D'ouest en Est - Chapitre 25 - Epilogue
Philippe Esteban
CHAPITRE 25
Mercredi 4 Septembre 1991
Chère Carol,
Il était un peu plus de minuit quand Scott est rentré du cinéma. Il m’a trouvé assis dans un fauteuil, dans le noir. Christopher s’était endormi peu de temps après avoir fait l’amour pour la première fois. Il m’avait guidé, il avait été tendre. Il m’avait rassuré. Il s’était montré le plus doux des amants.
Je pouvais enfin le regarder dormir. Il était tout simplement beau et je l’aimais aussi fort que j’avais pu le détester. L’odeur de sa peau me grisait, au point de me priver de sommeil.
Scott ne saisit pas tout de suite ce qui se passait. Je lui faisais signe de ne pas faire de bruit, alors que je l’accompagnais jusqu’à ma chambre.
Il eut du mal à cacher sa surprise. Pour la première fois, je sentais qu’il ne me comprenait pas. Je décidai de lui expliquer ce qui avait motivé la présence de Christopher dans mon lit cette nuit. Scott, en ami admirable, me félicita de tout son cœur me serra contre lui. Il souhaitait avant tout que je sois heureux. Si je devais me retrouver dans les bras de celui qui m’avait involontairement violé, il ne me jugerait pas. Nous nous sommes souhaités bonne nuit et je suis retourné dans ma chambre.
Christopher et moi avions décidé de prendre une photo de nous deux en plein baiser et nous l’enverrions à Sebastian dans une lettre que nous écririons d’une même plume, pour lui annoncer que nous étions plus forts que lui et que sa haine ne nous avait pas gangrenés. Christopher dormait toujours et j’avais envie de pleurer à le regarder. Il avait fallu tout cela, toute cette peine, ce voyage extime au cœur de l’Amérique, d’Ouest en Est pour que je me retrouve enfin. J’avais du passer par tant de stades différents sans être sur de m’en sortir, mais là, j’avais enfin ma récompense. Finalement, tout ce qui m’était arrivé devenait salutaire.
Au moment où je me glissais sous les draps, j’abandonnais une seconde fois ma vie entre les mains de Christopher, sachant que je pouvais maintenant faire confiance à ce cœur qui battait tout contre le mien.