Dorlote.
odeanox
De nouveau, j'entre dans une période de deuil amoureux.
Ce moment où l'on se décide à accepter que l'autre ne nous aime pas et que ce pour quoi on s'est battu avec soi-même et avec le monde n'arrivera pas.
Ce moment où il m'est plus que nécessaire de rentrer en solitude, de repousser le monde, de m'observer, me scruter mais aussi me persuader que ce n'est pas parce qu'elle ne m'aime pas que les autres ne le feront pas non plus - et a fortiori que moi-même, je dois m'arrêter de m'aimer aussi.
Les dernières semaines furent une période noire, que je me suis acharnée à refuser en tant que telle, et qui me conduit aujourd'hui à des maux de ventre.
Je me suis pris un râteau, à dire vrai le seul "physique", "immédiat", que j'aie jamais pris.
Ce fut brutal. Ce que j'aime tant en elle est son aspect entier, passionné - et c'est avec cet aspect qu'elle s'est figée, a adopté un regard glacial et refusé.
Pour pallier à cette claque dans la gueule, j'ai cru bon faire ma maligne en adoptant l'indifférence. Non, ça ne m'a pas touchée. Oui, je passe au dessus. Clairement, je n'ai besoin ni de te regarder dans les yeux, ni de te contempler, ni de te sourire, parce que bien sûr tu n'es rien dans ma vie.
Aujourd'hui, après tant de larmes, de clopes et de bouteilles d'alcool, j'ai peu à peu compris qu'il ne sert à rien de lutter. De se changer. De refuser d'agir en ce qui nous fait du bien.
Je ne peux pas m'empêcher de te regarder, parce que tu es si magnifique que tu en viens à métamorphoser l'air autour de toi. Quand tu bouges, quand tu danses, quand tu me regardes, quand tu souris, l'univers éclot.
Je voudrais pour toi défaire le langage et parvenir à te dire ces mots que tu n'as pas voulu que je te dise.
Tu existes. Le monde est parfait puisqu'il t'a créée.
Je ne peux pas lutter contre ça. Je ne peux pas m'empêcher de la regarder. De lui transmettre tout ce qu'elle me fait éprouver par le regard, puisque je ne peux le lui dire autrement.
La prochaine fois que je la verrai, de nouveau je la regarderai, je lui sourirai. De nouveau, je serai heureuse même si elle ne veut pas de moi. Je n'aurai plus mal au ventre : petit à petit, j'accepterai de passer à autre chose. Mais en attendant, je ne porterai plus de masque.
Je ne contrôle pas.
Et si ça t'embête, mon amour, tout ce que je porte pour toi, sache que je n'y peux rien.