Dolorès

PUBLIÉ SUR http://www.alexanderdequerzen.com/texte/dolores/

00:00.
L’heure du crime.
L’heure d’aller se coucher peut-être.
J’sais pas.
Du Radium sort de mes enceintes, je zappe sur les deux Akaï pour que le rendu des basses soit meilleur.

Mal. Bobo. Douleur. Souffrance.
Soulagement. Bien être. Repos.

Je me lève pour me servir un pastis. Le son m’accompagne en se faisant plus limpide, plus cristallin… Au fur et à mesure que je me verse mon verre, les basses pointent leur nez. Cycle régulier et régulateur.

Je reviens à ma machine.

Je sais que je ne vais pas dormir.
Elle est là.
Je la sens.

Qui ? Mon amie. Ma copine.
Qui ? Mon ennemie. Ma bête noire.

Dolorès…

Machin disait que “Ce qui ne nous tu(ait) pas nous rend(ait) plus fort”…Ouais. Ben voyons. C’est qui qui disait ça?
(..)
Ah ouais quand même… C’était Alex Le Grand… Roi de Macédoine… Pas le dernier des pingouins… (mode trip pingouin)

Imaginez que vous sentiez fondre votre propre visage.
Imaginez que vos mains soient transpercées par de minuscules aiguilles… Qu’elles soient tailladées par des micro coupures… que votre peau soit arrachée à vif à certains endroits, et que ces endroits vous démangent, vous brûlent, deviennent sensiblement insensibles…
Niveau 1.

Jouons au devinettes… Quel est l’endroit le plus “visible”? Quelle est la (ou les) partie(s) du corps que l’on regarde toujours?
Réponse?
Le visage.
Les mains.
Votre torse peut cacher une cicatrice de 30cm, personne ne le saura.
Coupez vous au rasoir parce que vous vous êtes trop défoncé la veille, et tout le monde le remarquera.
Niveau 2.

“Aaaaarggghhh…” dixit Guillaume…

Combinez les deux.
Dégradation physiquement visible… D’aspect pas beau. Repoussant. Berk.
Toujours sur le plan physique, cela ouvre les portes vers un troisième niveau.

Vous permettez que je rallume mon joint s’il vous plaît?
Merci.

Je disais..
Oui, le niveau 3. L’effet alien. Le fait de voir votre peau en apparence trompeusement “régénérée”, tout en visualisant l’absence de visibilité de la prochaine montée…
” yo, ça va?”
” ouais, j’ai encore 2 ou 3 jours de pas ‘malomain’!”
Pas compatible.

La douleur rend fou.
La folie créative.

Parlez de ce que vous connaissez? Parlons de la douleur…
Qu’est ce qui vous a le plus fait mal?

” La plus grande blague que le diable ait jamais faite était de convaincre le monde qu’il n’existait pas” (Keyser Söze) Et le plus gros coup de pute, de convaincre le monde que c’était la vérité.
Il est là.
Partout.

Démonstration logique, Dieu est amour donc le Diable est douleur.
Je subis la douleur, elle fait partie de moi… le Diable m’habite et le doute me ronge…
Merde.

Je m’auto-décrète hérétique.
Vais finir sur un bûcher, comme la Jeanne. Pas Marie, mais la Pucelle.

Tout compte fait, j’préfèrerais me pendre. Paraîtrait que t’as un dernier orgasme, ou du moins éjaculation, avant de mourir…

Shit, le sound system est fini. Passage en revues des tracks, mon choix s’arrête sur un Triphasé. Je branche.

J’en profite pour respirer un grand coup. L’air est vicié, il sent la weed.
Coïncidence? Le joint déclare sa mort. RIP petit, RIP…
Un parmi tant d’autres.
Comme moi parmi tant d’autres…

Le pouce droit commence à se figer… Déjà, un doigt sur trois est rigide. Pas trop pratique pour un exercice d’écriture…
Privilège (?) aux travaux mulottiens (ainsi désignés de par leur forte utilisation d’un instrument, objet de nombreuses caresses de la part de nombreuses personne around the world, le “mulot” ou “souris”…) dans ce cas.

La route est longue. Mais longue…

Psychose. Où va t-elle attaquer la prochaine fois? C’et que c’est sournois en plus… Vous croyez qu’après le pouce gauche, ça va être la paume… Et ben non, c’est le coude gauche qui morfle.
Malheur. Misère…

La basse rebondissante me pose une question : est-ce vraiment la misère?
Question en rappelant une autre : ça fait comment de se retrouver hors de ses habitudes?

J’ai trouvé un bout de réponse… Du moins je crois… Je doute encore un chouïa (si vous ne comprenez pas ce mot, ce n’est pas grave, imaginez encore moins qu’un tout petit peu), mais tout petit…

Ce bout de réponse, il faut que je l’affûte, que je l’aiguise, que j’en prenne soin.
De bonds en bonds, de bon en mauvais, par vaux et marais, je dois y faire gaffe.

Ne plus considérer la douleur comme faisant partie de moi, mais comme un corps étranger.

Il est ainsi des gens que vous ne pouvez vous empêcher d’aider, tant bien vous en auriez marre de le faire.
La douleur est pareille.
Il faut que je l’apprivoise, la contrôle et la gère.
Afin de la museler et de la baiser.

C’est ainsi.

Je vais te baiser Dolorès.
Te montrer à quel point je n’en ai rien à foutre, uniquement pour te prouver que je peux passer outre…
Et déverrouiller l’accès au niveau mental… Celui de la confiance…
Car non seulement tu fais souffrir au niveau physique, aussi bien (et là est toute la beauté de tes saloperies de méthodes) qu’au niveau mental : tu es une perversité vicieuse de la vie…
A détruire souterrainement de l’intérieur, tu bouffes le moral… Et tel une gangrène tu incites à te protéger et te cacher, encore et toujours…
Tu es une pute.
Mais je suis pire que toi, je suis ton Fils, tu m’as élevé, choyé et chéri depuis plus de deux ans…On fait la paire toi, et moi…

Mais la relation s’inverse.
A salope, salope et demie…

La crème te repousse. Les produits du shaman aussi. Les cachets du toubib pareil.
Et moi pareil. J’ai confiance.
En moi et en ce qu’il y a autour de moi…
Un proverbe malgache me l’a confirmé… Agnostique adepte de l’auto religion, je ne crois que ce que je veux bien croire…
Et rien que pour ça, rien que pour eux, ça vaut le coup d’essayer.
D’essayer et de faire.

” Etre et avoir “…
Etre souffrant et avoir été souffrant.
Etre malade et avoir été malade.
Etre… Et avoir été, toujours.
Maintenant, je suis.
Je te hais et tu me le rends bien, mais tu n’es plus qu’un parasite en CDD.