Echapper.

redstars


J'aimerais sortir, sans parler, sans rien dire.

Ne pas me justifier.

Ne pas aborder le sujet d'hier, le sujet de mes délires et de mes démesures. Ne surtout plus en parler, ni même sous-entendre. Le sujet est clos, fermé, presque tabou des suites d'une règle tacite et ridicule. On en parle plus. On se tait. On laisse couler le sable entre nos doigts.


Doit-on faire comme si de rien n'était ?

Ou ai-je mal compris ? Combien de temps encore avant que les choses se calment, s'apaisent, s'améliorent ? Combien de temps avant que l'on ne puisse plus, avant que tu ne puisses pas plus que moi ? Est-ce déjà fait, d'ailleurs ? Dois-je confectionner un sac, et en un tour de magie comme le lapin disparaître ? Pourquoi tu ne me dis plus rien ? Pourquoi me laisse-tu comme ça ? Je t'en prie parle-moi. Crie, hurle, mais exprime-toi.


J'aimerais m'enfuir, entrouvrir la porte et sans faire de bruit me glisser dans les airs froids du dehors. Marcher sans but, prendre un train, ou deux, un bus, un tram, un métro. Me laisser entraîner par les lignes numérotées, assise dans un recoin, le regard perdu et le corps capitulé. Me fondre dans le décor, avec une veste noire semblable à mille autres, et un bonnet pour me cacher davantage.

Ressortir des tunnels, manquant de lumière, m'assoir à un café et écrire sur un carnet en papier recyclé sur lequel mes stylos glisseraient un peu trop, adhèreraient mal. Écrire ou simplement regarder la page jaune, définitive et pâle, à mon image. Rester là quelques heures, peut-être abordée une fois ou deux, sourire et dire non merci. Marcher encore le reste de la journée, me perdre un peu plus, après tout ça ne me coûtera rien. M'assoir sur un banc dans un parc silencieux et solitaire, laisser glisser les larmes dont je ne supporte plus la caresse. Fuir la tension, les silences, fuir cette ambiance tendue, tendue à cause de moi. Et le soir venu rejoindre un bar où les gens riraient, boire un peu, boire trop, me perdre dans l'alcool, m'enfuir de la vie trop sombre.

J'aimerais, je crois. M'enfuir pendant que tout s'écroule. M'enfuir pour ne pas voir les fondations en ruines. Les pierres effondrées.


Mille décombres et vestiges à mes pieds.


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