E. N.

- Oh la vache, il nous a pondu une thèse le Manu !

- Pourriez-vous me débroussailler tout ça et me faire un topo succinct ?

- Le topo sera succinct Monsieur, sans doute un copier/coller de tant de décennies, sur les valeurs universelles, l'égalité des chances, je parie qu'il vont relancer une enquête, comme à chaque changement de Ministre, un budget colossal pour accoucher d'une souris, ça fait 40 ans, au bas mot, que ça dure.

- Bon peut-être, surlignez-moi les passages importants.

- Bien Monsieur, je ne risque pas d'user mon surligneur.

- Vous m'agacez à la fin, faites votre boulot et c'est tout !

- Bien entendu Monsieur, je ne suis pas frondeur, mais ne dites pas que je ne vous ai pas prévenu.

L'esprit d'initiative locale sera encouragé.

Un budget sera débloqué en ce sens.

Plus de circulaires de Paris, lâchez-vous mes amis !

Et que les meilleurs gagnent, les gagnants du concours seront récompensés, les idées neuves et efficaces seront appliquées dans toutes les académies.

Tout élève doit pouvoir s'épanouir et se voir proposer le parcours d'orientation qu'il mérite.

- Putain, c'est à chier !

- Pas plus que les décennies précédentes Monsieur.

- Je vous transfère la vidéo concoctée par le nouveau Ministre, au frais du contribuable.

- là je vous arrête tout de suite, et le devoir de réserve , qu'en faites-vous ?

- Pardonnez-moi Monsieur, c'est vendredi ! Ce que j'en fais … ?

- OK, c'est vendredi, je ne devrais pas vous le dire, mais je pense comme vous. N'allez surtout pas ébruiter la moindre bribe de notre conversation, pensez au rapport d'entretien et à votre avancement.

- Vous me jugez bien mal Monsieur, mais c'est un honneur de savoir que vous pensez comme moi.

Et la Première Dame, elle a été enseignante ? Elle aurait pu conseiller son mari, enfin, actualiser un peu les choses pour nous épargner toutes ces âneries.

Il est vrai qu'elle a peut-être enseigné dans les années 60/70.

- Je ne vous cautionnerai pas sur ce point, et le devoir de réserve, qu'en faites-vous ?

- Dois-je vous répondre franchement ?

- Dans votre intérêt je vous le déconseille.

- Enfin, c'est un péché véniel Monsieur, ce n'est que la Première Dame, pas de politique, plutôt la rubrique « people », un peu comme William et Harry quoi.

- Bon, j'espère que ces lectures ne nuiront pas au bon fonctionnement de nos services.

- Pas du tout Monsieur, ces lectures ne seront pas pires que les langues de vipères des dits services.

- Allez, vous m'agacez, retournez donc à votre poste de travail.

- J'y cours avec un zèle déployé.

- Ne faites pas trop le malin car je vous ai à l'œil.

- Je n'en doute pas Monsieur, ce qui m'oblige à être meilleur.

- Ben voyons !

- Un petit café ?

- Pas de refus, avec …

- Je connais vos habitudes Monsieur, vous ne serez pas déçu.

- Bon, vous êtes loin d'avoir les compétences requises mais je vous garde encore un peu.

- Merci Monsieur, vous me dites la même chose depuis trente ans, mais pour moi c'est toujours …

- Allez, au boulot vous dis-je !

- Bien Chef !