Drague à deux balles.

Christophe Hulé

- Vous êtes seule ?

- Ben, vous voyez quelqu'un d'autre à part nous deux ?

- Non, c'était une blague, mais je suppose que c'est parce que je suis blonde.

- Je ne vous suis pas.

- Encore heureux !

- Enfin je voulais dire …

- Décidément, c'est une manie chez vous.

- Me voilà mal parti.

- Oui, mais vous êtes toujours là.

- Vous avez le sens de la répartie.

- Enfin un compliment, vous vous en sortez mieux.

- Je …, enfin oui, si vous l'dites.

- Bon, on va pas rester là pour l'éternité, vous me payez un verre ?

- C'est à dire que je suis un peu  à sec.

- Raison de plus pour vous désaltérer.

- Non, je voulais dire …

- Vous êtes incorrigible ! Allez ce verre je vous le paie. Vous pourrez me raconter vos misères.

- Et c'est quoi vot'petit nom ?

- Mon nom est grand, je descends d'une lignée illustre.

- Je m'en doutais un peu, d'où mon trouble et mes maladresses.

- Bien, valet, on va le boire ce verre ?

- Je ne suis pas habillé pour la chose.

- La chose viendra peut-être plus tard, si vous ne me décevez pas, et vous n'aurez pas besoin d'habits.

- Vous vous moquez de moi ?

- Oui, je l'avoue, votre, euh ... style, me change des rencontres qui sont mon quotidien.

- Et comment dois-je le prendre ?

- Comme vous voulez mon cher, allons au George V, pas de chichis !

- Je connais le Mac Do pas très loin.

- Mazette !

- Vous vous moquez encore !

- Désolé cher ami, rire me fait du bien, mais vous ne pourriez pas comprendre.

- Je suis donc votre clown du jour.

- Ou peut-être plus, qui sait ?

- Monsieur, Madame, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

- Une Kanterbräu.

- Une Veuve Clicquot.

- Vous faites exprès ?

- Je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire ?

- Monsieur des cacahuètes, Madame, quelques toasts de caviar, offerts par la maison.

- Permettez que je vous abandonne, j'ai des obligations.

- Allons donc, et lesquelles ? Vous battez déjà en retraite ?

- Madame, l'humiliation est l'histoire de ma vie.

- Je l'avais deviné, et c'est bien pour ça que vous me plaisez.

- Que je vous …

- Eh oui idiot, c'est de toi dont j'ai besoin pour mon bonheur, et compte sur moi aussi te rendre heureux.

- Madame, vous n'avez pas aimé le caviar et la Veuve Clicquot, vous n'y avez pas touchés.

- On ne peut rien vous cacher, apportez-moi donc une  Kanterbräu.

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