DRAGUE-T-ON LES DRAGONS ?

Hervé Lénervé

Allons-y pour une histoire à la con sur les dragons.

Bon ! Une princesse belle comme une princesse, normal… Allez ! Un prince charmant, bête comme un prince charmant, admettons…. Ok ! Des troupes soldatesques « carapacées » et saccadée dans des armures rouillées cliquetantes à réveiller les morts des champs de bataille, pourquoi pas… Enfin ! Le tout, baigné dans un paysage bucolique aux couleurs à l'eau de rose, peuplé d'un bestiaire inoffensif et naïf à l'eau de pluie, ça promet, on va se faire chier…. Ha et on oubliait le principal ! Un dragon qui fume des cigares et boit de l'eau de vie, au point où on en est… Maintenant ! Une Histoire pour lier tous ces ingrédients, autrement la mayo ne prend pas, c'est sûr, pour sûr…

Le dragon s'enrhumait pour un rien et quand il éternuait, il calcinait tout ce qui était à portée. Il avait déjà, par trois fois, brulé son mobilier et vivait désormais dans une grotte aux murs nus sans frais de décoration. La princesse et le dragon étaient copains comme cochons, c'était ainsi, allez y comprendre quelque chose, ces deux-là s'étaient trouvés enfants et ne se quittaient plus depuis. Enfants, ils l'étaient encore un peu à l'intermédiaire entre deux âges, celui des jeux et celui où une princesse nubile se voit mariée par obligation. Or les monarques de parents de la belle enfant étaient aussi tyranniques avec leurs gens qu'avec leur progéniture. Une belle union, économiquement parlant, disons-le, était souhaitable entre les familles de deux despotes, celles de la princesse belle comme une fée et du prince bête comme ses pieds. Voilà le sujet de la discussion.

-         Mes géniteurs veulent me marier avec l'autre abruti de Thibaut de Mortes-Sailles.

-         Putain, là t'es mal barrée, mon ange.

-         Tu l'as dit, mon démon… Tu pourrais quand même m'acheter un fauteuil, j'ai mal aux fesses sur tes chaises en pierres.

-         Non ! Fini, je n'achète plus rien, ici, tout part en fumée.

-         En parlant de fumée, tu devrais commencer par arrêter tes infects cigares et tu pourrais, peut-être, garder un intérieur convenable à ma noble personne, gros bêta.

-         Ça n'a rien à voir, je suis allergique à la connerie, c'est tout, dès que je pense à ton père ou à l'autre débile, j'éternue.

-         Hi, hi, hi ! Tu ferais mieux de penser à moi plutôt que de gaspiller tes idées en pure perte.

-         T'inquiète, je ne t'oublie pas, tu peuples mes songes du matin aux rêves du soir et tu berces mes nuits, alors tu vois tu n'es pas en reste ma belle Damoiselle.

-         Ok ! Ok ! Arrête ton charme Ben-Hur et garde tes boniments pour une dragonnette en ginguette.

-         Des dragonnes je n'en fréquente pas et de plus elles ne m'intéressent pas. Comment on procède ?

-         Pour ?

-         Pour faire capoter tes épousailles, pardi !

-         Sais pas, faut réfléchir et je compte sur toi pour m'aider.

-         Alors, là ! Pour trouver un bon plan, t'inquiète, je suis ton homme.

-         Mon animal ! Tu veux dire, ma bestiole adorée.

-         J'aime pas que tu me rappelle ma triste condition.

La belle embrassa sur la joue son dragon pour lot de consolation.

-         Tu es la bestiole la plus intelligente et la plus belle que je connaisse, gros bêta. Crois-moi, tu n'as pas de complexe à avoir, aucun garçon n'équivaut à mon jaloux dragon. Il n'est pas né le bellâtre qui me détournera de toi.

Même si le dragon ne croyait pas de tels mensonges, ils font toujours chauds au cœur à entendre à celui qui aime en secret et pour ce qui était de trouver des solutions aux problèmes désespérés là, le dragon était balèze, c'était son domaine. Il trouvait toujours pour les autres, il n'y avait que pour son amour impossible qu'il n'était pas de taille, car, ici, aucune solution n'existait… Entre une princesse et un dragon rien n'est possible à moins de se transformer en Prince Charmant soi-même sous les baisers de sa belle. Or, depuis qu'elle l'embrassait sans embarrât pour un Oui, pour un Non, aucune métamorphose ne s'était jamais produite et il restait enfermé dans sa cuirasse ridicule d'écailles, un cœur tendre prisonnier d'une méchante geôle.

-         Viens te blottir contre moi ma jolie princesse j'ai froid.

-         T'es ouf ou quoi ? j'ai ma plus belle robe de dentelles, la dernière fois je suis rentrée en loque après ton petit câlin.

Et la plus belle robe de dentelles de la belle ne fut guère plus épargnée ce jour-là que le précédent. C'est donc une princesse aux nattes blondes échevelées et aux effets déchirés qui rejoignit son château. Elle ressassait la stratégie que son dragon lui avait chuchotée à l'oreille pendant qu'elle lui massait la nuque et tout en ressassant, voilà que se dessina devant elle, l'allure dégingandé de l'autre escogriffe de Thibault qui se prenait pour le don Juan de service. En voyant sa promise, il afficha son sourire le plus séduisant et ne produisit qu'une impression ridicule de suffisance injustifiée.

-         Ô mon cœur ! Quelle horde de loups t'a attaquée, dis-moi ! Que mon épée les pourfende en mille morceaux, que je n'en fasse que des copeaux, que je les réduise en sciure, en chiure de merdaille, qu'au vent, je les éparpi…

-         Arrête ta frime ! Approche, j'ai un truc à te dire.

-         Je sais ma mie, la préparation des noces te tourmente pour la confection de ton trousseau, mais bientôt, nous serons unis comme deux tourtereaux.

« Même pas en rêve. » pensa la Princesse légitime, mais lui tint cependant un tout autre discours.

-         Il ne s'agit pas de cela, mais de bien plus grave. Ecoute un peu, depuis peu, mon père dépense sans compter pour recruter des soldats. Il monte une armée et je crains qu'il ne fomente une attaque sur le conté voisin.

-         Quel mal à cela, ma douce, c'est dans la nature des preux chevaliers que de  guerroyer. Quoi de plus noble que la guerre ou la chasse, ma dulcinée.

-         Réfléchi un peu, espèce de demeur…de damoiseau. Le royaume voisin, c'est le tien.

-         Tudieu ! C'est ma foi la vérité, ma vénérée. Je m'en vais en aviser mon père sur-le-champ. Merci ma colombe, je savais que je pouvais compter sur ton indéfectible fidélité.

« Oh, mon Dieu ! Ce qu'il peut être con, celui-là. » Pensa, toujours pour elle, la Princesse aux haillons. « En attendant je dois me faire discrète et habile, les complots ne sont pas mon fort. Je dois devenir intrigante et perfide, je n'ai plus le choix, le reste de ma vie en dépend. »

 

Nous, voici déjà, dans le château voisin et rival à présent où le prince exposait en présence de son royal géniteur, ses dernières révélations qu'il lui offrait sur un plateau comme un présent inestimable avec des effets d'éloquence pour grandir son importance.

-         Votre majesté, mes informateurs espions me rapportent que le duché de ma promise se dote d'une « soldatesquerie » pour venir tester la robustesse de vos mâchicoulis.

Le royal père regarda son rejeton avec une certaine fierté frisant l'orgueil : « Mortecouille ! Il a mon sang, cet enfant. » Se dit-il et pardieu, il était vrai que le despote avait légué à sa progéniture tout son intellect, « les Rois ne font pas des buses, pour sûr ! »

-         C'est une information de première importance que tu me rapportes là, fillot princier… fort de ce savoir, nous allons nous montrer dignes de riposter et la meilleure défense étant l'attaque, nous allons…

-         Attaquer !

-         Bravo fillot ! Les premiers, en effet.

-         Mais Sire nous n'avons plus d'armée.

-         Certes, c'est ma foi vraie ! Elle a été décimée jusqu'au dernier soudard dans ma dernière campagne de conquête et ta reine de mère a vidé les coffres pour ses affublements dispendieux… mais j'ai une arme secrète.

-         Une arme secrète ???

-         Ha ! Ha ! Ha ! (Rire tonitruant et sardonique qui résonne contre les murs en pierre de la vaste salle, les tapisseries y ont été revendues depuis belle lurette.)  Et oui ! moi aussi j'ai mes espions, qu'est-ce que tu crois ? Approche ton ouïe, je vais te souffler aux esgourdes.

Le prince se rapprocha et ouvrit grand ses oreilles qu'il avait grandement décollées au demeurant.

-         Un dragon ! fillot, rien de moins, qui crache le feu à cent coudées, (environ cinquante mètres) quelle armée peut résister à cela ?

-         Mais les dragons n'existent pas, Père !

-         Ha, les enfants… les enfants ! tu n'es encore qu'un enfant, mon fillot. Ce sont des sornettes que nous, les grandes personnes instruites et savantes, nous vous mettons dans la tête. Bien sûr, que les dragons existent, tu verras celui-ci mesure au moins cinq coudées sans la queue (environ deux mètres cinquante)…

-         Palsambleu !

-         … et je vais te mandater pour visiter notre ami et le rallier à notre cause.

-         Il va me griller comme un pourceau, Père !

-         Evidemment non ! Tu es prince héritier et mon nom est respecté et craint alentour, jeune damelot. Il t'écoutera, il a tout à gagner à s'unir à mon blason. Tranquillité sur mes terres avec l'octroi d'un droit de chasse, voici la contrepartie.

-         La contrepèterie ???

-         Laisse choir !

-         N'ayez de crainte, Majesté, je serai me montrer digne de la lourde charge que vous me missionnez.

-         Je n'en attendais pas moins de ta bravoure, mon sang. Je te trace le plan de l'endroit secret de sa grotte secrète. Vole, fillot ! fait honneur à ton rang.

-         C'est comme si c'était chose faite, Majesté ! Vous pouvez dormir tranquille sur votre couronne.

 

Trois journées s'étaient passées. La douce princesse se prélassait adossée contre le flanc de son dragon préféré.

-         Tu ne devineras jamais qui est venu me voir par matin ?

-         Le Pape ?

-         Qui ça ?

-         J'déconne ! Le Christ n'est même pas né.

-         Qui ça ?

-         Laisse tomber, mon gros, ce sont des histoires d'hommes qui aiment croire aux contes de fées.

-         Ok ! J'comprends rien à tes fables… c'est ton poltron-mouillé qui, dès potron-minet, est venu me visiter, mon chaton.

-         Qui ça ?

-         Ha ! Ha ! tu fais moins la maligne maintenant. Figure-toi que tu as devant tes yeux « L'Arme Secrète » de l'armée ennemie de tes illustrissimes ascendants.

Dit le dragon en bombant le torse à en faire tomber sa chérie, qu'il retint en l'enlaçant.

-         Alors, là, tu me sidères, mon gros et j'aime bien quand tu me prends par la taille.

Dit la princesse en se lovant davantage dans les bras de son dragon pour s'y sentir plus confortablement installé, en sécurité à l'abri des intempéries de la vie et des aléas de… et cetera, et cetera … On ne va pas, non plus, en faire une chanson de geste.

-         Espèce de gros traître, continua la princesse en embrassant le félon, me faire ça, à moi, ta dévouée complice. Comment on procède ?

-         Pas compliqué. Je fais mon apparition aux douves de ton château, accompagné par les belligérants souverains voisins, je tire deux jets de fumigène inoffensif pour l'ambiance et je me tire à tire d'ailes, fastoche !

-         Tu me fais peur ! Et si tu te fais percer par les archers de mon père.

-         J'aime bien quand tu t'inquiètes pour ma santé, mais il n'y a rien à craindre je me tiendrais hors de distance des flèches et mon cuir est plus dure que vos armures.

-         Ne plaisante pas avec ça, mon père a doté ses soldats de nouvelles armes, des cornemuses ou arquemuses ou un truc approchant, elles sont redoutables et ont une portée de tir supérieure aux arcs… Ton assurance m'inquiète, la confiance est l'ennemi des guerriers.

-         Je ne suis pas confiant, je suis prudent, ait plutôt confiance en moi et crois en ma vaillance. Dit-il en la serrant davantage.

Et sous les feux ardents de son compagnon, la princesse fondit comme fondent les jouvencelles sous la flamme des amours sincères.

-          Je t'aime trop, mon gros, pense un peu à moi, prend grand soin de toi… Il fait bon dans tes bras, tu sais ?

Des mots simples, mais Ô combien, chaud et doux à l'oreille de celui qui aime en secret. Ô combien, le dragon aurait aimé répondre « je t'aime moi aussi, ma chérie. » Sans manier le double sens et la dérision de la camaraderie. Cela, aussi, aurait été simple à dire, en effet, cependant il dit seulement.

-         Evidemment, ce sont des bras de légende.

-         Et alors ! Si j'aime bien les légendes, moi. J'en ai le droit, non ?

-         Non ! Mon enfant tu as des devoirs, celui de ton rang, de ton sang, de ta lignée, de ta parenté…

-         Tu ne vas pas me citer tout le vocabulaire des lexiques médiévaux !

-          Tu t'uniras à un fils de roi et vous formerez votre propre royaume. Tel est ton destin. Le mien est d'édulcorer les pensées des enfants grandissantes.

-         Arrête un peu ta grandiloquence, tu es ma bestiole à moi et c'est tout, les coutumes, les autres et tout le toutim ce n'est que du tintouin, on s'en fout.

-         Et moi si je voulais être Homme, pour te serrer dans mes bras.

-         Mais tu me sers déjà dans tes bras, tu n'as pas besoin de devenir un pantin d'humain pour le faire, gros nigaud.

-         Ce n'est pas pareil.

-         Et bien si, c'est pareil ! je le dis et ça suffit pour l'être. On parle d'autre chose, s'il te plait.

La petite princesse avait du caractère et là elle commençait à se fâcher. Ce n'était pas la première fois qu'elle sermonnait sérieusement son compagnon sur ses intentions d'être différent, de vouloir être absolument un pantin d'humain, comme elle disait. Il était cocasse de voir une enfant qui ne pesait rien faire la leçon à un dragon qui pesait trop. La bête s'en émouvait et oui, les dragons ont également du cœur et celui-là en avait un, à écrire des poèmes enflammés à sa belle, la nuit, pour les flamber le matin.

 

Il y avait là, au pied du château, le monarque voisin animé d'intentions belliqueuses, accompagné de son héritier, suivi de trois faméliques chevaliers fatigués, mal armés, mal montés sur des rosses qui auraient fui l'engagement et puis derrière cet aéropage, dissimulée derrière une treille de bambous : « L'Arme Secrète ».

Du haut de sa ronde de garde, le Souverain de la jolie princesse regardait perplexe et amusé cette troupe pithiatique et pathétique assiégée son château fort, fortement gardé.

-         Hé Ho, Messires ! il est bien tôt pour une visite de courtoisie. Lança-t-il de la haute voie de ceux qui dominent et commandent.

-         De quelle courtoisie me narrez-vous ? Oyez plutôt ! Je suis séant pour prendre possession des lieux. Lever la herse, descendez le pont-levis et votre famille sera épargnée. Répondit le souverain ennemi du ton de ceux à qui, même d'en bas, on obéit.

Un chevalier se pencha sur son écuyer.

-         Epargné de la mortaille, peut-être, mais moi, je me réserve le droit de trousser la princesse, on l'a dit gente fille, accorte et fort gironde.

Le roi du haut reprit au roi du bas.

-         Que nenni, mon bon ! Assiégez-moi si le cœur vous en tient. J'ai ici, trente hommes d'arme, forts et bien nourris. Priez que l'envie ne leur prenne de se dérouiller un peu.

-         Moquez ! Moquez ! Cousin voisin, vous ne savez pas ce que je cache derrière mon parapet.

-         Ho que si, je le sais, coquin voisin ! Figurez-vous que de haut, votre cannisse ridicule n'a aucun effet de surprise.

Le monarque ennemi se tourna vers son fils.

-         Peste soit de cet hobereau pour roi ! Il nous a démasqués ! Qu'importe donne l'ordre de mettre en action notre crache-feu du Diable.

La barrière fut prestement démontée et le dragon affublé comme un cheval de joute apparu dans toute sa splendeur.

-         Il a fière allure votre destrier, Messires, mais mal je vois un chevalier le monter. Passez votre chemin, vous m'avez assez gaussé pour la journée. Je fleure déjà la trouille ici-bas.

-         Le fol dingo, fillot ! Il nous traite de couards. Fait cracher le feu des Enfers, sans autres atermoiements.

Le rejeton de la lignée se plaça devant la bête et de sa voix de faussée, qu'il aurait voulu péremptoire, il cria son ordre.

-         Crache ton feu dragon des Démons!

Cela en fut trop pour l'étalon, voir ce freluquet qu'il honnissait, tenter de le commander en l'insultant par-dessus le marché, il ne put retenir un éternuement, c'était allergique, il n'y pouvait rien. Le preux en perdit ses habits, ses cheveux et le peu de sa superbe qui ne tenait qu'à son accoutrement. Nu, il ressemblait à un poulet déplumé, roussi, mais pas encore cuit, car le dragon eut la présence d'esprit de mettre sa patte devant sa gueule. Il venait d'inventer une pratique de prévention avant la révélation même de l'hygiène.

-         Elle est complètement détraquée votre machine, Père ! Dit-il avant de se jeter illico presto dans l'eau croupie des douves.

Du haut des remparts on entendait de toute part, se gondoler les assiégés. Seul la princesse, qui depuis le début n'avait rien manqué des pourparlers, ne riait pas, car elle ne trouvait pas comique de se moquer de l'infortune d'autrui. Et ne riait pas aussi, car elle craignait pour la vie de son ami et c'est souvent dans la peur pour l'autre que les révélations, que l'on s'interdisait jusqu'à là, cèdent. Elle s'autorisa à admettre qu'elle l'aimait d'un autre amour son compagnon de dragon. Ses résistances la fuirent et elle cria.

-         Fuit mon Amour ! Je t'aime, je t'aime ! Fuit au loin !

Son royal père l'entendit, mais crut qu'elle s'adressait au poulet rôti. Il se dit qu'elle avait bien mauvais goût sa fillotte et qu'il ne serait plus jamais question de l'unir à cette famille de dégénérés, devenue, à présent, ennemie jurée.

Le dragon lui aussi l'entendit, à travers le tumulte de l'assaut de mille hommes, il n'aurait entendu qu'elle. Ha, le filtre de l'amour est plus efficace que les filtres d'amour des ensorceleuses ! Et c'est le cœur léger d'avoir entendu ces mots qu'il déplia ses ailes de dessous son caparaçon et s'éleva dans les airs avant qu'aucun des chevaliers ne sortent du fourreau l'épée, le dragon était déjà petit à l'horizon quand la Majesté ordonna de l'occire.

En volant par-dessus champs et forêts, vers sa planque, une seconde grotte ignorée de tous excepté de sa belle. Le dragon se répétait inlassablement ces mots. « Fuit mon Amour ! Je t'aime, je t'aime ! Fuit au loin ! » Ok, elle avait crié l'aimer, la belle affaire, aimer ne voulait rien dire en soi, il y avait plusieurs façons d'aimer, lui il aimait la marmelade de groseilles, par exemple, cela ne voulait pas dire pour autant qu'il la voulut pour épousaille. Que c'était compliqué ces choses-là. Il en était encore là dans ses réflexions circulaires quand il eut la réponse de la façon la plus simple, par l'arrivée à bout de souffle, à force de courir de sa princesse.

-         J'aurais dû me douter que tu avais changé de grotte. Mais dans mon état d'énervement, j'étais incapable de réfléchir plus loin que le bout de mon petit nez.

-         Petit, mais jolie à l'envie, ma mie.

Et la princesse finit sa course pour se fondre contre son dragon et la façon dont elle le fit leva l'équivoque, il y a aussi plusieurs façons de se fondre l'un à l'autre, ce câlin-là n'avait plus rien des anciens câlins amicaux, son ami était devenu son amant.

 

A partir de ce jour, la princesse et son dragon filèrent le parfait amour, ils le firent également, tous les jours et des nuits aussi, mais ils n'eurent jamais d'enfants, stérilité de l'incompatibilité des espèces, peut-être ? Cependant, ils s'en fichaient royalement, tous deux n'aimaient pas particulièrement les enfants.

-         Pas grave mon trésor ! Lui disait souvent la princesse déchue, tu nous imagines avec un enfant moitié homme, moitié bête, c'est n'importe quoi ! Ça ne peut exister que dans la mythologie de telles choses. Foutaises que ces centaures, minotaures et consorts, n'est-ce pas mon dragon ?

-         Pour sûr ma fée ! N'importe quoi !

 

 

 

Le dragon ne devint jamais un putain de pantin d'humain, mais à présent, il s'en fichait comme d'une guigne.

  • J'aime beaucoup la plume, j'aime beaucoup l'histoire et ceci soit dit en passant j'aime beaucoup vous lire dans vos fantaisies comme dans vos réflexions.

    · Il y a presque 7 ans ·
    Journalintimebon

    damephoenix

    • Je reste coi devant de tels compliments, quoi ! mais comme j’aime bien être aimé, merci bôcou

      · Il y a presque 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Très chouette.
    J'adore qu'on me raconte des histoires et celle ci ne manque de rien.

    · Il y a presque 7 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

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