Du conditionnel dans le causeur

Thierry Kagan

Aujourd'hui, un ami proche accompagne notre président en un lointain pays idéogrammeux.

Il le traduit.

Dans un sens… comme… dans tous les autres. A savoir, il traduit ce qu'il entend du président chinois de manière à ce que notre président à nous puisse, lui, le comprendre mais surtout, l'entendre.

Et à l'inverse, il traduit ce que notre président dit, ce qu'il veut dire en fait et ce qu'il vaut mieux faire comprendre à son homologue pour que la visite se passe diplomatiquement.

 

Mon ami est interprète, mais il n'est pas con.

(notez que cette phrase complètement stupide marche aussi avec « Mon ami est boulanger, mais il n'est pas con, mon ami est homme de ménage mais il n'est pas con)

 

Si j'ai bien compris, cette sortie du territoire devait être sans vague et surtout prévue pour être gorgée de « J'aimerais porter un toast… », en d'autres termes « Wo xiang jingju… ».

 

Moi aussi, en tant que président de moi, j'aimerais.

J'aimerais… unir le juif au musulman dans l'amour du cochon, j'aimerais ébranler un boudhiste, j'aimerais faire protester des protestants tout de jaune vêtus mais parsemés de licornes, j'aimerais rendre un vrai catholique moins pas catholique, j'aimerais distribuer du viandox spécial Jéhova, j'aimerais faire jouir une athée du feu de dieu, et caetera, et caetera.

 

J'aimerais beaucoup, j'aimerais ne plus, j'aimerais vraiment… J'aimerais… tout ça !

 

Oui mais… Ce foutu conditionnel présent !

Il m'inconforte, pouvez pas savoir. On devrait l'interdire à tout président, constitutionnellement, ce conditionnel à toutes les sauces (et aussi aux journalistes, d'ailleurs hein ! : « on aurait trouvé le remède contre… et aussi, celui pour… » Pouarc !).

 

Bref !

Que les présidents ne parlent qu'à l'indicatif, à l'affirmative, sans crainte, ni pincettes.

Du français franc, denué de nuances !

 

Plutôt que de dire « je voudrais », dire… « je veux ! ».

Plutôt que « vous pourriez », dire « vous devez !»

Et caetera, et caetera.

 

Par exemple, MOI, en tant que président de MOI, quand je suis entouré de courtisanes et que l'une d'elles dit à la cantonnade en me regardant MOI, bien droit dans les yeux « J'ai très envie là tout de suite immédiatement. Pourriez-vous, monsieur, mettre ce préservatif goût fraise ? ».

 

Je réponds d'abord… présent, bien sûr, à titre indicatif .

 

Et puis « oui, de toute évidence, Madame, je pourrais en mettre un… mais je ne veux pas ».

 

Pas de conditionnel : toujours très présent à soi-même et strictement indicatif !

C'est comme ça, un vrai président !

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