discussion éclairée

sandrinerebelle

Allongée dans l'herbe. Je suis dans ce moment où la lune n'est pas encore levée, et où le soleil n'est pas encore couché. Ce moment figé dans le temps, ce moment où les deux corps ancestraux,pareils, identiques mais si différents se rejoignent sans jamais se retrouver. Il flotte dans l'air des rayons rouges,oranges,jaunes, que les nuages tendent à vouloir effacer du ciel. A vouloir les piéger dans leurs nimbes brouillardeux,blanchâtres,doux, humides.A vouloir les garder sur cette terre pour ne point qu'ils disparaissent et ainsi laisser tomber un court instant un peu plus d'espoir dans le coeur des gens, qui une fois la nuit tombée, doivent affronter leurs plus grandes peurs.

Je suis plongée dans le crépuscule, où l'aube, puisque sur un autre coin de la planète, le soleil qui se couche devant mes yeux se lève devant un inconnu. Parfois je me plais à croire que je suis reliée dans ce tombé par l'autre dans ce levé. je me sens moins seule face à l'immense solitude que je perçois dans tout mon corps et que l'herbe fraiche et humide sous moi fait se répandre jusque dans mes os.

Depuis combien de temps suis-je ici ? Assez pour que mon empreinte se fasse dans le sol, assez pour que l'herbe autour de moi pousse de plus en plus me cachant aux regards stupides des hommes qui ne me comprennent pas.

Inlassablement, j'attends.

J'attends que la lune où le soleil répondent à mes questions.

Car qui dans cette terre est là depuis si longtemps. Qui peut se targuer d'avoir vu s'élever la supériorité de l'homme face aux animaux primitifs et bestiaux restés dans la médiocrité du non langage ? Qui connait mieux que quiconque l'Homme ?

D'abord une étoile qui s'élève dans le ciel encore clair. Je n'ai jamais tenté de parler aux étoiles. Et si pour une fois je m'adressais directement à celles qui ont su guider les bergers égarés vers leur destins ? Après tout ne sont elles pas la représentation symbolique des âmes mortes ? Peut être ont elles gardé dans leur lumière tout le savoir des esprits envolés ?

- Bonjour petite étoile, m'entends-tu ? Es-tu assez forte pour recevoir l'onde de mes pensées ?

- Tu en as mis du temps à comprendre que nous étions la clef du savoir.Ne t'étais tu jamais posée la question de savoir où se posent les âmes des gens perdus dans les cieux ?

- Non, je n'avais point compris,j'étais probablement aveuglé par le savoir acquis de mes anciens. Mon esprit judéo-chrétien ne pouvait croire à votre parole. Vous n'êtes que des astres...

- Nous sommes le réceptacle des esprits qui voguent, nous sommes la coupole du savoir humain. Nous sommes les témoins de votre histoire, nous clignotons devant vos yeux pour tenter d'illuminer votre conscience.

-Pouvez vous allumer ma conscience ?

- Le soleil ne t'a t'il pas répondu ?

- Non le soleil est resté muet, obstinément muet. J'avais confiance en sa lumière aveuglante. Je me suis brûlée les yeux à forcer de le fixer, mon corps s'est flétri sous sa chaleur. je suis devenue folle face à son silence. Il lui a été indifférent de me laisser mourir...Je n'arrivais plus à réfléchir ni à penser tant je me suis plongée dans les méandres des mirages qu'il m'a forcé à miroiter. Je me suis laissée aveuglée par les rayons d'or qui m'a fait voir...j'en ai quasiment perdu mon identité...

-Puis que s'est-il passé ?

- Les nuages sont arrivés, déployant sur l'astre aveuglant un voile.Puis doucement, je suis redescendue de ma tour sur laquelle m'avait perché la lumière artificielle des rayons du soleil.Dans une douce mélodie, de légères gouttes de pluie sont venues me rafraîchir. Patiemment, j'ai attendu jusqu'à ce que mon corps ce fut refroidi.Jusqu'à ce que les mirages de ma vie se dissipent et que j'aperçoive l'horrible vérité du monde dans lequel la luxure dorée du soleil m'avait emporté. Et j'ai eu peur. Une horrible peur de me noyer dans l'abjecte noirceur des abîmes de mon âme. Mon âme que je croyais lumineuse mais qui bercé par tant de luminosité s'est mise à cramer. A brûler comme aux portes de l'enfer,à noircir, à devenir aussi charbonneuse qu'une nuit sans lune.Puis j'ai senti glisser le long de mon corps, comme des vers sortis de la terre, des vagues blanches aux écumes foncées. Je me suis sentie nettoyer, vider de toutes mes impuretés;

- As tu parlé aux nuages ?

- Je n'en pas eu le temps. Ils ont été tellement fugaces, rapides. Ils ne sont que de passages dans le ciel. Sans racines, perdus dans une éternité à se déplacer par monts et par vents. Ils sont lasses vois tu petite étoile. Parfois, m'ont ils soufflé, ils arrivent à s'accrocher à une parois rocheuse. Alors ils luttent pour ne point disparaitre. Mais contre les autres éléments ils se sentent bien faibles. Ils voudraient tant ne plus voyager.Mais leurs destinés est de parcourir le monde et, de laisser pleurer sur les Hommes, les images et souvenirs qu'ils collectent. Ils ont l'espoir vain de réveiller les mémoires... Mais les Hommes sont méfiants, et se protègent toujours tellement des quelques gouttes d'eau...Parapluie, chapeaux et autres artifices pour se protéger, ils en deviennent ridicules ! De quoi ont ils peur au juste me demandèrent-ils dans un dernier souffle ? Certainement de voir ressurgir leurs passés, la mémoire collective d'un monde passé que nous collectons aux grès de nos voyages et de l'histoire. Ils craignent que nous soyons comme une pluie acide sur leurs perfides têtes...Mais ils le savent ces hommes, ils ne peuvent vivre sans nous, sans l'eau que nous avons, sans notre protection face au soleil...Ils devraient le savoir, ils ne peuvent rien contre les éléments. 

-Es toi, t'es tu protégeait ?

-Oh non petit étoile, j'ai adoré me laisser purifier par ces délicates gouttes d'eau glacées. j'ai fait un voyage extraordinaire grâce à elles. Je me suis laissée entrainer dans mon passé, revoyant les erreurs et mon bonheur. J'ai été projeté dans un tourbillons inhumains de ce que peuvent être les hommes. Encore une fois la peur m'a envahit. L'herbe a grandit autour de moi, assoiffée comme moi. L'herbe a su puiser dans cette eau la force nécessaire pour grandir, tandis que nous simple parasite sur cette terre, ne savons que la garder, la puiser, et nous en servir à mauvais escient...Cette herbe grandissante, toujours et encore autour de moi m'a fait l'effet d'un cercueil. Je me suis vue mourir étouffée par une nature vengeresse ...Mais lorsqu'au plus profond de moi, priant vainement un Dieu que je ne connais pas, cette herbe que je pensais mauvaise, que je voulais défier en l'arrachant du sol, forçant mes membres endoloris à réagir face aux assauts de ces griffes vertes. Vertes comme putréfiées et moisies sont venues doucement me chatouiller, me câliner,me réchauffer, j'ai compris que bien des fois mon jugement a été altéré, trompé par ce que je croyais voir et non la vérité. 

- Et après que les nuages et l'herbes t'aies réparé, que s'est il passé ?

- La lune, la nuit sont apparues. 

-A tu eu peur ?

- Non petite étoile. J'ai préféré attendre plutôt que de juger...

- As tu parlé à la lune ?

- Oui, mais elle est telle que je le présentais...Vaniteuse, ronde, pleine, changeant d'apparence comme de visages. Une fois rieuse, une fois pleureuse. Elle n'a pas su m'écouter.Elle avait elle aussi tant de choses à me raconter. Vois tu je crains qu'elle ne soit jalouse du soleil, car tout le monde l'adule, mais elle...Tout le monde la craint, car elle accompagne la nuit. Le sombre,l'obscur...Mais en vérité, elle tente vainement elle aussi d'éclairer les hommes.Mais son combat avec le noir l'oblige à jouer double jeu. Tantôt montante, tantôt descendante, elle tente mille ruses pour ne pas que la nuit ne l'attrape. Sais tu qu'elle m'a confié qu'une fois elle a réussit à parler au soleil ?

- Et que lui a t'il dit ?

- Il l'a d'abord ignoré, puis des ces rayons brûlants, il l'a transpercé de toute part, formant des critères, des cicatrices, visibles par tous...Elle est la preuve du règne de l'astre solaire. Jamais il ne se laissera abattre...Il a rit, tellement rit face à sa douleur.

- Veux tu dire qu'en plus de se méfier des apparences, le bien n'est pas toujours là où l'on le croit ?

- Oui petite étoile...Mais tu le savais déjà n'est ce pas . Tu les côtoie depuis tant de temps...

- Ne l'oublie jamais, je suis la mémoire collective. Je suis le savoir intemporel et tout puissant. je sais tout de tout le monde...

- Alors puis-je te poser ma question ?

- Que veux tu savoir ?

- Qui-suis je exactement ? Qu'est ce que je représente sur cette terre. Ne suis-je pas infiniment petite face à l'immensité du monde ? A quoi puis je donc servir si ce n'est à polluer par ma présence encore un peu plus cette terre déjà souffrante ?

- Pourquoi veux tu savoir ? N'est ce pas déjà un cadeau suffisamment que d'être en vie ? Pourquoi vous les hommes ne sachez pas profiter du moment présent? Pourquoi donc ne pas profiter de la douceur de la vie en votre bas monde ?

- Ma place chère étoile est importante pour exister. Regarde toi, tu as toujours la même, tu sais pourquoi tu es ici. Et moi j'ai peur de ne servir à rien.

- Tu serviras toujours à quelque chose, tant que tu ne resteras pas inerte. Un jour, ton heure viendra, un jour tu viendras déposer les volutes de ton âmes sur une de nous. Tu viendras nourrir notre lumière. Tu serviras à illuminer le ciel et ainsi lorsque le vent t'emportera tu nous fera bénéficier de tes enseignements pour que nous puissions à notre tour par un jeu de miroir renvoyer des reflets de bonheur d'entre vous.

- Es tu en train de me dire que la seule mission dont je sois investie est la recherche du bonheur...Est ce vraiment cela  ? 

- Vous êtres humains avaient une grande facilité à vous rendre la vie des plus dures. n'avez-vous pas juste envie de vivre ? Pourquoi ne pas repartir sur les bases simples de la vie ? Profiter en toute simplicité de ce que nous éléments, astres, nous vous offrons ? N'avez vous pas compris que nous nous nourrissons de votre lumière ? Notre régénéremssence ne provient que de votre capacité à vivre pleinement, heureux, et libres. Mais cela vous est impossible. A trop vouloir grandir, à trop vouloir évoluer , à trop vouloir devenir un et unique vous vous enterrer dans vos propres consensus d'évolution. Apprenez donc à être humbles.Ne vous croyez pas sur-puissants dans un monde dont les tenants et les aboutissants vous échappent.Nous étoiles, nous protectrices de l'humanité, ne pourront pas éternellement retenir les éléments. 

- Pourquoi les retenir ?

- Parce que comme ils l'ont déjà fait, ils peuvent vous exterminer en un clin d'oeil. Ne tirez-vous jamais de leçons ? Pourtant vous avez suffisamment d'avertissements, les inondations, les tsunamis, les tremblements de terre , les tornades et ouragans, sont autant de punitions que de châtiments frappant aveuglement . La nature peut à tout moment reprendre ses droits sur vous...

Je rouvre les yeux. Ne me serais-je pas assoupie?

La lune est déjà haut dans le ciel, les étoiles nombreuses illuminants les cieux...Ne viendrais-je pas de rêver une conversation avec une étoile ? Etrange, très étrange...

Je m'étends dans les herbes dans lesquelles je suis allongée. Que la terre sent bon dans cette humidité de la nuit.Je tente de me lever, mais mon corps engourdi se refuse à tout mouvements. je suis ankylosée par le manque de mouvements et de confort.Je passe mes mains dans les herbes vertes et prends appuie lourdement. Je sens comme une délicate caresse parcourir mes muscles endolories me procurant des frissons, des chatouillis. Doucement mon corps retrouve sa souplesse.Je me lève ne sachant pas encore si je suis réveillée ou non. Une goutte de pluie me tombe sur le visage,pourtant il ni a aucun nuage. Je lève les yeux au ciel, et loin, loin dans les cieux une étoile me fait un clin d'oeil.

Vivre, n'est ce pas, toucher du doigt le bonheur pour qu'après les étoiles puissent le distiller au travers de la poussière de mon âme...Ce n'était donc pas un rêve ?

Sandrine LM

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