Ecran Total

houalas

Ecran total

1er jour.

Stéphane.

Bon ! Je résume : nous sommes coincés dans cette ferme pour une semaine entière.

Léo.

Sept jours à glander aux frais de la boite. Yes ! 

Nina.

Enfin, moi, si j’ai accepté, c’est pas pour me gondoler avec des blaireaux. Ok ?

Léo.

Non, Nina, Stéphane n’est pas un blaireau. C’est beaucoup plus compliqué que ça : il est différent.

Stéphane.

Et moi qui pensait que mon Taser ne me serait jamais utile. M’est avis que je vais enfin l’amortir.

Nina.

C’est pas vrai ! Une semaine à me taper un blaireau et un crétin. Tout ça pour assurer un CDI.

Léo.

Pas besoin de te taper les deux. Avec moi, ton CDI c’est le meilleur rapport... Qualité /prix.

Stéphane.

Alors, nous sommes bien d’accord. Sept jours sans internet...

Léo.

...Télévision...

Nina.

... Portable ! 

Léo.

Putain ! Je me demande si je ne me suis pas un peu surestimé, moi.

Nina.

Tu les as planqués où, nos tèls’, mon petit Stèph. adoré ?

Léo.

- Là, dans son sac, en mode vibro, entre son sextoy et ses strings en Skaï.

Stéphane.

J’espère avoir bien fermé mon pot de lubrifiant...                                                                        

  Bon, c’est simple : on n’y arrive pas : le boss de notre méga-opérateur-forfait-tout-compris, fait sa              pub sur notre coté accro. Dans le cas contraire : on palpe la maxi prime !

   Nina.

Trop facile ! Une semaine de vacances à profiter du grand air dans ce trou paumé au fond des bois. Sans vous, ce serait le paradis. Heureusement, j’ai plus de quinze ebooks dans mon ebookeuse..

Léo.

Désolé, Nina, mais les écrans : Prohibited ! VERBOTEN ! C’est dit dans le règlement. Tu joues ton CDI, n’oublie pas. 

Stéphane.

Pire : C’est notre prime que tu joues, Nina, notre prime ! Tu comprends ça ? T’as conscience du machin ?

Léo.

- Elle a conscience ! Aller, hop hop hop : au trou, les e-boo’.

Nina.

Mais t’es un grand malade. T’as balancé mon sac à dos dans le puits. Attends, on va voir s’il flotte aussi, le tien.

Stéphane.

Ce n’était pas le sien, Nina. Pas vraiment le sien.

2ème jour.

Léo.

Que diriez-vous d’un petit poker ?

Nina.

D’accord, mais on ne joue pas d’argent.

Stéphane.

Ne-pas-mi-ser-un-yen-se-rait-of-fense-en-vers-Pa-trick-Bru-el.

Léo.

Bien dit ! Bon, Nina, tu as le choix : ou tu balances tes deux sous, ou tu sors tes dessous.

Nina.

Service inaccessible. Veuillez saisir votre numéro de compte et cliquer à nouveau.

Léo.

Elle a dit cliquer ! C’est perdu ! Elle a un gage ! 

Nina.

Tu rigoles. J’ai dit cliquer, ok ! Mais je vois pas le lien avec internet.

Stéphane.

Ooooh ! La mauvaise foi... On a dit : aucun mot qui rappelle ...

Léo.

... Télé ...

Nina.

... Port’...

Stéphane.

... Net ! Sinon, c’est dix Euros ou bien un gage ! A toi de choisir.

Nina.

C’est tout vu. J’ai plus un centime vu que l’autre abruti à balancé le sac où se trouvait : Mon PORTEMONNAIE !

Stéphane.

Alors ce sera un gage. 

Léo.

Voyons voir... 

Nina.

Laisse, j’ai trouvé.

Léo.

Mais, qu’est-ce que tu fous ? Mon sac à dos, non !

Nina.

T’as remarqué, on ne l’entend même pas quand il touche le fond ?

Stéphane.

Ote-moi d’un doute, Léo, tu les avais mises où, les clés du 4X4 ?

3ème jour.

Stéphane.

Suis-je un objet célèbre ?

Léo.

Mais, tu le fais exprès. Des personnages ! Il faut deviner : DES PERSONNAGES ! Il faut te le dire en quelle langue. DES PERSONNAGES !

Nina. 

C’est bon Léo, c’est bon. Ne t’énerve pas. Je crois qu’il a compris. Tu as COMPRIS ? Pas des choses, pas des aniMAUX,  pas des LEGUMES, pas DES PLANETES, PAS...

Stéphane.

STOP ! C’EST BON ! J’AI COMPRIS ! Là, sur ma tronche, là, sur ce post-it, là, sous mes cheveux, là, sous mon doigt, là, là, là, c’est le nom d’un personnage. COMPRIS ! Bon ! Est-ce que je...

Léo.

Mais, il me vole mon TOUR. Mais c’est à MOI de jouer. Putain, je vais me le faire...

Nina.

Arrêtez ! Ca suffit ! Vous étiez prêts à vous battre parce que l’autre buse ne comprend rien. Mais que nous arrive-t-il ? Que devenons-nous ? Sommes-t-on des monstres ? Oh, mon dieu !

Stéphane.

Et ça ne fait que trois jours que nous sommes en mer !

Léo.

Vous avez raison. Il faut reprendre nos esprits. Alors, je propose qu’on finisse cette partie et nous irons ramoner la cheminée.

Stéphane.

- Attention aux gages. Aucun mot qui se rapporte à ...

Léo.

... Ordi...

Nina.

... Port’...

Stéphane.

... .et ! 

Nina.

Je me lance - je me balance - dans l’ambulance - près de Valence.

Léo. Stéphane.

Oh !!!! T’accouches ?

Nina.

Je suis : Bill Gates !

Léo.

Eh ben, moi, ah-ah ! Eh ben ben moi : Ah-ah-ah ! ... Eh ben moi : Ah-ah-ah-iiih-ah !, je suis : Steve Jobs !

Stéphane.

Les loosers. Les nuls. Les ringards. Les chouquettes. Les bidets. Les fers à repasser. Moi, je suis ? Qui je suis ? Qui suiiiiis-je ? Je suis : un macintosh !

Nina. Léo.

Laisse-le moi. Moi d’abord. Aaaahhhh !

4ème jour.

Stéphane.

Je n’y vois rien dans ce putain de puits ! Envoyez-moi une table basse, je vais faire du feu.

Nina.

Léo est allé en chercher une. En attendant, profite de ce transat pour te reposer un peu... Et fait attention aux jet-skis, ils passent près de la frontière, en cette saison.

Léo.

J’ai pas trouvé de table basse, mais ce vieux chaudron en corne de belette fera l’affaire.

Nina.

C’est parfait. S’il veut se faire une soupe aux pigeons sauvages, il reprendra des forces.

Stéphane.

Bon, il vient ce chipiron, je vais rater mon train, moi ?

Léo.

C’est parti !

Nina.

Comme il est fort ! Il arrive à faire de la musique avec sa tête. 

Léo.

Oui, c’est un grand magicien. Et t’entends comme il chante bien.

Nina.

BRAVO MON PETIT NAPPERON ! ON ADORE TA CHANSON !

Stéphane.

Je-viens-tout-juste-de-la-com-poser... Pour vous ! Pour toi Omer, mon ravioli. Pour toi Marge, ma souris.

Léo.

Une souris ! Ca y est, il en tient une ! On est sauvés ! Alleluia !

Nina.

Une souris rousse, qui courait dans la mousse. Il l’attrape par les yeux, il nous la met sous la queue !

Stéphane.

Vous ne pourriez pas faire un peu moins de bruit. Y’a un super film à la télé... Avec l’autre, là le trapéziste, heu... Clavier ! C’est ça : Cricri Clavier !

Nina.

Le pourri ! Il est tombé sur du lourd. Il a trouvé la planque. Il va cavaler avec. Faut l’en empêcher. J’y vais. Je m’envoie en l’air. Go, go, go !

Léo.

Pas si vite, ma morue. Ah ! Tu veux plonger la tête la première. Mais tu ne feras pas le petit poids. Si tu me tentes, je prends mon slip kangourou et te saute, aussi.

Stéphane.

- Eh, les gars, vous n’avez que la gueule. Vous n’oserez jamais. Vous n’aurez pas les crans !

Pas facile de passer une semaine sans écran.

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