Dispute conjugale

Hervé Lénervé

Tous les couples connaissent des zones de turbulence, de petits incidents de vol.

-         Hervé, tu es un minable !

-         C'est marrant, c'est la deuxième fois qu'une personne me traite de minable, aujourd'hui. Alors que je ne l'avais jamais entendu de toute ma vie, à mon égard du moins. Etrange, non ?

-         Cela prouve que je ne suis pas la seule à être lucide sur ton état.

-         Montez une association, il y en aura plein d'autres !

-         Et je peux savoir qui d'autre t'a traité de minable ?

-         Je ne le connais pas vraiment ! En fait, tu le connais certainement beaucoup mieux que moi, puisque tu le vois deux fois par semaine à l'hôtel de la plage.

Ma femme pâlit, en fait je ne savais pas qu'une personne pouvait pâlir d'autant, elle était vraiment, véritablement, blanche comme neige, façon de parler bien sûr ! Puis elle se ressaisit.

-         Que vous êtes-vous dit ? Me dit-elle d'une voix de la même couleur que son teint.

-         Que veux-tu que des gens civilisés se disent dans de telles circonstances, des banalités somme toute. Je ne me souviens que du « minable » et de son dernier râle, au troisième coup de couteau.

-          Mon Dieu, vous vous êtes battus ?

-         Non ! Je l'ai juste poignardé. Il faut croire que j'avais mes raisons et il est juste mort, il faut croire qu'il avait les siennes. J'espère seulement que ce n'était pas à lui de payer la chambre d'hôtel, la prochaine fois.

-         Mon Dieu, tu es complètement cinglé !

-         Oui, je crois !

-         Et qu'as-tu l'intention de faire… te livrer à la police ?

-         Oui ! Mais après, quand tout sera fini.

-         Tu veux me tuer ?

-         Je ne veux pas, mais je vais le faire, j'y suis obligé. Je le regrette, mais je vais le faire avec le même couteau. Je ne l'ai pas lavé pour que vous puissiez échanger vos sangs. Je suis un gentleman.

Poste de police, salle d'interrogatoire.

-         Vous avouez avoir tué ; un, l'amant de votre femme, puis ; deux, la maîtresse de l'amant de votre femme ?

-         Ma femme, oui !

-         Mais vous êtes complètement cinglé !

-         Je sais, on me l'a déjà dit.

-         Les crimes passionnels n'ont plus court de nos jours, voyons, c'est d'un ringard ! Monsieur Lénervé, vous êtes un min…

-         Disons que je sois un peu vieille France.

-         Monsieur Lénervé, vous êtes un minable !

-         C'est marrant c'est la troisième fois qu'on me traite de minable, aujourd'hui, étrange, non ? Vous faites partie de l'association de ma femme, je présume ?

-         Non, non ! Monsieur Lénervé ! Reposer ce coupe-papier sur le bureau… harch… chheeuuuu…

Moralité : On dit que les mots sont des armes comme des lames, que les mots tuent et bouches cousues, je pense que cette phrase parle d'une mort symbolique, maintenant, les symboles n'ont jamais été ma tasse de thé, je suis plutôt café !

  • Jamais deux sans trois, oui je sais ce commentaire est minable !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • Au contraire, je le trouve fort à propos. D’ailleurs ne dit-on pas « jamais trois sans quatre » ? Non, c’est vrai, on ne le dit pas. :o))

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Peugeot ?

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Mario Pippo

    • Ha, ha, ha! Je suis plutôt Renault, faut dire que ma femme travaille chez eux. Donc pas de 203 sans Mégane ! :o))

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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