« Dites moi, quel est votre monde ? »

Myo'

     « Mon monde à moi, c'est la peinture. Il est constitué parfois d'arabesques étranges et irréelles, d'une multitude de couleurs acidulées. D'autres fois, il est composé de portraits aussi nets que des photos et de paysages vivants ou désolés. Le matin, il est sombre ; la nuit, il est doux. Mon monde varie souvent et pour ne pas le perdre, je le couche sur des toiles vierges. Il y a des gens qui l'aiment et des gens qui le détestent. Moi, mon monde, il me plaît parce qu'il se laisse partager. »

    « J'essaye de garder un monde d'enfant. On dit d'un adulte créatif que c'est un enfant qui a survécu, et j'essaye à tout prix de l'être. Les lignes du passages piétons restent l'abri de féroces crocodiles et mon volant renferme en réalité tout une fanfare. J'aime être émerveillée par l'océan ou une grande roue rouillée. Je veux apprendre et connaître. Je veux vivre de douceurs et d'amour. Ma vie doit rester une belle vie. J'essaye de rire comme je respire. Mon monde est tendre, c'est un cocon de tendresse où résonne les histoires de maman. »

    « Moi, mon monde, c'est le monde réel. Je ne vis pas d'utopies faciles et connais la vérité. Dans mon monde, des mômes crèvent à la guerre quand d'autres parlent fringues et amourettes. Il y a des adultes qui ne peuvent que subir en silence et d'autres qui se plaignent de leur vie, tranquillement assis à un apéro. Des vieux finissent oubliés quand d'autres finissent comme des légumes à l'hôpital, à cause de l'égoïsme de leurs proches. Mon monde n'a que la beauté artificielle pour survivre, c'est la seule chose à laquelle il peut se raccrocher. La culture et l'art l'ont déserté depuis longtemps. Mon monde n'est que souffrance, haine et cruauté. L'amour est son plus grand mensonge. Mon monde est insoutenable. »

    « Mon monde, c'est les autres. Vivre pour moi ne sert à rien. Je me sentirais mal si tout tournait autour de moi. J'ai besoin d'aider les aveugles, les SDF, les handicapés, etc. C'est impensable pour moi, de rester devant ma télé à regarder le malheur hurler. J'essaye de rendre le sourire aux condamnés. Mon monde essaye de mettre de la joie dans le monde des autres. »

    « Mon monde, c'est l'Islande. C'est mes racines, mon pays, ma vie en somme. Et ça me rend heureuse de voir que quelque chose soit encore aussi beau. Là bas, il y a des gens entiers et bons qui vivent dans des contrastes merveilleux. Les volcans arrivent à se marier avec la glace, c'est fabuleux non ? Mon monde, c'est la beauté de la nature. »

    « Moi, dans mon monde, il n'y a que de l'amour. L'amour que je porte à ma femme, l'amour que je porte à ma fille, l'amour que je porte à ma famille, même l'amour que je porte aux inconnus ! Je pense que haïr ne sert à rien et je préfère aimer. Mon monde est merveilleux. »

    « Mon monde à moi... C'est la télé bien sûr ! La play aussi, et les potes. Et Sarah et ses formes. Dans mon monde, y'a pas l'école évidemment, mais j'suis pas con pour autant, faut pas croire. Plus tard, j'srais connu, j'vous l'promet ! J'vais d'venir quelqu'un et tout bousculer, comme ça l'monde, bah il s'ra mieux ! J'vous l'promet, mon monde, y va tout changer. »

    « Mon monde, c'est des regards venimeux à chaque pas et à chaque baiser. Noir et gay, ça ne fait pas bon ménage. Certains m'insultent à cause de ma présence, d'autres me fixent avec dédain quand je prends la main à mon copain. Quelques inconnus viennent parfois me féliciter et me font des signes d'encouragement. Comme si j'étais une bête de foire. Mon monde est incompréhensible. »

    « Mon monde, c'est le vice. La seule solution pour vraiment exister, c'est de n'avoir que soi. Les sentiments et l'attachement ne sont que des entraves à la jouissance. Il y a moi et rien que moi. Pourtant, j'aime les femmes. A la folie, toutes les nuits. J'aime les hommes aussi, parfois. Mais, ce que je préfère, c'est les détruire pour les salir jusqu'à la moelle. Mon monde, c'est un mélange d'alcool, de drogue et de nuits passionnées. C'est la déchéance, la dépravation et tant d'autres choses aux consonances néfastes. C'est le plus pur des délices, la liberté à étreindre à tout moment. Mon monde est exquis. »

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