Echantillon représentatif

olive-le-poete

29 juillet 1998.

         Quand la brise m'isole

         elle excelle parfois

         de tendresses

         qui feraient rougir

         un oiseau en vol,

         et l'enflammeraient

         dans le ciel,

         pour le fondre

         dans les Cieux,

         miroirs du sol.

 (c) olivier samsoen

20 novembre 2000. 

         La coque de mon navire

         S’abreuve de la symbiose

         Du divin instant réaccouché

         D’avoir déniché un mouillage protégeant

         Des trajectoires tourmentées

         De traversées où le vent dicte des arrivées

         Qui ne correspondent plus aux départs.

         Et j’ai peur que ce fauve de bois qui tempête en moi,

         Et dont la raison d’être et d’avancer,

         En séparant les flots de son sillage

         Ne s ‘enrage sur la bride

Qui le retient dans l’apaisement,

Au point d’en rompre les amarres

Et ne parte voguer à la dérive

Vers un récif fatal.

Car vois-tu,

J’ai peur d’aimer, ai-je pu avoir Trop mal,

Au point d’avoir rongé en moi jusqu’à l’os

Toute incarnation possible de l’Amour,

N’en laissant qu’un squelette,

Dont d’effroi je ne pourrais que fuir

La danse devenue macabre ;

Eloigné des vivants, chassé de la pure âme.

Y aura t’il une larme de plus dans l’océan ?

                   (c) olivier samsoen

23 Mars 1999.     Une clémentine comme une autre.

J’ai pour habitude de ne pas trop aimer les clémentines. On a beau me dire qu’elles sont riches en vitamines C, par souci d’efficacité, je préfère prendre un comprimé. Et puis ma vie avec les femmes étant tellement difficile à avaler qu’elle peut m’absorber au point, par exemple, de refuser toute dépense d’énergie aussi superflue que le pelage d’une clémentine.

Cependant, ce soir là, j’ai envie d’en manger une. Ses pelures sont maintenant éparpillées sur la table de cuisine. C'était une bonne clémentine, bien sucrée et sans pépin. Sa pelure était si finement serrée contre elle qu'elle s'était arrachée en petits lambeaux, et formait petites touches jaunes sur le bleu de la nappe.

Je me suis mis à ramasser les morceaux avec précision. Il ne s'agissait pas d'en laisser un seul sur la table : à quoi bon faire le boulot si c'était pour que quelqu'un doive le refaire plus tard.

Enfin bref, ma main devait saisir les premiers morceaux quasiment un par un. Ils étaient si petits, que parfois ils retombaient et qu'il aurait fallu à nouveau les ramasser, si je n'avais pas eu le réflexe de balayer la table de la main, pour les ramasser tous en un seul geste.

Ma main, au lieu de passer de l'un à l'autre en se déplaçant dans les trois dimensions, a fini par concentrer ses efforts sur les deux dimensions de la table. Les petits copeaux d'écorce se sont retrouvés bien sagement dans ma main. Je les ai tous eu d'un coup, évidemment.

C'est à ce moment là que je me suis mis à repenser aux femmes.

                   ©1999 olivier samsoen.

1993

         Dispersion astrale d'étoiles

         voûtes célestes du firmament argenté,

         qui, bien au dessus

         de l'eau gonflée des hommes,

         par dessus les couvertures

         et les têtes,

         alors que tous sauf lui

         sommeillent,

         combinez le néant

         et l'infini.

         Dans les avenues et les ruelles,

         fragile scintillement des réverbères

         concurrence déloyale,

         proximité malsaine

         d'une lumière rêvée.

         Chaleur du noir

         blancheur des trottoirs,

         euphorie grave

         amour fou de celui

         qui a crée.

         Bonheur dérangeant

         d'un dieu inconnu

         qui,

         au dessus,

         dans,

         et tout autour de nous,

         actionne la nuit venue

         les leviers mécaniques

         de rêves rédemptoires.

1993

Voyage.

         Dans le tissu de ce sous-sol argileux

         où le bois et le reste

         pourrissent en tranquillité,

         habilement, je me glisse en fraude

         en cette chaude et vivante divinité.

         Tel une huile

         je m'infiltre parmi

         les racines des végétaux tolérants,

         meubles bruts d'une nature humide.

         J'entends le chants lancinant

         d'oiseaux jusqu'au-boutistes,

         migrateurs qui

         sous la chaleur torride des tropiques

         ont chanté aux oreilles

         de nobles et placides éléphants.

         Pourtant ici

         mes yeux sont soufflés

         de froid

         par la vigueur bleue

         d'un ciel sans limite.

         La pluie demain

         grommellera de petits cris hargneux

         sur le carreau

         et les pavés.

         Dans les rues alors,

         je m'avancerai

         en retard

         à ta suite,

         pécheur d'ombres

         et de spectres,

         rêveur d'un passé non vécu

         mais qui aurait pu être.

         J'aimais le vent, le soleil

         et certains humains.

         Kinesthésie maladive

         fragile effleurement

         tranquille effarement

         de caresses en sourdine.

         (Allez tranquille effacement

         du souvenir de ce corps

         qui n'aura pas voulu frémir.)

Excès de bonheur

         tu disparaîtras,

         il faut en être sûr,

         ton heure viendra.

         Tu fuiras comme les autres

         celui que tu as réjoui,

         amour impie.

         Tu saliras le propre

         de l'espérance

         car tu es

         comme la chance

         qui vient et qui va.

------------------------------------------------------1993

         Quand je les regarde,

         les brins d'herbe

         se perdent dans le temps,

         et leur souvenir

         réapparaît en lui,

         tandis qu’à la faveur d'un orage,

         alcoolisé trop fortement,

         le temps se plie

         et la beauté visible

         des brins d'herbe

         montre déjà

         sa future face jaunie.

         La beauté se marie

         à la sécurité

         et les brins d'herbe, fauchés

         par des fleuves de goudron.

         rejaillissent lors d'éruption

         de cratères oubliés

         et autrefois meurtris,

         en fleurs de lave

         et boutons brûlants,

         juste de l'autre côté

         de la Terre.

Peindre.

        On verrai des bleus cyans

         et des ocres verdaçés.

         On dirait des enclumes flottantes,

         et bourrées des banalités.

         On verrait des grands souffles pixcélisés,

         comme battus sur l'écran.

         On entendrait l'effluve rampant

         d'une couleur déconfite,

         et définitivement happée.

         On percevrait des rouges sang

         et des roses somnolés.

         On y verrait des gris tempête,

         et la mouvance d'une marée dépliant ses vagues finement serrées.

         Il y aurait de la lune

         éclaboussante de clarté

         et l'écarlat éclat d'un tarpet....

           .... Alors il y aurait

         tout une grande vague,

         le long de la jetée.                          

         25 août 1996.

         On est toujours con, terrien,

         avec des cadeaux,

         plein les mains

         et qu'on r'vient toujours avec.

         On est vraiment con,

         l'appât du gain,

         et on est bien seul, vénusien,

         quand on comptait faire avec.

         Et on est vraiment bien sec, martien,

         quand de son propre destin,

         on voulait inonder

         le fleuve de ses yeux High-tech.

         C'est vraiment impec, putain,

         d'avoir seulement, au moins,

         l'espoir d'une meilleure main,

         dans les cieux du grand architecte.

Sur le dépassement de soi.

                                      (Pour Jean-Louis Cloët)

         Dépasses-toi

         et regardes ailleurs

         que là où

         tu crois être.

         Dépasses-toi

         cherches un peu.

         Allez, juste une fois,

         découpes la fenêtre.

         Des passe-droit,

         il n'en faut que pour

         les piètres architectes.

         Alors dépasses-toi

         et saches qu'ici

         comme ailleurs,

         c'est la force

         qui te permettra

         de renaître.

Sur l'évasion / 1.                        2 Septembre 1998.

            L'esprit se barre

            à chaque fois que

            le corps

            ne sait vivre.

            Mes pensées tentent

            vainement de s'enraciner

            dans les espaces gagnés

            par les vivantes lignes

            de quelques livres.

            L'esprit se barre,

            mais quand le cœur

            se fait ivre,

            alors le corps accoure:

             il est fait pour courir.

            L'amour est comme la vie:

            l'amorce d'une course

            contre la mort,

            la lumière surprenante

            d'une leçon de savoir-vivre.

           L'esprit se barre,

            pourtant il respire.

            La force et la souffrance

            de ceux qui aiment

            est d'être l'oxygène

            se consumant

            pour le suivre,

            le relier à la Terre,

            en s'étirant pour le grandir.

                   Sur l'évasion (2).                          3 Septembre 1998.

         L'esprit s'évade

         dans des vagues

         de temps qui se brisent,

         et quand la pénombre,  

         de la nuit,              

         arrive sur la rade,  

         elle enjolive les rides, 

         et rend humain  

         ce qui paraissait Crade.

                   « Bzz, bzz. » Novembre 1998.

         Je me promenais sur la route, en rentrant d’un boulot, comme tout le monde. Nous étions tous agglutinés sur une bande de goudron, et je pensais que vus de haut, nous devions ressembler à des mouches, scotchées sur un tue-mouche, sauf que contrairement à elles, que la bande tue-mouche immobilise physiquement, nous, les humains, c’était notre mouvement qui était notre immobilisme.

         C’est quand les mouches sont trop nombreuses, qu’elles sont trop pressantes à nos oreilles et qu’on se met à craindre à raison, qu’elles ne nous chient sur la viande, que l’humain la détruit en plaçant son insecticide sur élastomère.

         Et quand je constate ce que les hommes font à la Terre, au moment où je suis sur la bande de roulement d’une route, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement, et de me demander si la Terre n’est pas en train (genre TGV) de se lasser de l’oppressante présence humaine. Bzz, bzz.

         La veine

         de celui qui aime

         celles dont il n'est pas attendu,

         cette veine est grosse,

         tentante, joufflue et appétissante,

         aux yeux gourmands de la mort.

         Elle est grosse

         comme les doigts du cœur

         coincés dans une porte,

         immaturement ouverte,

         précipitamment cinglante

         comme une tempête d'hiver

         aux ailes du flamand rose égaré,

         et choquante,

         comme un road-train australien,

         au pauvre corps du kangourou Aborigène écrasé.

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Ma veine d’amour

Guide les effusions de ma vie,

Elle transforme les pourritures en saloperies,

Et les saloperies

En de nouvelles conjonctures

Propres,

Au déploiement de l’esprit.

                            (c) olivier samsoen

9 mars 1998.                         A nos amis.

A nos amis,

Qui savent si souvent remplacer

Nos pires angoisses

Dans le sillon éternellement instantané

De la larme

Sur la joue de l’amour nouveau-né.

Vous qui savez offrir

Aux terres de nos plus effroyables déserts

L’espoir cristallin

Qui n’a de cesse

De souffler à nos esprits

Que pas même la plus dévastatrice des tempêtes

Ne saura jamais dévaster que certains arbres bancals,

Mais pas leurs graines,

Pas leurs graines,

Non, pas leurs graines,

Qui ont la divine sagesse

De rester enfouies

Dans la seule et vraie salvatrice protection

Que nous offre leur amitié.

A nos amis.

                                   (c) olivier samsoen

22 octobre 1998.

Sois graine

De toutes façons

Tu ne l’as pas choisi.

Apprends du fin fond

de ton désert

au sous-sol désolé de l’être,

à te grandir du ciel

qui t’offre

le miracle de sa pluie.

Et qui sait

Si de ton inculture

Et de tes façons

Ceux qui essaient d’apprendre

Ne feront pas copie.

Sois graine

De toutes façons

Tu ne l’as pas choisi.

Et comme la fleur

Qui colore le désert

En jaillissant du miracle de la pluie,

Tu es

Bien plus puissant

De beauté et de sens

Que celles que l’on couvre d’une serre,

Et dont on calcule le prix.

                                   (c) olivier samsoen

30 juin 1998.

Il est dans la vie des écueils

Sur lesquels se font jeter

Les navires mal grées.

D’écueils en beautés futiles

Et fatales,

La vie utilise des leviers

Qui demeurent incompréhensibles

De sauvagerie,

A qui n’a pas su,

En lui-même,

Vraiment voyager.

D’écueils en tempêtes,

La vie fourmille de mystères

Qui aiguisent et sculptent

Les mécanismes de nos pensées.

Alors, barque ou goélette,

Qu’importe au final ;

D’écueils en tempêtes,

Seule,

La volonté capte et intercepte

Le vent qui fait avancer.

Embruns ou crachats,

Qu’importe ce qui attire ou écœure

Le marin qui a du s’engager.

Si son cœur est sincère

Les flots le feront traverser.

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Qu’importe au marin

Le fouet des embruns,

Affronts éphémères

De flots solidairement immobiles

Qui jalousent le libre mouvement de sa quille.

Il faudra à ce marin, à nouveau,

Toucher terre

Pour reconnaître qu’à y essayer de plaire,

Il ne récolte

Que les sanglants embruns

Que lui crachent les terrestres vampires.

Et qu’il se rassure :

Si le vent souffle le bien

Dans ses gestes,

Il est juste qu’avançant

Sur ces pestes

Il leur donne la vaine envie

De le salir.

(c) olivier samsoen

14 février 1999.                Lettre à qui déjà ?

Moi, je veux te laisser me prendre

         par toutes tes manières,

         même les plus maladroites

         et les plus infantiles/ indélébiles,

         les plus charmantes

         et pourquoi pas les plus docile.

         Je veux que mon être

         apprenne ton langage

         jusqu'à ce qu'il lui devienne

         presque maternel.

         Je vois tes seins, un jour,

         s'alourdir du lait d'amours à naître

         et je vois mes yeux

         ne jamais s'embuer des larmes

         de notre faillite définitive.

         Je veux croire en la justesse

         de tes champs sémantiques.

         Je veux sentir nos cœurs

         sous nos mains

         quand elles respirent nos corps

         emmaillotés dans les langes d'un amour

         toujours neuf.

         Je veux des chansons nouvelles

         et des paysages nouveaux.

         Je veux qu'ils se mélangent avec tout le reste,

         plus ton soleil et mon ombre,

         et marquent l'empreinte du chemin à venir

         pour retrouver nos vies.

         Je veux que l'on s'aime

         et pour ça, je suis prêt à prier

         à nouveau.

         Je veux être cause de tes fous rire

         si j'en suis capable, et je veux

         que tu sois mon sourire,

         si on m'assassine ou que je les fais marrer.

         Je veux construire des digues de temps,

         de celles qui protègent les moments précieux,

         pour que dans chacun des débordements de la vie,

         le flux de nos enlacements nous mène

         jusqu'en bas du toboggan des Dieux.

         Et qui sait ? si la gène point ne nous gagne

         aux moments où nous

         mourons d'envie de jouir,

         alors même la peine

         ne pourra nous faner,

         ou moment de mourir.

         Je voudrais maintenant pouvoir dormir

         et que cette lettre s'arrête,

         mais je veux aussi qu'elle continue toute ma vie.

         Je t'aime.

Août 2000.

Ne pas oser

C’est mortel.

L’énergie que tu avais

Tu la chieras

En coliques nostalgiques

Qui occuperont tes journées,

Et le jour ne se lèvera jamais plus vraiment.

Ton visage sera rigide

Comme l’acier trempé

Que tu portes pour masquer

La platitude de ta vie

Et qu’elle ne trahisse pas

L’absence des leçons

Que tu n’as pas osé prendre.

Mais les regards de ceux

Qui auraient pu être tes alliés

Se colleront à ton déguisement

Simplement pour te rappeler

Que tu le portes, et pourquoi.

(c) olivier samsoen.

 avril 2000. A Arras.

Vieille femme,

Je t’ai regardée passer

Retirée de l’agitation de nos jeunesses

A la terrasse musicale d’un café.

Je t’ai regardée portant, le dos courbé

Ton lourd manteau d’hiver

Aux prémisses de l’été.

Je t’ai regardée passer

Au milieu de jeunes cerveaux

Aveuglés de la certitude de connaître

Qu’ils portent pour coiffer

la chevelure de leur ignorance rassasiée.

Je t’ai vue passer, et

J’ai senti la réalité de la mort qui nous guette

Et que toi tu attendais,

Et je t’ai souhaité des câlins, de tes chats peut-être,

Et que l’esprit de tes défunts parents

Vienne réchauffer le plat que tu as été

Pour un homme ou plusieurs.

J’ai souhaité que cette nuit

Ton lit soit bien fait

Et mes paupières ont eu,

En clignant à ton passage

La douce chaleur dont  j’espère que tes chaussettes

Te combleront cette nuit

Si le soir te donne froid aux pieds.

                                                          ã olivier samsoen

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