Dissolution
Maxime Arlot
Au couchant vaporeux où mer et ciel se mêlent,
Le soleil plonge enfin son orbe érubescent
Dans les ondes moirées de ce jour finissant,
Ourlant les nuages blancs d’une rose dentelle.
Un doux moutonnement vient lécher le rivage
Où mes pas indolents apposent leur cachet,
Et la brise inconstante emporte mes regrets,
Mes doutes, mes remords : délicieux effeuillage !
Mon âme s’abandonne à ces infinitudes ;
Elle plane, légère, au gré des éléments,
Tantôt sur les flots noirs que caresse le vent,
Tantôt sous les nuées peuplant les solitudes.
Je suis l’écume folle au sommet de la vague,
Je suis le sable sec qui crisse sous les pieds,
Je suis le goéland et je suis le galet
Et je suis l’horizon où le regard divague.
Non, rien n’existe plus que cette communion
Où mon corps se dissout dans le soir qui se meurt,
Où rien ne m’appartient, ni mes sens, ni mon cœur ;
De mon Moi tourmenté suave aliénation !