Dos à moi dans la mêlée

ernestin-frenelius

Je me suis installé

Ai commencé à écrire

La tram a démarré

Le premier arrêt est annoncé

Il n’y a que trois autres passagers

Qui avant attendaient avec moi sur le quai

Maintenant hors de vue

Je ne peux les écrire

Premier arrêt

Beaucoup de voyageur montent tout devant

Je suis presque tout derrière

Derrière moi est monté une fille qui parle fort anglais

Deuxième arrêt

Un jeune homme costaud, basané, lunettes noires, monte et s’installe dos à moi

Trois anglais passent à mes cotés

Troisième arrêt

Un homme noir, vêtu de noir, monte et s’installe dos à moi

Par intermittence le soleil éclaire ma page

Un homme avec une chemise à carreaux rouge et noire s’est assis plus loin sur ma gauche

Quatrième arrêt

De nombreux voyageurs montent

Plusieurs avec des sacs de plages

Un homme, un baise en ville autour du cou, s’installe à mes cotés

Et je l’écris

Cinquième arrêt

Deux jeunes filles brunes montent

Un bébé dans les bras de sa mère me regarde

L’homme assis à mes cotés se lève et descend

Sixième arrêt

Un couple monte

La fille hésite à s’assoir à mes cotés

C’est une femme qui s’y assied

Chargée de paquets

La fille se serre contre son copain

Se tourne vers moi me regarde

Septième arrêt

Rien n’a bougé devant moi

Je ne vois pas les voyageurs qui montent ou descendent

À cause de ceux qui sont déjà là et m’obstruent la vue

La fille pose son menton sur l’épaule de son copain

La femme à mes cotés s’est levée

Huitième arrêt

Le couple s’est retiré derrière

A dévoilé un type en tee-shirt rouge avec des lunettes noires qui lit debout devant moi

Neuvième arrêt

Une fille brune toute de bleue sauf ses escarpins jaune habillées est descendue

J’entrevois que le bouquin que le type lit est épais

Mais je n’en vois pas la couverture

Ne peux en écrire le titre

Une fille assise plus loin sur ma gauche bouquine aussi

Le tram s’est arrêté entre deux arrêts

On entend mieux l’entremélat des voix des passagers

Il repart

Des passagers se lèvent et se massent devant les portes

Attendent

Dixième arrêt

Ils descendent

Un homme noir vêtu d’une chemise grise et d’un jeans se met debout dos à moi

Un grand gars costaud s’installe à mes cotés

Onzième arrêt

Une fille blonde monte avec son copain

Un homme moustachu

Une mère et ses enfants

Des bambins qui gambadent

Et rient fort d’un bébé dans une poussette

Qui pousse des cris

Que console un homme en le poussant

Ils descendent comme une vieille dame

Appuyé sur sa cane

Qui soutient à celui qui veut l’aider

Qu’elle se porte très bien

Et sourit au bébé

Dont les cris s’éloignent

Je vais ranger mon stylo et mon cahier

Me lever

M’extirper de la mouvante et changeante mêlé

Pour descendre au prochaine arrêt.

Signaler ce texte