Doux comme un agneau (Rouge Glace)
Caïn Bates
Petit, tu n'es pas mon otage. Bien au contraire, tu es mon invité d'honneur. Il faut que tu saches que ce n'est pas dans notre habitude de faire des prisonniers, personne ne survit dans notre sillage. Mais toi, tu es spécial. J'avais tes yeux auparavant...
Mon père était un prétendu soigneur de l'impossible. Il a soigné des hommes qui vivaient à la merci des aiguilles, noyés dans l'écume du temps, réparé les os calcifiés qui avant savaient les porter. Un peu après ma naissance, il s'est mit à arracher la mémoire de ses patients corrompus jusqu'au cœur. Pour ne plus savoir d'où venait la peur, il a encadré le passé pour prouver qu'un jour, on aura tous cru vivre.
C'est en son honneur que je porte mes cicatrices comme des rides, comme des trophées, des preuves qu'un jour j'ai pu vivre. Une preuve qu'un jour, j'étais un enfant qui le croyait, qui l'a vu se fâcher avec le temps. Une preuve que je n'étais pas qu'un otage de la vie.
Pour m'évader de son emprise, j'ai dévoré jusqu'au moignon la main fertile qui m'a nourri. Le bras froid, je me suis levé puis j'ai quitté cette prison à ciel ouvert avant de m'écrouler de fatigue et de ce sommeil, je ne me suis jamais réveillé. C'est ce jour que je suis devenu la Meute avec le futur comme seule fortune.
Tu as ce regard petit, et je ne ferai pas l'erreur de mon prédécesseur, je ne compte pas te sous-estimer car même les agneaux ont des dents et peuvent s'unir. Plutôt que de t'exposer, je vais t'apprendre à t'évader de cette futilité, à t'effacer de ce monde et de ses règles.
Les adultes sont si naïf, les vrais guerriers sont les enfants innocents.