Dolores

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Du latin dolor, sensation de souffrance, état pénible produit par un mal physique ou moral. Synonymes : affliction, amertume, blessure, brûlure, chagrin, déchirement, désolation, Enfer.

Ô mon grand amour, toi, qui est souvent si présente à mes côtés, même quand ta présence n'est pas demandée. De tes doigts fins, aussi tranchants que des lames de rasoir, tu m'as tant de fois caressé la joue. Comme une mère bercerait son enfant. Quand j'étais dans le noir, samedi soir, perdue dans cette chambre d'hôtel à pleurer et à hurler ma peine, tu étais là. Assise sur le lit, recroquevillée, grande ombre sombre à la colonne vertébrale visible, tu me fixais de ton visage sans yeux ni bouche, de ton visage ténébreux et douloureux. Tu hurlais des choses, inaudibles pour les autres mais si bruyantes pour moi. Tu vas rester avec moi, car moi je t'aime, tu vas rester à mes côtés, hein. Ils n'en valent pas la peine, cet homme dont ton cœur s'éprend, il ne sera jamais aussi présent que moi. Ta gueule, putain, ta gueule. Tu souriais de me voir pliée sur moi-même, gémissant et vomissant ma souffrance. Comme si ma peine nourrissait ta silhouette squelettique et macabre. J'ai essayé de te parler, de te prier de me laisser tranquille, mais ça va bien faire cinq ans que tu me suis partout. Tu as déposé ta marque sur moi. Mes yeux, bordés de larmes, ne te cherchent plus. Ma voix, chevrotante, ne t'appelle plus. Et mon cœur, martelé, blessé par le nombre de coups de pute que tu lui as fait, ne veut même plus battre, de peur que tu le remarques. Il se cache, entre mes côtes, et ne bat que faiblement, priant pour que tu ne le vois pas, pour que tu l'oublies enfin. Tu as noirci mes poumons avec tes cigarettes, ils sont si sombres et desséchés qu'ils s'excusent à chaque respiration de ne pas pouvoir cacher mon cœur. Dolores, tu m'as pris dans tes bras, et tu m'as embrassé, d'une façon si douce, que j'ai préféré rester contre toi. Ton corps n'a aucune chaleur, tu es froide, glaciale et dure comme du marbre. Tu me fais penser des choses atroces. 

J'aimerais que tu me laisses tranquille, et pourtant, tu m'as rendue accro à toi, Dolores. Je t'aime, et je te hais. Pourtant, tout le monde autour de moi te déteste. Ils ne veulent que ta mort, ils ne souhaitent que ta disparition, et ils t'assassinent un peu quand ils me prennent contre eux. Eux, avec leur cœur flambant neuf, leur cœur qui bat d'une façon si joyeuse et si dynamique qu'il effraie le mien, recroquevillé et morne. Eux, avec leur amour à revendre, leurs sourires sincères, leurs envies de boire, de s'amuser. Ils me tuent, et tu as réussi à me faire détester ces gens-là. Je ne supporte pas la vue du bonheur, je ne supporte plus les consolations ni les câlins. Je ne supporte même plus que ma mère me prenne dans ses bras. 

Dolores, mon amour, tu me tiens contre toi, tu me sers dans tes bras anorexiques, tu m'embrasses, oh non, tu m'étouffes. Ta bouche édentée collée à la mienne, ta langue ignoble et âcre caressant mes dents et ta salive noire et épaisse se déverse dans ma gorge pour atteindre mon estomac et se répandre dans mon corps.

Je te respire, Dolores.

Tu m'asphyxies, Dolores. 

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