Dormir sous la lune, improvisation sur mon clavier.

Ce n'est qu'à cet instant que j'ai réalisé, ce que j'avais vécu jusqu'ici, ce qui m'avait encouragé à attendre, je me suis rendue compte que ce qui unit les Hommes c'est la souffrance, se demander si la Terre est ronde, courir sur le sol ombragé de souvenirs, combien de personnes sont passées ici avant nous, qui a eu les mêmes rêves, qui y a cru, qui a abandonné. Perdus dans ses pensées, les méandres, je me demande, encore une fois de plus ce qui arrivera demain matin, si je vais aller prendre le métro, à la bourre, si je vais aller le voir, enfin lui dire que c'est de lui dont j'ai besoin, mais je vais me taire, rigoler à son regard, je fais comme si rien ne m'importait, mais si un jour, tout changeait, au jour le jour, que la neige tombe plus liquide, que je tombe, et que je ne me relève jamais, je ne pourrais plus découvrir, c'est la seule chose qui me tient éveillée, et traduire du Shakespeare, chaque nuit à quatre heures du matin, me dire que la vie peut-être différente, c'est ce que je me suis demandée, en premier, mais à la fin j'ai réalisé que c'est pas la vie qui doit être différente, c'est nous.

Vivre pour toujours, mais qu'en est-il de vivre pour toujours avec soi-même ? C'est peut-être à ça que servent les textes, on garde toujours une trace du passé, même si l'ancre qu'on a jetée à l'eau ne nous maintient pas bien longtemps, même si l'écume des jours vient nous chatouiller, nous appelle à avancer. Rester là, respirer, se demander si il faut avancer, alors que les autres, ceux qui vous ont aidé, restent plantés au même endroit, incapables de tailler la route aussi vite que vous, de fuir loin du passé rattrapant et ravageant tout sur son passage... 

Et si peut-être tout s'arrête, du jour au lendemain, que tout s'arrête de tourner, que la musique s'arrête, que tous se taisent, supposons qu'un jour le monde en arrive là, alors, qui guidera la danse ?