Du côté de la côte

James Px.

Elles s'évanouirent dans la nuit obscure,
Trois gazelles effarouchées, en cavale hors de l'auberge ibérique,
Délaissant le morne Algeco d'antan,
Sous la bannière tricolore,
Leurs peaux affranchies de tout fardeau.
Un périple long, des regards égarés,
Leur traversée théâtrale effleurait la lisière de la frontière.
Témoin involontaire, l'innocent s'initie à l'artifice,
Le cachet apposé d'un héros clandestin.

Les mois s'étirent, longeant chemins et halliers,
L'avocat est à maturité,
Le dernier jugement s'est flétri,
Son absence devient clé de voûte d'une fugue harmonique.
Vive la République, dans l'encombrement du palais et de ses corridors,
Sous l'arôme suave de l'huile d'olive,
Indifférente, l'été s'installe.

Les fugitives sont revenues, chacune parée de ses ornements :
L'une, perchée sur des sandales à talons,
Ankles ornées de cuir scintillant,
Prête pour un avenir chez Casino, au rayon des cosmétiques.
L'autre, chaussée de sandales noires en cuir végétal,
Souple semelle en liège provençal,
Dévoilée sur Pampelonne, en serveuse de breuvages envoûtants,
Séduisant les Russes en quête d'ailleurs et les Ukrainiens en nostalgie de douceur.
La dernière, dans des escarpins carmin lisses,
Fuyait éperdument la maréchaussée tropézienne,
Pour excès de vitesse,
Outrage sous narcotiques.

Hymne à la bohème contemporaine,
Ces trois migrantes éveillèrent mes sens,
Trois robes fleuries, longues et fluides,
Aux plis généreux, caressèrent ma conscience.

Quand les gazelles se feront justicières,
Je serai leur cible...

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