oreille
A retenir des bons conseils
Même en patois pure merveille
D'une lucidité sans pareil
« Craint rien gamin, près de nous Dieu veille »
Pour ainsi dire, désespère pas
Le temps viendra de notre trépas
Sait-on jamais garde la foi
« Science sans conscience, ruine de l'âme »
L'éternité vaste programme
Alors pourquoi en faire drame
Sachant qu'en nous brille la flamme
Pas à plat l'encéphalogramme
Qu'on soit bigot ou bien profane
Ainsi spéculent les astucieux
Pas angoissés, seulement curieux
Comment ça se passe dans les cieux
Si inutile faire des vœux
D'abord sur Terre pas malheureux
Certains ruminent, l'esprit en berne
Sur leur existence amère terne
Peur de rejoindre leur champ de luzerne
Face à la mort, tristement lanternent
Finis ces troubles existentiels
Gobant l'hostie comme du miel
Afin que s'apaisent horreurs et fiel
Une fois encore, le Bon Dieu veille
C'est bien pour ça qu'à la corbeille
Vient nous quêter sa part d'oseille
Sages expressions de nos anciens
Qui se vouaient à tous les saints
Imaginaires mais essentiels
Lorsqu'ils sentaient venir leur fin
Se précipitaient sur leur Missel
L'Eglise en narre de ces histoires
Pour nous sauver de nos déboires
« Vous bilez pauvres peignes culs
Si en ce monde pas reconnus
Remise à plus tard, votre gloire
Car Dieu y veille à perte de vue
Maitre-nageur, planche de salut
Dans nos eaux troubles, mares de canard
C'est bien joli, vouloir y croire
Mais impossible de le voir
Encore moins lui tenir crachoir
Ingrat, avare ce doux Seigneur
Qui l'adorons à se fendre le cœur
Pas d'autre choix, que se conformer
Aux Evangiles de ses Apôtres
Toute la recette y est marquée
Minutieusement, j'ai pris des notes
Etant trop tête de linotte
Certes en veilleuse, peut se révéler
Sur son nuage, l'autre nous châtier
Traduit autrement, de manière vulgaire
Je trouve qu'un peu il exagère
Même que ça me tape sur les nerfs
Daigne pas montrer, moindre bout de chair
Evidemment que je déconne
Etant trouillard comme personne
Me fait flipper, ce Dieu fait homme
Pourtant j'ai pas croqué sa pomme
Même qu'à l'office je fais l'aumône
A l'impossible, je suis tenu
Pour ne pas être de la revue
J'avale tout cru le Petit Jésus
C'est pas la moindre de mes vertus
Mon âme aussi, la mets à nu
Alors petit bonheur la chance
De grimper là-haut sans échelle
Je dois vite faire diligence
Pour faire partie de ses Elus
Hélas sans de corde de rappel
Dure sera la chute, mais pas mortelle
Pardonnez-moi, pour ce pamphlet
Que m'ont confié ces alzeimer
Ne savaient plus ce qu'elles dégoisaient
De leurs fables, je m'exonère
N'étant que témoin assisté
Pourquoi aurais-je les pétoches
Tellement dignes, forçant le respect
Qu'avant de passer l'arme à gauche
De ces racontars, m'en feraient reproche
Les dénoncer, ce serait moche
Ce texte le fourre dans ma caboche
Pour pas qu'on me sonne les cloches
Pourtant ne fais que répéter
Ce que me déblatèrent les misérables
Qu'ont d'autres chèvres à garder
Car leur labeur est dans le pré
S'accaparant les fourches du diable
Dieu veille à perpète, sacerdoce
Car on le fourgue à toutes les sauces
Qu'on fasse la noce ou qu'on se cabosse
Pas besoin le prier, tout nous exauce
Si on le supplie en cas d'urgence
A tire d'ailes, de suite nous panse
Vous fiez pas trop à ce que j'affirme
En vérité, on est intimes
Lui fait sa part du turbin
Comme par miracle, chasse le Malin
Et quant à moi, par humanisme
Etant doué de crétinisme
M'occupe des Etres vivants de rapine
Chrétiens ou pas, ces moins que rien
Passant sous les fourches caudines
D'un drôle d'Etat, qui fuie ses ruines
Vais pas vous faire un dessin
Que Dieu veille sur leur fatal destin…
Tout en faisant potes culs bénis
On se rejoint sur le même avis
En claironnant plus belle la vie
Mais à chacun son Paradis
(Le mien est ici, en mon pays)
Faut pas se tromper sur le produit
Il y a des pieux et des impies
Malheureusement autrement dit
Des mendiants et des nantis
Braves citoyens et des bandits
Des martyrs et des terroristes
Des innocents et des fumistes
J'arrête mon char, trop longue la liste…
Heureux ce soir de ces abeilles
Qu'ont déjà pris leur carte vermeille
Viennent souffler à mon oreille
Que sûrement le Bon Dieu veille
Dans le plus simple appareil
Je vais le mettre en bouteille
Avec le raisin de la seille
Hélas je baille aux corneilles
D'en abuser, mes rimes bégayent
Tant mieux pour moi, si ça m'égayent
Bilan de réussites et d'échecs
D'un candidat à providence
De l'univers, pas architecte
Naïf rêvant de transcendance JC Blanc déc 2017 (brin de symbolisme..)