06 - DJIN ET LE COVERTEASE

suemai

Djin m'en fait voir de toutes les couleurs, mais je l'aime.

— Toc toc toc, tac toc tac, toc toc, toc... « aillllllllle », mon pouce par Jésus Marie Joseph…

Non mais, du bois de cèdre… et je dois me farcir une bibliothèque, tout juste entourant la porte patio, tout ça pour ces B… de Readerzzz. Le délire, je ne vous dis pas. Vraiment, ça tient de l'impossible. J'ai prix un arrangement avec American express, j'ai six mois pour tout rembourser. Ce qui me donne un minimum de 3 heures par jour de temps sup, comme elle dit. C'est la cata… Je ne fournis plus. De plus, elle désire un dispositif de réglage pour stabiliser et l'humidité et la chaleur ambiante. Pour la conservation, qu'elle dit. Ça va devenir une « Bibli. » à fous, pas à livres.

— Un souci, Chewing ?

— «Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!»

— Mais qu'est-ce qui t'arrive, t'as vu un papillon bleu? J'en veux un aussi!

— Non... non… non… mais tu portes des talons, et rose bonbon…  ? « Des « Louboutins » que j'pense de suite. Et ma carte de crédit qui pique du nez. »

— Ben oui quoi, c'est dans le numéro d'avril 2012, c'est dit : «Choisissez les talons qui vous conviennent et rehausser votre look»  Alors j'suis les conseils, c'est tout.

— Mais Djin ! J'aime bien voir tes mignons petits pieds, même en chaussettes. C'est... c'est... une p'tite consolation !

— Comme quand tu m'regardes et que tes yeux deviennent fous. Là t'essaies d'entrer ton machin dans mon machin et ça finit toujours par : «Je peux faire mieux!… je sais que je peux faire mieux!!…»

— T'es obligée de tout raconter ?

— Ben, ce sont tes lecteurs. Il ne faut pas oublier…

— Co... com… comment, tu sais tout ça et la discrétion tu connais ?

— Chewing, il ne faut jamais enregistrer ses mots de passe. « Les éditons WLW... », j'ai tout lu. Pas mal marrant le truc des sucettes et le gars de « FEDEX. » C'est cool d'être une vedette…

— Djin… Djin ! Tu fouilles sur mon ordinateur, tu te rends compte !

— Je farfouille Chewing, pas fouiller.

Du Ferré maintenant qu'elle me sert « Dans la galerie j'farfouille » bof… j'aime bien cette chanson.

— Y'a une différence que je lui demande ?

— Ben farfouille c'est pas fouiller, c'est farfouiller non?

Là je démissionne. Elle rendrait folle une patte folle. Tiens je débloque. Ça barge solide dans ma tête.

— Ah, j't'ai pas dit Chewing, Le Timus, ben… il emménage avec nous.

— « Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiii », le Timus, mais Djin tu n'y pense pas!

— Voyons, Chewing, je pense qu'à ça. Le pauvre, y'a qu'une chambrette au sous-sol de chez Max et il doit changer le lit tous les jours, rapport que c'est un costaud tu sais…

Djin me laisse boulotter. Ses Lolos font « ke-boung, ke-boung » en accord avec ses talons, « clac, clac, clac », rose bonbon, non mais... Elle gambade et moi c'est la marmelade. Le Timus maintenant. J'me prends une éclisse de bois dans le pouce, « ailllllllllle. » Va falloir que j'agrandisse. Là j'suis à bout. Je passe les moufles, un verre d'eau de scotch et j'me cale dans le fauteuil. Djin revient, me fait une p'tite caresse, et se dirige vers la sono.

— Calme-toi, Chewing, j'ai ce qu'il faut pour te détendre.

Eh ben ça y est, elle me plaque « Madame Butterfly » de ce conard de « Puccini. »  Une version avec nul autre que le ténor « Zebatello. » C'est pas des notes qu'il chante, mais des scories du Vésuve qu'il te lance en pleine poire. Ténor à projection qu'ils disent. Merde, la journée que j'me tape. Je lampe la moitié du verre. J'ai les cheveux qui hérissent, un peu comme « Haddock  écoutant la Castafiore.» Là, faut que j'appelle les potes. Du « covertease… » Elle nous fait un « coming in » pour sûre  B…D…M…  J'sens qu'ils vont pas aimer. Je cale mon verre. Pastissé à fond, j'essaie de conserver une certaine dignité. Cet opéra fait pleurer Djin et je déteste la voir triste, ça me fait toujours pleurer…

On en reparlera   

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