Du plomb dans le coeur
Yoann Valour
Du plomb dans le cœur
En ces temps où la crise fait rage, que les sociétés, aussi différentes soient elles de par tous les pays du monde, que toutes les cultures s'entrechoquent inexorablement, il y a une chose qui ne disparaît pas, qui se dissémine parmi la population… L'individualisme !!! Il est poussé à son paroxysme ; l'être humain n'a d'humain que le nom, l'heure est à l'égoïsme, et nous en oublions même les vertus qui font que la Terre nous porte encore aujourd'hui en son sein…
Nous rencontrons dans une vie, dans une année, dans un mois voire même dans une journée des milliers de personnes que nous ne regardons pas, dont nous ne croisons que le chemin mais dont nous ignorons tout… Vous êtes-vous déjà demandé comment seriez-vous amené à réagir face à ces milliers de gens en cas de crise mondiale ? Par crise, j'entends une chute inévitable de l'espèce humaine dans laquelle une surpopulation amènerait les gouvernements à prendre des mesures drastiques afin de réguler la démographie…
Malgré l'alerte des scientifiques et les images poignantes des médias, l'espèce humaine, par négligence, perdure ses mauvais agissements, elle parle d'écologie, voit des milliers d'espèces disparaître face à son laxisme égoïste, elle est soi-disant sensible à sa responsabilité, sa pollution et sa surconsommation. Pourtant il n'en est rien ! Ce n'est pour le plus grand nombre qu'un sujet tendance, un attrait marketing, un sujet de mode. La conscience mondiale a été trop lente à considérer ses propres fautes.
La vérité est la suivante, il est trop tard pour changer la donne, alors qu'elle se jure de vaincre ses négligences elle n'arrive pas à se responsabiliser, comme une addiction impossible à vaincre, aucun retour en arrière ne pouvant s'opérer…Ses agissements avaient entrainés un véritable chaos écologique depuis des années…Les ressources naturelles ne sont plus suffisantes pour notre espèce. La solution fut celle de la force, des hauts placés qui décidèrent de réguler la démographie, dans le plus grand des secrets.
En résumé, un chaos mondial ou chaque voisin, chaque être rencontré pourrait être une menace ou un allié, ou chaque décision, chaque acte pourrait avoir des conséquences dramatiques pour chacun d'entre nous…
Plongeons dans ce monde en pleine folie où les Hommes ne sont guidés que par l'instinct de survie, et où le moindre faux-pas pourrait être fatal. C'est ici, dans une ville créée de toute pièce lorsque le monde est tombé, que je vais vous comptez l'histoire d'Elbane.
Elbane est une jeune femme de vingt-cinq ans, du moins l'on suppose, car depuis l'effondrement des sociétés, le temps n'existe plus, ainsi que toutes les villes telles qu'on les connaissait… Ne reste que des immeubles désertés, où la nature a repris ses droits. Elle doit faire dans les un mètre soixante et ne peser qu'une quarantaine de kilos tout au plus, ce qui lui confère une silhouette fine mais utile pour se déplacer furtivement, avec agilité et rapidité. C'est une personne discrète, qui ne parle peu voire pas et qui ne se fit qu'à elle-même, pas d'allié, pas d'amis, pas de famille… Sa chevelure rousse, ornée d'une magnifique broche en forme d'arbre ainsi que ses taches de rousseurs la font paraître tel un ange, mais il n'en est rien, du moment que sa vie est en danger, elle ne fera pas de différence entre homme, femme et enfant… Oui, chaque être vivant est une menace potentielle dans ce nouvel ordre mondial… Elle s'est confectionnée une sorte de nid, à l'image des oiseaux constitués de matériaux entièrement naturel, où ni l'eau ni le soleil ne peuvent pénétrer. Un habitat rudimentaire, où il n'y a la place que d'une seule personne, perchée en haut d'un vieil arbre aux énormes branches, isolé du reste de la civilisation.
Cette nuit-là, elle n'arrivait pas à trouver le sommeil, car elle savait que demain serait une journée particulière où il faudra redoubler de vigilance… La sirène, anciennement utilisée pour les bombardements, avait retenti au coucher du soleil, ce qui signifiait que le jour était arrivé… Le jour « G ». « G » comme Génocide… pour ne pas oublier qu'avant tout, ce sont des sacrifices de vie humaine, que les pseudos gouvernements ou tout du moins l'armée et ses quelques hauts gradés « nettoient » pour réguler la population. Oui le meurtre en masse légalisé comme n'importe quelle autre idée, pour le bien soi-disant de l'humanité… Mais quelle humanité ? Comment une telle cruauté et une telle injustice ont pu voir le jour ? Ces questions-là, Elbane ne se les posait plus car elle savait également que toute humanité s'était définitivement évaporée de son âme comme la fumée d'une cigarette…
Le jour se leva sur son cocon, le soleil léchant l'horizon. Après une nuit courte et agitée, une électricité hors du commun flirtait dans l'air, surtout dans cet endroit en recul de la ville. Méfiante, elle passa discrètement la tête à travers la minuscule ouverture dissimulée dans les branchages, pour voir ce qui se passait alentour. En premier lieu, elle ne vit rien, mais entendit distinctivement deux voix. Celle d'un homme d'une quarantaine d'années et d'une femme, âgée d'environ vingt-cinq ans. Elbane a acquis, avec le temps, la peur et le stress, une faculté à développer ses sens, à l'image des animaux guidés par leur instinct de survie dans un monde où il faut manger sans être mangé.
Tous ses sens étaient décuplés, lui donnant un réel avantage sur ses éventuels ennemis, et très utile lors de déplacements furtifs. En se penchant un peu plus, elle put apercevoir l'homme, un militaire, armé d'un fusil … Elle sentit une tension chez lui, qui lui imposa de sortir de son repaire pour comprendre la situation différemment, et comprendre ce qui pouvait le mettre dans un tel état.
Avec une agilité déconcertante, elle sortit de son campement, pour s'apercevoir, grâce à sa vue surdéveloppée que le sergent J. Connor, tel qu'il était écrit sur sa plaque, tenait en joue la femme, mais ce qu'elle ne comprenait pas, c'est pourquoi en ce jour si particulier, il ne la tuait pas froidement puisque le jour « G » était là. Elle assistait à une scène particulièrement émouvante : il se trouvait que la femme était en fait la fille d'un ancien ami à lui, aujourd'hui disparu, mais qui avait pris la fuite. Il l'appelait Ezira et ce qui frappa Elbane, c'était sa chevelure rousse tout comme la sienne. Elle ne voyait pas son visage, étant de dos. La discussion tournait autour du fait que par les liens qui unissaient anciennement James, comme elle le nommait, et son père, de lui laisser la vie sauve. Elle devait se trouver au mauvais endroit au mauvais moment ce matin pour se retrouver poursuivie par l'armée aussi loin de la ville. Malheureusement, le jour « G », les militaires sont censés tuer un maximum de personnes rentrant dans les maisons, tuant familles, homme, femme et enfant. Un grand nettoyage comme aiment appeler certains militaires, qui dure toute la journée, à raison d'un bataillon d'une centaine d'hommes armés jusqu'aux dents, traversant la ville et ce à raison d'une fois par an. Il fallait alors avoir des talents pour échapper aux rafles, et survivre, même si la majorité des gens n'arrivaient pas à se cacher, certains y parvenaient, ce qui en faisait une sélection naturelle, des meilleurs et des plus résistants d'entre eux.
Elbane pouvait voir les larmes couler sur le visage de James, devant cette femme lui implorant de ne pas la tuer. Elle paraissait frêle et à la merci de cet homme surentraîné mais il était déterminé, malgré tout, à l'exécuter sur le champ. Soudain, en une fraction de seconde, cette petite personne soi-disant fragile, se jeta sur James comme un lion, en lui enfonçant un petit poignard dans le cœur. Ce geste, si froidement perpétré, rappelait qu'il fallait se méfier de tous et de tout le monde… Elbane resta cachée jusqu'au départ de cette étrange et puissante femme. Au loin, les mitraillettes retentissaient et l'écho donnait une dimension encore plus effrayante et démesurée de ce qu'était devenue la vie… de ce que nous nous faisions à nous et à nos semblables.
Un moment après le départ d'Ezira, elle descendit pour aller chasser, car ne vivant pas dans la ville avec les autres, pour se nourrir, il fallait impérativement savoir où et comment trouver des animaux à sa portée pour survivre. En effet, au-delà des rafles, et des militaires grouillants, les animaux étaient aussi devenus une source de grand danger : certaines espèces, sauvages pour la plupart, ont été amenées à se déplacer, devenant de plus en plus agressives envers l'homme. Ces grandes migrations ont modifié également l'écosystème de la planète, et à plus petite échelle celui de la région où se situe notre histoire.
Le but, pour elle, était de débusquer de petits gibiers car si l'animal était trop important, l'odeur de la chair attirait d'autres animaux encore bien plus dangereux, et étant donné qu'elle s'éloignait très peu de son nid, elle préférait éviter ce genre de rencontre. Elle avait dissimulé de petits pièges pour attraper des lapins, des cochons sauvages ou tout autre animal tombant dans le panneau, mais alors qu'elle s'approchait de l'un de ses pièges, elle entendit bouger dans les fourrés derrière elle. Armée de son arc, fabriqué par ses soins, elle retint sa respiration, et se tourna lentement, lorsque tout d'un coup, un ours énorme surgit. Ne lui laissant pas le temps de décocher sa flèche, l'ours lui asséna un coup de patte phénoménal mais Elbane réussit à l'esquiver de justesse perdant son arc dans la bataille. Désarmée, en face d'une telle bête, elle se dit que son heure était venue, apeurée mais fière, elle s'apprêtait à tomber sous les prochains assauts de son ennemi, lorsqu'une flèche transperça à une vitesse foudroyante le cœur de son assaillant. En regardant dans la direction d'où provenait la flèche, elle ne put qu'apercevoir la chevelure rousse d'Ezira s'enfuyant au loin….
Elle venait de lui sauver la vie ! Mais pourquoi ? Par pitié ? Par compassion ? En ce monde où chaque vie ne vaut plus rien, où des millions d'êtres humains meurent de par le monde, elle avait décidé de la sauver,elle, sans même la connaitre… Cet acte, comme tout acte ici, a une importance capitale, une raison d'être, et il bouleversa complètement les idéaux sur lesquels notre héroïne s'était construite… Remettant en question la valeur de sa vie et celle des autres de son espèce…
Durant les jours qui suivirent, des milliers de questions lui passèrent par la tête, questions auxquelles elle n'avait évidemment aucune réponse. L'idée que quelqu'un trouve une valeur à son existence l'avait pour toujours et à jamais changée. Elle se mit alors en quête de retrouver cette personne, cet être bienfaisant pour elle et son âme… Ses talents de pisteur lui avaient permis de suivre la trace d'Ezira jusqu'à la ville… Malheureusement cela ne serait pas sans danger, les militaires étant présents dans quasi toute la région, il fallait faire profil bas afin de franchir les différents postes de garde.
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu'Elbane atteignit la ville appelée ‘'La cité noire''. Elle n'avait de ville que le nom ; tout ce que l'on pouvait y trouver n'était que des sordides abris de fortune où les gens vivaient entassés les uns sur les autres et s'étendant sur des dizaines de kilomètres… le berceau de l'humanité, mis à mal par la bêtise et la cruauté des Hommes, mais également par leur science et leur croyance…
Oui l'Homme, par son évolution et plus particulièrement celle de son intelligence, à vouloir toujours repousser les limites de tout, a en fait précipité sa chute, et mis la Terre à mal en épuisant ses ressources à une vitesse phénoménale. La vue du résultat est abjecte aux yeux d'Elbane. La pauvreté, la faim, la peur et l'angoisse de vivre au jour le jour, sans but ni raison si ce n'est de simplement rester en vie lui donnait la nausée. C'est maintenant qu'il fallait être rusée et faire attention, car chaque personne pourrait devenir allié dans le meilleur des cas ou le pire des ennemis. La délation ayant pris une place importante dans cette nouvelle vie, les gens seraient prêts à tout pour sauver leur peau. Alors, lorsqu'un étranger débarquait en ville, aussi remarquable que pouvait être Elbane, les regards de méfiance, de peur et de haine s'entrecroisaient, à en alourdir l'atmosphère. Il lui fallait trouver un chemin sûr et dans l'ombre pour ne pas éveiller de suspicion au sein de la communauté. Avec son agilité, elle parvenait sans mal à passer par les toits délabrés de cette triste cité, mais maintenant il lui fallait trouver où commencer les recherches.
Il tombait des cordes ce soir-là, ces grosses pluies qui transpercent la peau et vous trempe jusqu'aux os, lorsqu'elle surprit une conversation entre deux militaires. L'un d'entre eux parlait de la disparition du sergent, une crainte et une tension était palpable dans l'intonation de sa voix, Elbane pouvait le sentir, et apparemment, personne ne savait ce qu'il s'était passé. Quant à l'autre soldat, il proférait seulement des insultes envers les habitants, les accusant d'avoir tué Connor dans un élan de rébellion. Cette disparition n'allait pas lui faciliter la tâche, les gardes étant sur la défensive, la prudence était de mise plus que jamais si elle voulait retrouver un sens à la vie.
Elle trouva refuge dans un arbre pour la nuit, jusqu'au petit matin, et aux premières lueurs du soleil. La chaleur sur son visage, mélangée au souffle du vent, lui procura une sensation de bien-être qu'elle n'avait plus ressenti depuis bien longtemps, une sensation de liberté… Mais il fallait se remettre en quête de son ange gardien, car plus que tout au monde, encore plus que sa vie aujourd'hui, c'est ce qu'elle souhaitait au plus profond de son cœur. Quelque chose d'inexplicable, de mystérieux la poussait à avancer, la poussait à aller à la rencontre de cette femme, tous les moyens seraient bons pour y parvenir, même s'il fallait tuer pour cela.
Après quelques kilomètres à errer sans véritable piste, Elbane comprit qu'il lui faudrait trouver des alliés pour obtenir des informations. C'est donc maintenant que la tâche se compliquait, car la communication n'était pas son fort et la méfiance lui donnait un air méprisant qui repousserait n'importe quel être humain.
Elle descendit des toits afin de se mêler à la population et recueillir des renseignements. Grâce à ses facultés, elle arrivait à détecter chez les gens les plus faibles leurs bonnes ou mauvaises intentions, leurs valeurs et leurs vices, lui permettant d'éliminer déjà une certaine catégorie de personnes, restait ensuite à faire un choix, et son regard se posa sur un vieil homme assis dans un coin d'une pièce mal éclairée où l'on ne distinguait que son ombre et sa cigarette allumée. Lorsqu'elle s'approcha, elle fut stoppée net dans sa course par une petite fille. Elle était brune, et devait avoir dans les sept ou huit ans, un visage d'ange et des yeux d'un bleu profond. La naïveté et l'innocence des enfants, associée à leur redoutable sens de l'observation en faisait des ennemis hors du commun. A ce moment-là, la petite fille lui demanda, avec une curiosité et une aise déconcertante :
« Tu es nouvelle, je ne t'ai jamais vue ici »
Elbane lui mit la main sur la bouche immédiatement afin qu'aucun soupçon ne s'éveille chez les personnes avoisinantes. Elle l'emmena dans un coin du bâtiment annexe en toute discrétion afin de relâcher l'enfant… ou pas… car dans des situations comme celle-là, le mauvais choix peut avoir une conséquence quasi immédiate… Il fallait faire vite, prendre la décision dans les plus brefs délais. Dans cette vie, il n'y a pas de place pour la compassion ; Elbane sortit son couteau et menaça l'enfant de ne rien dire à son sujet, sinon, elle la tuera sur le champ… Mais la curiosité enfantine prit le dessus sur la peur, et un dialogue s'amorça entre elles.
« Comment tu t'appelles ? » demanda la petite fille.
« Je me nomme Elbane, mais il faut que tu te taises, c'est une question de vie ou de mort pour moi, tu comprends ? Sinon... >>
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Les yeux pleins d'innocence, elle avait une assurance déroutante tant et si bien qu'Elbane se trouva dans une situation compliquée, mais il fallait qu'elle fasse vite, car elle pouvait se faire repérer à tout moment. Elle demanda alors à l'enfant si elle connaissait un chemin plus sûr, un endroit où personne ne pourrait la voir et passer inaperçue aux yeux des militaires. Sans un son, la petite fille tourna la tête en direction d'une petite maison, juste en face, mais il fallait traverser la rue pour y accéder, et cela voulait dire se rendre visible devant la milice locale… Mais, guidée par un instinct qui se développait de minute en minute, elle savait que c'était la seule solution pour continuer son périple.
Dans un geste totalement libéré, et aussi surprenant pour elle que pour l'enfant, Elbane lui fit un bisou sur la joue, le genre de bisou qui remplace tous les mots, puis elle continua sa route, plus déterminée que jamais. S'approchant discrètement d'une porte entrebâillée, elle scrutait le passage des soldats, à l'affût de la moindre brèche pour pouvoir passer de l'autre côté de la rue. Après deux passages, elle sentit que c'était le moment d'y aller. Dans un élan de confiance, elle se lança, prenant ainsi le risque de faire échouer toute sa quête, mais avec son agilité et sa dextérité, elle traversa en un coup de vent, puis, en passant la porte de l'immeuble, tourna le regard vers l'enfant, une dernière fois en guise de remerciement.
Ne sachant pas vraiment pourquoi elle se retrouvait dans cet endroit, elle balayait la pièce de son regard affûté, jusqu'à tomber sur un petit espace confiné, au fond de la pièce, un conduit d'aération, menant on ne sait où mais au combien utile pour rester discret et progresser furtivement dans l'enceinte de la ville. C'était un long tunnel, avec quelques petites aérations de temps en temps, droit, qui avait l'air d'être sans fin. Elle progressait depuis maintenant 10 bonnes minutes, jusqu'à ce qu'elle entende une voix retentir :
« Elle est ici, Mme… »
« En êtes-vous bien sûr, Colonel ?» répondit une femme d'un ton sec et froid.
« Oui, Mme, c'est elle, le processus peut débuter.»
Puis plus rien… le silence envahit de nouveau le conduit de fortune. Elbane scrutait autour d'elle afin de trouver une faille pour regarder où elle se trouvait. Habile de ses mains, elle avait réussi à se construire un petit objet à base de métaux récupérés ci et là, permettant de couper n'importe quoi. Elle fit une première entaille, puis commença à cisailler un petit cercle jusqu'à ce qu'elle puisse entrevoir la pièce.
C'était une pièce complètement différente des pseudos habitations de la ville, une pièce regorgeant de plans, propre et bien entretenue, avec une grosse porte en fer visiblement très lourde. Poussée par la curiosité, elle agrandit le trou jusqu'à ce qu'elle puisse s'y glisser facilement. Une fois à l'intérieur, elle observa les plans, les documents, tout ce qui pourrait lui donner un indice sur la présence d'Ezira ici quant une photo et un document attirèrent son attention, une photo d'Ezira au bras d'un militaire, bien plus vieux qu'elle. Ce devait être son père car la ressemblance était troublante entre deux, mais le vrai choc, ce fut le visage d'ezira… Elbane ne comprenait pas, c'était …elle… le même visage, la même silhouette, le même regard. Tétanisée par l'incompréhension, elle en oubliait le document annexe dont voici l'extrait.
A tous les membres du comité
Le projet EE
Comme vous le savez tous, ce projet est le seul actuellement viable si nous voulons que l'espèce humaine continue d'évoluer. Il a pour but de créer un clone issu des deux EE, sujets possédants des caractéristiques intelligentes, physiques et sensorielles hors norme, lorsqu'ils sont dans un environnement proche. Ce clone, si le processus fonctionne, sera multiplié afin de monter un véritable régiment de personnes aux capacités évoluées, une nouvelle espèce humaine…
Phase I
- Construction de la zone de quarantaine autour du laboratoire E1
- Test des différents capteurs sensoriels, d'intelligence et physique
- Test sur un singe pour le clonage unique
Phase II
E. E1
- Test sur E1
- Vérification en « cage » du sujet cloné E1
- Elimination sujet cloné E1
Phase III
E. E2
- Test sur E2
- Vérification en « cage » du sujet cloné E2
- Elimination sujet cloné E2
Phase IV
DAY ONE
- Dernier test sur E1 et E2
- Clonage fusionné E1/E2
- Duplication du clonage
- Extinction Humanité 1
Si tout se passe comme prévu, notre humanité telle que nous la connaissons cessera d'exister, et laissera place à une nouvelle ère, pour le bien de nos descendants…
La survie du genre humain est entre nos mains.
Elbane était totalement perdue, déconcertée, entre la photo, ce projet, si …cruel et si audacieux à la fois…Mais elle n'eut pas le temps de tergiverser longtemps, des pas résonnaient dans le couloir, il fallait qu'elle s'en aille rapidement. Elle prit avec elle la photo et le document, peu importe si cela avait des conséquences, il faudrait qu'elle garde une trace de ce qu'elle avait découvert.
Elle repartit dans le long tunnel métallique et continua son chemin encore pendant environ cinq minutes et tomba finalement sur une grille qu'elle put pousser facilement avec les pieds. Elle atterrit dans un grand hall avec d'immenses colonnes en pierre, elle n'avait jamais rien vu de pareil : une structure moderne, avec des décorations, des tableaux, des objets d'une valeur certaine il y a quelques années, mais qui aujourd'hui ne devraient plus avoir ni sens ni valeur. Elle comprenait avec effroi que, pendant que la population souffre et est traitée comme du bétail, ceux qui régissent ce nouvel ordre vivent dans l'opulence et la surenchère.
Elle avança prudemment, furtive, jusqu'à un escalier menant à une porte et poussa la porte après s'être assurée qu'aucun bruit n'émanait de la pièce. C'était une chambre, certainement celle d'une femme, le linge était en soie, les rideaux épais pour ne pas que l'on puisse voir à travers de l'extérieur, quand soudain, la porte se referma derrière elle….
Ezira… souffla-t'elle.
Ezira : « Je savais que tu viendrais …Elbane »
Elbane : « Comme…comment est-ce possible ? Ton visage, tes cheveux, tes yeux…je je...ne comprends pas. Comment savais-tu que je viendrais ?»
Ezira : « Je te connais depuis toujours Elbane… Et toi aussi… réfléchis bien, tout au fond de toi, au fond de ton cœur… »
Elbane d'ordinaire si impitoyable, si sûre d'elle, était complètement déstabilisée, et perdait tous ses moyens.
Elbane : « Je ne me rappelle de rien, je ne sais pas qui tu es, à part ton nom, que j'ai entendu dans la forêt, avant que tu ne me sauves…Comment est-ce possible, tout ceci ? Pourquoi tu as mon visage ? Pourquoi m'attendais-tu ? Et…. Pourquoi je ressens tant de choses en moi, à tes cotés… ? »
Ezira : « Tu as déjà toutes les réponses, il me semble que tu as une photo qui m'appartient n'est-ce pas ? Et un document important également, mais ce n'est pas grave, tu as le droit d'avoir des réponses. Pour cela, je veux que tu cherches en toi, que tu comprennes qui tu étais, qui tu es, ce que tu représentes pour l'humanité, ce que l'on représente pour l'humanité… »
Elbane : « De quoi parles-tu ? Je ne suis qu'une femme, en perdition dans un monde dévasté, qui survit jour après jour et qui erre sans but… la vérité…. C'est que je ne suis …rien…ni personne…le monde sombre et je ne fais que contribuer à sa chute, comme toute notre espèce… »
Ezira : « SECOUE-TOI ! » ordonne-t'elle « tu ES quelqu'un, un être exceptionnel, possédant des dons, des capacités que les autres n'ont pas…tu es Elbane, regarde mieux la photo, mais ne t'attardes pas sur moi ni sur mon père… »
Elbane : « Je …je… je ne vois pas… » Des larmes coulaient le long de son visage, dépassée par les événements… « Je…ah… la maison…. Derrière… je la connais, c'est le dernier souvenir que j'ai avant le chaos… comment est-ce possible, est ce … moi ? Sur la photo ? »
Ezira : « Non, Elbane, c'est moi, mais notre ressemblance, cette maison, un lien nous habite, tu es ma sœur jumelle, je te ressens, je vois tes peurs, tes souffrances, mais aussi tes capacités hors norme, tu es mon maillon manquant…
Lorsque le chaos a commencé à régner, alors que nous n'étions que des enfants, des militaires se sont introduits chez nous, et ont essayé de nous tuer, maman, papa toi et moi. Mais papa s'est interposé, lui aussi était militaire avant tout ça, il les a sommés de renoncer à perpétrer un tel acte, mais les ordres étaient les ordres. Papa a donc ordonné à maman de partir avec toi dans les bras par la porte de derrière alors que moi j'étais dans ses bras. Nous avons été séparées depuis cette nuit-là…. Papa et moi avons été capturés et emmenés ici où je vis depuis vingt ans maintenant. Papa a tout fait pour retrouver votre trace, quitte à désobéir aux ordres, mais rien, aucun signe de vie… le néant… Puis un jour, alors qu'il était parti à votre recherche, en dehors des zones autorisées, il tomba sur un ancien militaire qui était entré dans notre maison…. Une longue discussion, la tension est montée d'un cran et …BOUM...
Papa n'était plus de ce monde…un vide, une épreuve pour moi, il était mon pilier, mon exemple…J'ai ensuite mené mes propres recherches. Ce fameux soldat, avait réussi à vous retrouver toi et maman, mais elle t'avait cachée dans un buisson juste avant qu'il ne l'abatte de sang-froid… et de ce fait il a tué nos deux parents…Il fallait qu'il paie. C'est là où tu m'as vue pour la première fois…. Dans la forêt…Voilà pourquoi je l'ai tué, voilà pourquoi je t'ai sauvé… »
Elbane : « je...Je…je ne sais pas quoi dire… comment puis-je te croire…pourquoi ne pas m'avoir cherchée avant…POURQUOI ???? »
Ezira : « Tu n'étais pas prête…à entendre la vérité sur ta vie, et encore moins à ce qui va suivre… »
Ezira : « Tu as lu…ce fameux projet ??? Qui crois-tu que les deux EE désignent ??
Nous sommes des êtres exceptionnels, des êtres différents, de par notre complémentarité, nos aptitudes, nos convictions, et surtout…notre amour… Nous sommes jumelles, un lien nous unit, plus fort que tout, nous avons grandi ensemble dans le ventre de maman : je suis née la première et toi la seconde, une petite minute d'intervalle mais nous sommes à nous deux, unique, nous formons un ensemble, un tout. Une force indescriptible nous lie et nous confère des émotions, des ressentiments, des capacités au-delà de la norme humaine et de ce fait, nous sommes le salut de l'humanité…..toi et moi… unies pour reconstruire…»
Elbane ; « J'ai peur de ne pas te suivre…j'ai, en dix minutes, appris la mort de mes deux parents, que j'avais une sœur jumelle, et que j'ai vécu vingt-cinq ans dans l'ombre, alors que toi, tu vivais ici, à l'abri de tout…. Sais-tu ce que j'ai enduré, puisque tu dis que nous sommes connectées, sais-tu par où je suis passée ? Comment peux-tu aujourd'hui venir me mettre sous le nez tes discours de liens, de force ? Où étais-tu quand j'en avais besoin, où étais-tu bon sang ??? »
Ezira : « Ta colère est légitime et je l'entends, mais sache que j'ai souffert avec toi. Ici la vie est réglementée, je ne pouvais pas faire comme je l'entendais…Je t'ai cherchée, appelée dans mes rêves, je t'ai sentie, parfois proche…. Mais il fallait un évènement non prévu, comme cette rencontre avec le soldat. Quand je t'ai vu au loin, aux prises de cet ours… j'ai su que quelque chose avait basculé…et te voilà, ici... en face de moi… »
Elbane : « …… »
Elbane : « Je te hais autant que je t'aime, mais je sens que tu ne me dis pas tout…. Ce projet ? En quoi pourrions-nous être le salut de l'humanité… ? »
Ezira : « Ce projet a été décrété par notre père. Il y a de cela 3 ans, je suis tombée malade, j'ai subi beaucoup d'examens, jusqu'à ce qu'il trouve l'origine de ce mal…. L'absence…Ton absence… Notre lien si unique, si fort, combiné à notre éloignement m'ont gravement affectée…. Je souffre aujourd'hui de graves complications, et mes mois sont comptés…. Ton retour, n'y changera rien, au contraire, car cela va accélérer les choses, comme si le temps perdu se rétrécissait…mais ensemble, nous pouvons changer le destin de l'humanité…. Notre amour, notre lien est un pas vers le futur : nous avons ici, comme tu t'en doutes, une machine capable de cloner des êtres vivants. Sur le document, E1 c'est moi, Ezira 1. J'ai été cloné pour tester les capacités du processus, et voir si le sujet cloné possédait les mêmes caractéristiques que moi…. Le résultat a été positif…ça fonctionne, cela veut dire, qu'à partir de gens différents, comme toi et moi, de nos deux plus deux égal un, nous donnions vie à un nouveau genre humain… Une espèce capable de survivre dans ce monde devenu hostile. Je sais que tout ceci est brutal pour toi mais nous n'avons plus de temps, le monde s'écroule, l'humanité se meurt et court à l'extinction. Toi et ta décision sont les seuls remèdes…. Si tu acceptes, l'humanité actuelle devra disparaitre et laisser place à notre nouvelle espèce, je suis mourante, mais toi non, tu seras la seule survivante de ce monde…tu pourras le créer et le façonner comme tu le voudras, si tu refuses, je mourrais tout de même et l'homme s'éteindra à petit feu, laissant derrière lui un monde de chaos et de désolation….
Elbane : « En somme quoiqu'il arrive, je serai de nouveau seule…. Peu importe le choix…Alors qu'aujourd'hui je viens de découvrir ton existence, tu me demandes de vivre sans toi, de profiter du peu de temps qu'il nous reste à nous êtres humains, et à nous deux surtout….
Pour lire la fin ou Elbane refuse le clonage, passé directement
à la page suivante…
Pour lire la fin où elle accepte le clonage, passez directement
à la Fin 2.
Pour lire la fin secrète… passez directement à la Fin 3.
Elbane : « Qu'attends-tu de moi ? Qu'attendais-tu de ma venue ?? Tu croyais vraiment que j'allais faire une croix sur toi ? Sur nous ? Ne pas vivre ces derniers moments avec toi ? Alors même que j'ai vécu seule durant toutes ces années ? »
Ezira : « Bon sang, Elbane, réfléchis, tu es le salut de l'humanité, sans toi notre espèce va disparaître, s'éteindre lentement, en agonisant, comment peux-tu penser à toi ? »
Elbane : « Je n'ai cessé d'être égoïste pendant tout ce temps, je n'avais rien à partager avec personne, pas un allié, personne sur qui me reposer… j'ai été SEULE Ezira tu entends…SEULE…Aujourd'hui, tu m'apportes des réponses, a tant de questions, et il faudrait que par ma seule décision je reprenne tout, pour me retrouver seule, avec une nouvelle espèce, reconstruire un monde que je ne veux pas, j'ai été et je resterai égoiste Ezira tu comprends… je veux vivre mes dernières heures, tes dernières heures, et les dernières heures de l'humanité avec toi et uniquement avec toi…. Je n'ai que faire de ce qu'il adviendra ensuite, je ne veux plus survivre… mais vivre mes derniers instants… simplement…. Ma décision est définitive et rien ne pourra me faire changer d'avis. »
Ezira : « Je comprends, Elbane, tant d'années passées à attendre un salut, une main tendue, t'ont endurcie. Tu es une guerrière, aveuglée par la solitude et l'incompréhension…j'ai bien compris que tu ne feras pas machine arrière, j'admire ce que tu es devenue tu sais, une femme forte, fière, emplies de valeurs…pourtant, tu aurais pu être tellement différente… tellement plus … mauvaise, mais non, tu es restée sur une ligne, celle où tu avances coûte que coûte, en espérant que demain sera meilleur. Je ne suis que l'ombre de la personne que tu es, recluse dans un lieu à l'abri des dangers, loin de ce que tu as pu vivre….
Elbane…Je… j'aimerais te demander quelque chose, je n'ai ni la force, ni l'intention de te détourner de ta décision. Alors j'aimerais profiter des derniers moments ensemble car depuis ton arrivée ma maladie s'est aggravée. Nous sommes liées mais si nous ne fusionnons pas, je crains qu'il ne me reste plus que quelques heures à vivre… »
Elbane : « Comment ça, que quelques heures à vivre ? Pourquoi ? Qu'ai-je à voir avec ta maladie ? Et que veux-tu me demander ? »
Ezira : « Je te l'ai dit : nous sommes connectées, ton retour a aggravé ma maladie, mais peu importe, je suis destinée à mourir, écoute simplement ce que j'ai à te dire….Je regrette….je regrette de ne pas t'avoir connue , de ne pas avoir grandie avec toi, j'en ai souffert, durant toutes ces longues années, tu étais mon double, ma sœur jumelle, si nous n'avions pas été séparées, je ne serais pas malade aujourd'hui, mais il en est ainsi…et toi seule peux me libérer…. »
Elbane : « Te libérer ? Que veux-tu dire ? »
Ezira : « Je…Je…Je ne veux pas mourir de la maladie, tu comprends…. J'aimerais que tu fasses ça pour moi…je veux mourir dans tes bras… tiens… »
Elle lui tendit une boite de comprimés, des anti-douleurs extrêmement puissants, et…mortels à haute dose….
Elbane : « ……Je…Je ne peux pas, je ne pourrais jamais te regarder mourir sans agir. »
Ezira : « Tu as fait ton choix et je le respecte, alors je t'en prie, respecte le mien, et accepte de me laisser partir…. En attendant, viens, je vais te montrer quelque chose….
Ezira l'emmena dans une pièce à côté de sa chambre, un lieu qui ressemblait à un débarras où étaient empilé des tas de cartons, des livres, et plein de choses presque oubliées, comme figées dans le temps…
Ezira : « Voici ce qui nous lie, Elbane, un lien unique, indéfectible… Après l'accouchement, Papa nous a prises dans ses bras, et nous a rapprochées de maman, nous étions tous les quatre, enlacés, comme suspendus dans le temps, et il a mis cette broche, un arbre de vie, à chacune de nous. Il était convaincu que l'humanité n'avait pas pris le bon chemin, que la famille était un don, et que ce don devait être préservé et symbolisé tout comme ce qu'un arbre, enraciné dans la terre, représente…tu la reconnais ? »
Elbane : « C'est la broche que j'ai dans les cheveux, je n'ai jamais su d'où elle venait, ni ce qu'elle représentait… »
Ezira : « Tu le sais maintenant, mais la mienne est en train de se briser, mon temps de vie s'écoule, et mes racines noircissent, je veux partir, tant qu'il est encore temps… Je t'en supplie, aide-moi, c'est comme si j'allais m'endormir ! »
Elbane : « Le monde est cruel et la vie l'est tout autant mais j'ai fait un choix, peu importe les minutes qui se sont écoulées depuis que je suis avec toi, elles sont irremplaçables et je ne regrette en rien mon choix…. Je vais t'aider à t'en aller, je serais avec toi jusqu'au bout… »
Ezira : « Sache que je t'aime, toi que je n'ai que trop peu connue, ma sœur…Le temps est venu pour moi…dit-elle en sanglots…
Elbane : « Je…je…t'aime. Peu importe la suite, t'avoir connue aura été le plus beau moment de ma vie… »
Elle tendit les comprimés à Ezira ainsi qu'un verre d'eau… les larmes roulantes sur son visage apaisé…. Une fois avalé, ezira ferma les yeux, un sourire aux lèvres, tandis qu'Elbane la regardait sombrer lentement vers la mort, les yeux remplis de larmes…
Elle posa sa main sur sa poitrine, baissa la tête, et attendit, comme ça, quelques minutes…jusqu'à ce qu'elle ressente un vide immense à l'intérieur, comme une partie d'elle qui s'en était allée…
Suite à cela, une grande explosion se fit ressentir : le lien entre les jumelles étant rompu, c'est comme si toute la planète était liée à ces deux êtres exceptionnels… Elbane embrassa sa sœur pour la première et la dernière fois avant de s'en aller…
Dehors, le chaos régnait, les gens s'entretuaient car il n'avaient plus d'espoir. Elbane marchait lentement, au milieu de ces animaux dénués de toute âme, apeurée, terrifiée par ce qu'elle voyait. La culpabilité commençait à l'envahir, comment avait-elle été aussi aveuglée par ces propres émotions, pour laisser derrière elle un tel désastre, une seule personne valait-il le sacrifice de tant d'autres ? Les larmes coulaient sur son visage alors qu'au loin, dans un dernier éclair, la chute de l'espèce humaine trouva son salut : une puissante éruption solaire enflamma le ciel et la terre, brûlant tout ce qui se trouvait sur son chemin, la sixième extinction de masse est arrivée à son terme…
Ne négligeons jamais les liens qui nous unissent… ils sont parfois le remède à bien des souffrances…
L'amour, l'amitié, la famille….
L'empathie, le don de soi,
L'individualité n'a jamais fait avancer qui que ce soit, alors que l'union et l'unification créent des liens, servent de ponts de connexion envers les êtres humains et les rendent plus forts….
Ne l'oublions jamais…….
FIN 2
Elbane : « Combien de temps te reste-t'il à vivre, peu importe mon choix ? »
Ezira : « Quelques heures… tout au plus. Ton retour, comme je te l'ai dit, a aggravé ma maladie, et l'heure tourne…si tu acceptes le clonage, il y a de grandes chances pour que je parte après le processus. Mais avant cela, il faudrait d'abord que tu passes le process de l'acte 3. Que veux tu faire Elbane ? Pour ma part je suis condamnée et tu ne me connais que depuis peu, tu as l'avenir devant toi, pour tout reconstruire, pour TE reconstruire…Ne laisse pas ton égoïsme et ta rancœur guider tes actes, tu es ma sœur, je sais à travers mon cœur ce que tu vaux, ce que tu es, une femme droite et qui souhaite le meilleur pour son prochain, Nous ne sommes pas nées au bon moment, tu comprends, ici, il n'y a aucune place pour l'empathie mais ce que tu peux faire ensuite… grâce à nous deux, c'est une chance inouïe, un don de la vie, que tu peux décider toi, et toi seule…Et puis, qui sait ce qui peut se passer derrière ? Il n'y aura que toi pour le voir, pour le décider. Tu pourras jouer à dieu mais sache que de là-haut, je te regarderai, l'humanité compte sur toi, même si notre espèce actuelle disparaît, une nouvelle, capable de s'adapter à cet environnement nouveau verra le jour, et tout repartira. Ce sera toi, et toi seule, qui la guideras, et lui montreras le chemin que l'humanité 1 n'a pas su prendre….Alors, Elbane, que veux-tu faire ? »
Elbane : « Je…je…je ne sais pas, tant de responsabilités, tant de poids sur mes épaules, je ne sais pas si j'en suis capable, j'ai été aveuglée par la souffrance, l'ennui et l'égoïsme durant la majeure partie de ma vie, comment savoir ce que je suis capable de faire ? Fédérer un peuple, une nation, faire en sorte que l'on ne fasse pas les mêmes erreurs ? Tant de questions auxquelles je n'ai aucune réponse, qui m'effraient… Moi qui n'ai jamais vu plus loin que le lendemain, il faudrait que j'envisage un avenir de reconstruction où je serais le seul guide ? Me voilà belle. »
Ezira : « Je sais que tu sauras ce qu'il faut faire… ce que tu as dans le cœur, je l'ai également, il faut juste y croire, avancer sans jamais se retourner. Lle passé est le passé, les erreurs sont faites, en regardant devant, tu prendras la mesure de ce que l'humanité a fait, a détruit et la chance qu'elle a laissée passer, guidée par la vanité, et l'individualisme. Ce monde est un chaos, une aberration, il doit disparaître quoiqu'il arrive, mais si tu acceptes notre fusion, on donne une chance à notre genre…le genre humain… »
Elbane : « Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours perçu le monde comme dangereux et hostile, une crainte permanente, je ne veux plus de cela, je ne veux plus vivre de cette façon-là… me méfier des gens comme des animaux, je ne supporte plus cela, j'ai toujours rêvé d'un monde meilleur où la vie serait simple, prospère et où tout le monde aurait sa place…Je…je…j'accepte le processus Ezira… pour toi… pour nous… pour l'humanité.2.0 »
C'est sur ces paroles qu'Ezira conduisit Elbane dans le laboratoire afin d'effectuer la phase III. Un conteneur basique de liquide translucide se tenait devant elle. Elle pénétra dedans par le biais d'un sas. Ezira lança la procédure de test de clonage, tout se passa parfaitement comme prévu, le sujet cloné E2 était viable, et la phase IV put être enclenchée…
Un deuxième conteneur connecté à la machine et à celui d'Elbane était situé à quelques mètres. Les sœurs jumelles se regardaient, certainement pour la dernière fois, un regard à la fois, de craintes, d'amour, de tristesse…
Ezira : « Elbane…je…je tenais à te dire, avant de lancer le processus, que j'avais été heureuse de te rencontrer, et que…grâce à toi, je partirai l'esprit libre, et apaisé… Bien que nous ne nous connaissions pas beaucoup, tu es ma sœur, nous sommes liées, pour toujours, et je t'aime… »
Elbane : « Je…je… merci…Je suis heureuse de t'avoir rencontrée également, et déçue de ne pas pouvoir te connaître davantage…ma…ma…sœur… »
Ezira appuya sur le bouton de lancement de la fusion pour les premiers tests sur E1 et E2, un process de quelques minutes seulement, afin de croiser tous les résultats de leurs tests séparés. Comme prévu, tout concorda, E1et E2 unifiés, sont les seules à pouvoir engendrer un clone apte à survivre sur cette nouvelle ère, cette nouvelle planète… Mais, lorsqu'Elbane sortit de son incubateur, elle s'aperçut qu'il n'y avait pas un seul clone, mais quatre, deux garçons, et deux filles, et nouveaux- nés ! Alors que subjuguée par ce qu'elle voyait, Elbane entendit une énorme explosion, la dernière très certainement de humanité 1…Elle s'empressa d'aller voir Ezira, mais hélas, la mort avait déjà posée son empreinte sur sa sœur, un teint pâle l'avait déjà envahie… Mais le temps n'était pas à tergiverser… dehors le chaos semblait s'emparer de la terre, il lui fallait mettre les bébés en sureté, à l'abris de l'humanité 1… Elle les prit un par un, les enlaça dans des linges prévus à cet effet, puis les posa précieusement dans une capsule pressurisée. Elle accrocha la capsule sur son dos à l'aide de sangles, puis s'enfuit, en courant, sans jamais se retourner, elle courut, courut, jusqu'à épuisement, puisant dans ses dernières ressources. Elle savait qu'elle n'était pas loin de cette fameuse maison, celle de la photo, sa maison où toute sa vie a basculé…Elle avançait, des larmes coulaient sur son visage mais rien ne l'arrêterait. Les bébés pleuraient et plus ils pleuraient, plus elle sentait qu'elle se rapprochait de son but, quand soudain, là, devant elle, sa maison, son enfance, ses souvenirs, tout remontait à la surface, sa mère, son père, et ... sa sœur.
Elle poussa la porte d'entrée, certes tout était ravagé, pillé, mais c'est ici, et pas ailleurs qu'elle donnera un second souffle à l'humanité, Humanité 2.0
La vie, la mort, tout n'est qu'une question de temps,
Nous sommes tous de passage sur cette Terre,
Faisons en sorte que l'on se rappelle de nous
Et veillons à ce que nos descendants
Puissent vivre dans un monde meilleur…
Fin 3
Elbane était en colère, visiblement, la haine l'avait envahie, ne comprenant ni ce qu'elle représentait pour l'humanité, ni ce qu'elle pourrait apporter à sa vision de l'avenir, à sa vie…cette vie qui n'était que souffrance, solitude, tristesse, clairsemée de survie ! Elle était aveuglée par ses émotions, trop fortes, trop intenses, qu'elle en hurlait, face à Ezira…
Ezira : « Arrête, tu me fais peur. Arrête je t'en supplie, je suis désolée, désolée pour tout ce que tu as dû subir, mais je ne suis pas fautive, ce n'est pas moi qui aie voulu ça pour toi… je n'ai cessé de te chercher ainsi que papa, écoute, écoute ce que j'ai à te dire…
Papa nous a donné un lien, que tu portes sur toi en ce moment même et depuis toujours, j'ai le même regarde. »
Ezira prit une boite, en sortit discrètement une arme à feu et une broche, la même qu'Elbane portait dans ses cheveux…
Ezira : « Tu vois, tu la vois ?? Cette broche…c'est notre lien familial, celui qui est le symbole de notre famille... il t'est familier n'est-ce pas ? Alors arrête…arrête de croire que l'on t'a abandonnée, ce n'est pas VRAI… on t'a cherchée, cherchée, des heures, des semaines, des mois durant… mais rien…que voulais-tu que l'on fasse ? »
Elbane : « JE N'EN SAIS RIEN, MAIS IL FALLAIT FAIRE PLUS, J'AI ÉTÉ SEULE PENDANT 20 ANS !!!! 20 ANS tu entends… » Dit-elle en sanglots… « J'ai trop de haine, trop de souffrance en moi, pour comprendre, et accepter tout ce que tu me demandes, je suis désolée, mais tu es une étrangère pour moi, peu importe la ressemblance, je suis unique, je n'ai pas besoin de toi, ni de personne, votre plan ne verra jamais le jour, car je ne veux pas faire partie de tout ça, je mourrais avec l'humanité tout entière, un point c'est tout. »
Elle se retourna en direction de la porte, et lorsqu'elle prit le loquet dans la main, elle entendit le clic d'une arme à feu. Elle se retourna, Ezira la tenait en joue, tremblotante.
Ezira : « Lâche cette porte… vite…. ordonna-t-elle. VITE ou je…je… »
Elbane : « Ou tu quoi ?? Tu vas me tuer ? Tu ne peux pas et tu le sais, tu serais la seule fautive de la chute de l'espèce humaine… alors, tu comptes faire quoi ? Hein ? Me battre à mort, jusqu'à ce que j'accepte ? »
A chaque question, Elbane se rapprochait d'un pas, Ezira, reculait, elle, jusqu'à se retrouver acculée contre la fenêtre. Après quelques pas, Elbane se trouvait face a l'arme et sa sœur, chancelante, et dans un sourire provocateur, elle lui demanda,
Elbane : « Vas-y, tire… »
Voyant cela, elle prit dans un élan de rapidité et de furtivité le pistolet des mains de sa sœur et voici que les rôles s'inversaient.
Elbane : « Et maintenant, va tu m'implorer à genoux ? Vas-tu te mettre à pleurer ? ou vas-tu attendre tout simplement de voir ce que je te réserve ? »
Ezira : « Vas-y… de toute façon, je suis condamnée tu sais, me menacer ne servira à rien non plus… alors, appuie, mets fin à mon calvaire… MA SŒUR ! »
Elbane se rapprochait de plus en plus de sa sœur, jusqu'à être collée contre elle, puis, elle se tourna, colla son dos contre sa poitrine, et attendit… elle attendit au moins cinq bonnes minutes, sans un mot. Ezira restait également prostrée et silencieuse…leurs deux respirations n'en faisaient plus qu'une, leurs cœurs battaient à l'unisson, puis, lentement, Elbane leva l'arme, et la posa contre sa poitrine, face à son cœur et celui de sa sœur.
Elbane : « Je vais nous unir dans la mort… Du plomb dans le cœur…c'est tout ce que la vie nous a appris… »
Elle appuya sur la détente, le coup résonna, au milieu du silence absolu… Quelques fractions de secondes plus tard, une explosion énorme se fit entendre, avertissant de la fin de l'humanité…
L'être humain a failli…
Ne vous laissez pas envahir par la haine, ni la rancœur,
Laissez-vous guidez par votre amour et votre compassion,
Pardonnez à vos proches,
La vie est courte,
Et tout peut voler en éclats en un instant…
Ne l'oubliez jamais…
Merci steve pour la note.
· Il y a presque 5 ans ·Yoann Valour