Echanges oniriques

le-baron

Elle
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Comme tous les matins, la nuit à peine ayant levée ses voiles, les pieds nus foulant la rosée, mon âme vagabonde, mon regard s’émerveille, mon corps s’offre, la nature est à moi.

Cet instant de silence, si court, magie parmi les magies, qui marque la frontière du jour et de la nuit.

Cet instant de paix où les animaux de nuit rentrent dans leurs tanières or que les êtres du jour font leurs apparitions.

Ce pacte nulle part écrit, cette règle divine, cette courte trêve immuable depuis la nuit des anges.

Seul l’homme, monstre insensé, parvient à briser l’harmonie.

Mais ici, dans ce lieu, connu de quelques rares privilégiés, nul être humain.

L’émerveillement sans cesse renouvelé par la beauté sans limite que m’offre ce vieil arbre, la quiétude de mon âme bercée par le son lancinant de ce ru, l’esprit en voguette entrainé par les chants d’amour de ces oiseaux dont j’ignore les noms, je me laisse entrainée par mon regard.

Moi
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Comme tous les matins, la nuit à peine ayant levée ses voiles, ses pieds nus foulant la rosée, son âme vagabonde, son regard s’émerveille, son corps s’offre, la nature est en elle.

Ce matin, Le baron se dirigeait vers cet endroit de quiétude, de paix et d’harmonie.

Un arbre les attendait.

L’âme du Baron était joyeuse.

Ces rencontres, sous les branches de ce vieux saule étaient toujours empreintes de magie et de renouveau.

Arrivé dans cet endroit féérique, Le Baron la vit , son corps embrassant le vieux tronc comme s’il s’agissait d’un intime amant.

L’osmose de cette fille avec la nature l’avait toujours rendu admiratif.

Rare était les êtres capables de ressentir l’amour dans toute chose, capables de communiquer avec chaque vie, capables de s’émerveiller devant les plus belles œuvres que nous offraient les anciens dieux.

Elle
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Sans le voir, je ressentis l’arrivée de l’aïeul, celui que certain surnommait Le Baron.

La joie de le retrouver en ce lieu était pour moi sans limite.

Je ne détachais pourtant pas mon corps de l’arbre.

Je sentais les pulsations lentes de la sève monter dans le tronc, rejoindre lentement chacune des branches, apportant une nourriture puisée au plus profond de la terre, au plus profond de l’histoire.

Les racines étaient le passé.

Le tronc représentait le présent.

Le futur se symbolisait le long des branches tombantes du vieux saule.

Une de ces branches effleura mon visage ou plutôt le fouetta.

Tel le plus cinglant des martinets, il m’arracha à ma torpeur lancinante et m’apporta des images d’un futur, proche ou lointain, comment savoir.

Je me vis pleurer sur le corps du Baron, tombé définitivement lors d’un de ses multiples combats.

Une épée transperçant son front.

Non pas une épée mais son épée !!!!

Je me détachai de l’arbre, effrayée de cette vision apocalyptique.

Mon cœur semblait s’être arrêté de battre.

Le baron se rapprochait du saule, tout sourire.

Moi
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Bonjour à toi, ma muse, toi devant qui les étoiles palissent.

Cet endroit est toujours aussi magnifique et cet arbre toujours aussi majestueux.

Je suis heureux de voir que sa magie perdure tout au long des multiples saisons qui l’ont nourrit.

Qu’allons-nous découvrir en cette merveilleuse journée qui débute ?

J’ai comme l’impression que ton voyage dans l’avenir à déjà débuté ma tendre enfant et que ta première vision ne fut pas des plus joyeuses.

Toi comme moi savons que les visions que le contact avec les entrailles de la terre, avec les sources de l’histoire que nous procurent cette magie peuvent parfois être douloureuses et que leurs interprétations nous incombent.

Puissent celles-ci m’être bénéfiques en ces temps troublés.

Le baron salua le saule en signe de respect, retira ses vêtements et s’approcha de l’arbre.

Dès le premier contact sa vision fut fulgurante.

Elle
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Baron, que se passe-t’ il ?

Toi comme moi semblons être la proie de visions cauchemardesques.

Baron, père, ma vision m’effraye.

Je pressens qu’un avenir sombre nous attend.

Peut-être faisons-nous fausse route.

Peut-être avons-nous mal interprété les signes des étoiles.

Peut-être avons-nous choisit la route de la facilité, trop orgueilleux de croire en notre toute puissance.

Baron, le sang coule autour de toi.

Trop d’âme ont terminées leurs courses trop vite par tes actes, par nos actes.

Aujourd’hui, tu ne guides plus la route des Constellations.

Aujourd’hui tu es seul juge de tes actions.

Baron j’ai peur.

Je ne veux pas te perdre.

Baron, répond moi !

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