Distance

17 février 1973,

Un délit de conscience. Je ne pense pas que ces mots soient assemblables, et compréhensibles collés l'un à l'autre. C'est fou ce que la distance peut faire ressentir à quelqu'un. Vous savez, tout semble bien, tout semble magnifique, même transcendant...! Mais de l'autre côté... l'autre en a marre. Du moins c'est l'impression que vous avez, savez-vous. Il y a des jours ou l'un devient plus attaché à l'autre, ou l'un tombe amoureux avant l'autre.
Est-ce que c'est mal ? Je ne sais pas ; tout semble être un jeu assez amusant auquel vous jouez pour rire. Mais une fois que les deux sont amoureux, que se passe-t-il ? Je vous le demande. Que se passe-t-il dans leurs cœurs éloignés ? L'autre peut-il réellement ressentir les sentiments réciproques sans approche physique ? Personne ne peut savoir. Et pour autant, rien n'est sûr, il serait douteux d'appeler ces sentiments "l'amour".
Pourquoi douteux ? Je ne saurais vous répondre ; en vérité, c'est terriblement dur et douloureux de se limiter à des mots, à des voix, ou à des visages qui sourient chacun de leur côté. C'est triste, mais internet favorise tout cela ; oui, et j'en suis touché, "malheureusement" (?). J'ai rencontré cette personne en juin 2014. Oui. Et aujourd'hui je ne la reconnais plus ; ou du moins, j'ai l'impression d'avoir recommencé la relation avec elle, c'est comme si j'étais redevenu ami avec elle, comme si tous les sentiments accumulés, comme si toutes les promesses tendres et bienfaisantes s'étaient volatilisées : disparues. Je ne les retrouve plus, et je ne la retrouve plus non plus. Je la trouve changée, les différents événements ont aussi dû la chambouler quelque peu, mais à son retour... Ou est-ce moi, qui ait changé ?
Elle m'a avoué ne pas retrouver le sentiment qu'elle ressentait jadis à chaque fois qu'elle revenait. C'est assez blessant, dois-je vous avouer, j'aurais souhaité la voir joyeuse, mais non... J'ai eu droit à de simples mots froids, et puis plus rien. Je sais qu'il faut la laisser à distance, je sais qu'il faut qu'elle réfléchisse, mais j'ai un peu peur. Je suis certain qu'elle sait déjà tout ça, et ce serait trop lourd, trop fatiguant pour son mental de l'acharner de ces mots là encore une fois ; je suis conscient de ma lourdeur, je suis conscient de l'éternelle faiblesse dont je fais part quand je lui envoie des messages en lui demandant de revenir...
Mon seul souhait est de vivre avec elle, et je ferai tout pour la rejoindre... Si seulement elle pouvait être plus patiente... Je ne lui demande plus que quelques mois... Nous avons déjà fait presque une année, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Ah, que c'est lâche, tout ça. Mais promis, je ferai des efforts pour ne pas la coller de trop ; il faut qu'elle puisse respirer à nouveau.
Je t'aime, mon cœur.