Docteur Machin ou Docteur Truc.

Christophe Hulé

Je me souviens de la trousse d'antan, et du cartable.

Dans une famille nombreuse, à cette époque le recyclage allait de soi.

On portait des shorts ou des godasses, sans marque, que les grands frères avaient usés.

Et c'était pareil pour mes frangines.

De même que j'ai porté le poids du deuxième du nom, une tête brûlée, mais les profs ont eu tôt fait de séparer le bon grain de l'ivraie.

Bien sûr, ça fait prétentieux, mais même aujourd'hui je persiste et signe.

J'ai dû prendre au pied de la lettre le message des curés, les éducateurs de l'époque.

J'en ai bavé après, pas besoin de vous faire un dessin.

Le frérot a quitté le lycée pour attitude non avenue, et a prospéré dans la Marine.

J'ai continué à jouer l'enfant sage, fébrile et penaud au moindre froncement de sourcils de ma mère.

Et je te fais confiance, et ne me déçois pas.

J'ose le dire maintenant, deux poids, deux mesures, pour qui se plie aux préceptes, par faiblesse, la vie sera plus dure, car on aura toujours en tête ce sentiment d'injustice.

Évidemment ça fait chic et tendance d'accuser ses parents, de consulter Docteur Machin ou Docteur Truc, pensant se rendre intéressant aux soirées entre amis.

En fait, je n'ai jamais parlé de ces trucs à qui que ce soit, et les amis ont disparus comme neige au soleil après mes années d'études.

Avec le recul, je ne pense pas être le seul, il faudrait redéfinir les valeurs de ce qu'on appelle « amitié », souvent contextuelle, souvent par intérêt, qu'il me jette la pierre celui ou celle qui n'a pas déchanté.

On nous faisait lire Pagnol, et j'ai connu la blouse et l'encrier.

Quel progrès depuis n'est-ce pas ?

Le portable, la tablette, le PC, TIK TOK, instagram et consorts.

Je parle ici de trucs dont je ne connais que le nom.

J'aimerais dire ici que ça ne m'empêche pas de dormir.

Quand on sait les dégâts, pas sûr que les curés ont fait mieux.

Il faudrait remettre à plat le rôle de l'Éducation Nationale.

Que le social revienne au social, et il y a des myriades de personnels dédiés.

Que les délinquants soient pris en charge par les juges et la Police.

Que les déséquilibrés, ou quelque soit le nom qu'on leur donne, soit l'affaire des psychiatres ou psychologues.

Les Profs sont en apnée depuis des décennies, qui sont les Ministres qui ont parlé programme, matières, transmission des connaissances ?

J'en connais quelques-uns, mais ils sont minoritaires hélas.

Refonder l'école, Messieurs les Énarques, c'est permettre aux enfants d'accéder à la connaissance, toutes matières confondues, foutre la paix aux enseignants et leur permettre d'exercer le métier.

Si tout va mal aujourd'hui, il faut arrêter de déclarer l'École responsable.

Mettons les enseignants à l'abri, ils pourront demander leur mutation dans la région qu'ils auront choisie, en visioconférence.

Le virtuel a cet avantage de n'être ni poignardé ni décapité.

Et puis, autant le dire, ces cinquante minutes ressemblent à s'y méprendre à la cocote minute.

6 minutes suffisent à cuire les légumes.

OK, j'ai conscience d'être allé trop loin.

Mais parfois il faut bien provoquer un peu pour se faire entendre.

Monsieur le Ministre, avez-vous dans votre mallette ultra-chic un mémo sur ce qu'on appelle communément « le bon  sens ».

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