Divorce, veuvage, identique deuil
Jean Claude Blanc
Divorce, veuvage, identique deuil
Modèle d'artiste, le verbe haut
Logique endosse l'oripeau
D'un pauvre type, manque de pot
La soixantaine, en a plein le dos
Seul, ignoré de ses marmots
Sa femme partie, pour un jeunot…
Débute pas mal mon scénario
Ras à la coupe, va déborder
Perpétuellement être sujet
De sa fidèle crédulité
Qu'il en est quitte à se lamenter
Riche mariage, en paie le prix
N'en étant plus de ces sauteries
Sa belle-famille qui l'adulait
Lâche s'en éloigne, vaut plus un clou
Le dédaignant sans intérêt
Sitôt divorce consommé
Sans doute, ne veut-elle pas s'en mêler
De cette discorde entre époux
Se ronge les sangs, ladre retraité
A cogiter sur ses regrets
Pourquoi l'avoir laisser tomber
Qu'une parcelle d'amitié
Serait pas de trop pour le consoler
Mais de coutume, dans l'ordre des choses
Plus de sainte alliance, fanées les roses
Que trop naïf, encore il ose
Prendre des nouvelles de son ex
Les sentiments tellement complexes
Même pas peur que ça la vexe
Pourtant en berne son maigre sexe
A dû se faire à l'idée
Quelle cruelle réalité
Pacte rompu chez le notaire
Chacun son fric, son avocat
Car à la guerre comme à la guerre
On va pas se laisser dépouiller
A moi, outils de l'atelier
Ainsi que mes frusques, ma pipe d'enfer
A toi, bagnole, meubles, villa
En plus pension alimentaire
Pour en finir, force à la loi
Les deux ruinés, d'en abuser
Se chercher des poux, où y'en a pas
Se séparer à la loyale
Parait normal, à part égale
Mais froidement mettre les voiles
Vraiment lui sape le moral
De n'être plus que des étrangers
A éviter se rencontrer
Qu'au téléphone converser
Juste pour la forme désormais
Que se soucier de la santé
De leurs gosses, la goutte aux nez
Sans leur père en leur foyer
Elle s'est tirée pour un minet
Qui a su la faire rêver
Snob, galant pour la servir
Comme elle adore voyager
L'en a comblée de ses désirs
Ce globe-trotter, frimeur bronzé
Sous les néons des rues de ST E…
Faisant pas le poids, guère intrépide
Qui cultivait son jardinet
Comme chaque été, pour les congés
Lui a fallu, rester lucide
Face à ce bobo, bouseux peigne-cul
Qui se complait, en ce trou perdu
Tapant la belote, chez ses voisins
Se conter les pierres des chemins
Durée 20 ans, cette chaste union
Même au début, voilé le croupion
Plus exigeante cette nénette
De ses volontés pas satisfaite
Subitement changea de braguette
Refusant son corps le plus souvent
A son bonhomme, pas furibond
S'est pas douté ce cornichon
Qu'elle devait avoir un amant
Vachement menti avec aplomb
Lui répétant, au commencement
Que serait génial pondre des enfants
Elle qui déjà, se barrait le soir
Selon ses dires pour ses devoirs
Chez sa copine…instit rare
Encore queutard, n'a pas tardé
A ses instincts s'y adonner
Comme tout mâle épris, satyre
A lui en foutre plein le vagin
Facilement exécuté
Ça valait le coup, pour se reproduire
Acte rituel, à peine pieuté
Quelques minutes de volupté
Que pour ses bourses, elle supportant
Aller et venu de ses instruments
Pour accoucher d'un nourrisson
Faut en subir la punition
Finalement qu'un homme objet
Que juste bon pour procréer
Caresses, ivresse, ça pas question
Déjà tâter ses gros nichons
Que l'autre jules, fou de ses fessiers
Hurle ce jaloux, « place réservée
Garde ta bitte pour pisser »
(Fertile son imagination
De ce conjoint, coupeur de citron)
65 berges, se languit toujours
Pourtant blasé de ces minettes
S'en accommode, à la diète
Pourvu que l'extase dure qu'un jour
Leur en promettre serait pas honnête
En vérité, plus très gaillard
Occupe son temps sur sa guitare
S'il commet une fausse note
Ne cherche pas à qui la faute
S'en prend qu'à lui, tête de linotte
Noircit des pages, d'un style subtil
Pour se délivrer de ses angoisses
Que de succès, en rats des villes
Les lisent même pas ces sottes fillasses
Encore chef d'œuvre en péril
Que cet intime, qui a la poisse
S'apercevant qu'entre ces lignes
L'estime toujours, cette femme digne
Qu'il a aimé avec passion
Elevant ses mômes, polis, instruits
Intelligents, doués de raisons
Grâce à mère poule, la remercie
Comme quoi pas triste, ni aigri
A lui dédier cette oraison
Maitresse d'école, de son compagnon
Qu'a tout pigé, pas besoin de leçons
Conter sornette, sa partition
Ont bien grandi ses deux mimis
Se les garde au chaud, par nostalgie
Ces temps anciens de pur bonheur
Où ils couraient avec ferveur
Pour leur maman, cueillir des fleurs
Puis s'attablaient pour faire 4 heures
Bol de cacao, tartines de beurre
Et ainsi de suite, verse des pleurs…
Plus qu'une vieille branche, en sa demeure
Le visitent guère ses garnements
Bâtissent leur nid, manquent pas d'argent
Alors mon pote, sur ses sommets
Plus le goût se faire à bouffer
Qu'à ruminer sur son passé
Restent que sa reine mère et ses deux sœurs
Si impuissantes pour le détacher
De ses écrits, cet obstiné
Craignant que d'ennui, lentement se meurt
Pote remodelé de toute pièce
En ma mémoire de brave AS
Dois me l'avouer, ce qu'il m'inspire
M'ayant confié tous ses échecs
De mon turbin, bouts de souvenirs
Ainsi comme on va à confesse
De ce misérable, m'en fais l'évêque
Quand j'ai tendance à mollir
D'avance assure mon avenir
Aussi me suis fait cette promesse
Si mes angelots me délaissent
Plus qu'existence à vomir
Valant plus rien, même pas une messe
Mais avec hâte souhaite m'endormir
Consolation, en cas de détresse
Plus que la Vierge pour me chérir
Postérité bonne qu'à trahir
Comme Caïn ce fratricide
En désertant pousse à mourir
Pas le courage encore lucide
Mais leur réserve sacrée surprise
Ma descendance risque lui en cuire
Suffit que j'en fasse tout un roman
A bouquiner après l'église
Et mon fatal enterrement
Pas de chrysanthèmes, ces quelques feuilles
Dont je m'honore avec orgueil
Pour conjurer le mauvais œil
Abel patiente sur le seuil
De son nuage, diable ‘d'écureuil
Divorce, veuvage, identique deuil
L'un la valise, l'autre le cercueil JC Blanc mai 2018 (vie convie à gerber)