Ecriture créative - 1/6

mysteriousme

Le début de l'histoire est toujours le même, et à un moment, ça bifurque ! Les 5 mots donnés : chaussette, renard, plaque, yeux, pull 2 mots ajoutés : vert, jeudi. Bonne découverte !

Elle était hypnotisée par les figures kaléidoscopiques  que formaient les résidus sortis de sa cuillère à thé au fond de sa tasse.

Le liquide s'assombrissait doucement, à mesure qu'elle faisait tourner la cuillère, entraînant derrière elle de longues volutes aquatiques et rousses.

Elle regardait fixement cette spirale infernale se faire et se défaire au fond de ce minuscule océan.

Elle arrêta son geste circulaire. On pouvait entendre sa respiration et le "tic-tac" de la pendule.

Le tourbillon cessa et finit par former un petit tas marron, compact, parfait.

Pyramide sous-marine éphémère et apaisante, construite dans le calme et le silence.


QUAND SOUDAIN...


Elle entendit un gros "BOUM !"

En fait, ce "boum" venait d'elle-même. Et déjà 1001 questions l'ensorcelaient : "comment est-ce possible ? Pourquoi ce bruit émane-t-il de moi ? Comment ça se fait ? D'où ça vient ?"

En se concentrant devant sa tasse de thé fumant, elle comprit, émue.

"De... De mon coeur. Ca vient de mon coeur", balbutia-t-elle, sous le choc.

Bonjour la prise de conscience !

Aussi brutale que la chute qu'elle avait faite en glissant sur une plaque de verglas l'hiver dernier !

Sauf que ce "boum"-là ne lui ferait pas appeler les pompiers, ni aller à l'hôpital pour se faire poser un plâtre et utiliser une paire de béquilles.

On en parle des béquilles ? C'est plus handicapant qu'autre chose !

Bref. Elle replongea dans ses souvenirs, les yeux dans le vague.

Là-bas. Si loin. Il y a si longtemps. La situation était apocalyptique.

Plus un pull, plus une écharpe à donner.

"Hé non, Nadine ! Tout a déjà été distribué et largement utilisé", lui avait-on répondu au centre d'aide humanitaire pour lequel elle travaillait à l'époque.

Et tout cette détresse autour d'elle. Désolant.

Tous ces gens grelottant dans ce décor de désastre fait de bric et de broc, vert et marron.

Et quand elle offrait un plat chaud et parfois un paire de mitaines ou de chaussettes aux plus malheureux, elle surprenait dans leurs regards cet éclair, furtif. Comme une bénédiction. Et dans leurs sourires tristes, elle sentait une forme de gratitude humaine.

Celle que la barrière de la langue efface.

"Ah, soupira-t-elle, les lèvres sur le rebord de la tasse. Je me souviens. Je comprends mieux le sursaut dans mon coeur".


Quelques jours plus tard, un jeudi soir, elle venait de manger au restaurant avec Martin. Elle lui avait raconté le flash-back et la puissance de l'émotion ressentie autrefois qui avait refait surface par magie.

Martin n'avait pas de peine à la croire, lui qui avait suivi son parcours avec attention à ses débuts.

Ils se quittèrent près de leurs voitures, en lisière du bois.

A nouveau, Nadine ressentit, entendit un grand "boum" !

Martin accourut vers elle.

A minuit, on pouvait avoir affaire à un brigand, un voleur...

Chacun brandit son téléphone en guise de lampe torche et fit quelques pas dans le bois pour identifier l'origine du bruit.

Plusieurs mètres plus loin, effarouché, un renard les scrutait du regard avant de s'évader.

Martin rit en voyant son amie bouche-bée : "Cette fois-ci, le "boom", c'était une branche, pas ton coeur !"

Ils se quittèrent sur un clin d'oeil entendu.

"Ahah ! A la prochaine, Martin", lui lança-t-elle en montant dans sa voiture.


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