Douter

Brigitte Delaperelle

C’était un petit bar d’une rue de Paris ; j’ai oublié le nom car on l’appelait du nom de son propriétaire. C’était un petit bar où les gens du quartier se rencontraient, jeunes et vieux, en célibataires ou en couples, ouvriers et salariés. Il y avait des gueules cassées aussi, des pochtrons, des clodos, des largués. Bref, tout ce qui fait un bon petit bar pénard pour peu que les premiers paient une tournée aux deuxièmes. Slim le barman, m’aimait bien. Je crois qu’il aimait bien tout le monde d’ailleurs. Un jour que j’étais accoudé au comptoir, désoeuvré, il me demande si je veux un tit caoua et que si sira avec plisir. Non, merci, j’attends Maurice. Il viendra pas, Mirice, il i parti au PMU t’avi bien rendi vous ici ? Tu me fais douter, je vais voir là-bas s’il y est et je reviens.

Deux jours plus tard, je repasse dans le petit bar. Slim me boude. Au bout d’un moment il me dit que si pas bien de faire des choses comme ça, qu’il m’avait prépari dou thé. Dou bon thé à la menthe fraîche.

Dou thé ! Sacré Slim !

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